Antoine VarillasAntoine Varillas, né vers 1624 à Guéret et mort le à Paris, est un historiographe français. BiographieOrigine et formationSon père était procureur au présidial de Guéret. Dès qu'il eut terminé ses études, on lui confia l'éducation de quelques jeunes gens, avec lesquels il vint à Paris, où il ne tarda pas à se faire des protecteurs. Sur leur recommandation, il obtint la charge d'historiographe de Gaston de France, duc d'Orléans ; mais il ne la conserva que peu de temps. Admis à l'intimité du savant Pierre Dupuy, garde de la bibliothèque de Paris, il profita de sa complaisance pour examiner une foule de manuscrits dont il fit des extraits. Dupuy, charmé de son application, le demanda pour son adjoint, et Varillas continua d'exercer cet emploi sous les successeurs de ce bibliothécaire. Ayant été chargé par le ministre Colbert de collationner la copie qu'il venait d'acquérir des manuscrits de Brienne avec les originaux conservés à la bibliothèque, il s'acquitta de ce travail avec tant de négligence qu'il fut remercié et remplacé par Carcavi. On lui accorda cependant une pension de douze cents livres pour le récompenser de ses services. HistoriographeVarillas se retira dans la communauté de Saint-Côme pour y travailler plus tranquillement à son Histoire de France.
Varillas ne sortait que pour se promener dans l'enclos des Chartreux, où il passait tous les jours quelques heures à causer avec de vieux prêtres qui le suivaient partout. Si le cercle s'augmentait de curieux, il élevait la voix, qu'il avait très forte, et développait ses opinions avec beaucoup d'ordre et de netteté. Ses premiers ouvrages, qui circulèrent en manuscrit, eurent l'approbation générale et furent très recherchés. Son style, quoique incorrect, parut vif, piquant et très agréable. La réputation de Varillas s'étendit bientôt dans les pays étrangers. Les États de Hollande lui offrirent, en 1669, une pension pour qu'il écrivît l'histoire des Provinces-Unies. Quoique assez pauvre, il n’hésita pas à la refuser, ne voulant pas prêter le secours de sa plume aux ennemis de la France. Ce fut ce moment-là même que Colbert, prévenu contre Varillas, choisit pour supprimer la pension dont il jouissait comme ancien employé de la bibliothèque royale. L’archevêque de Paris, Mgr de Harlay, informé qu'il préparait une Histoire des hérésies, voulut réparer l’injustice du ministre en lui faisant accorder une pension par l’assemblée du clergé. Varillas déclara qu’il avait remercié l'archevêque de sa bienveillance et n’avait accepté qu’un léger secours, parce qu’il se trouvait dans le besoin ; mais les protestants n’en soutinrent pas moins qu’il était pensionné du clergé de France et se servirent avec succès de ce moyen pour faire suspecter sa véracité. Dès que l’Histoire des hérésies parut, elle fut attaquée très vivement par le théologien anglais Thomas Burnet et le protestant breton Daniel de Larroque. Leurs critiques étaient fondées et, malgré toutes ses apologies, Varillas resta convaincu de plagiat et d’inexactitude. Averti qu’on ne devait pas le croire sur parole, on examina plus attentivement ses premiers ouvrages, on y trouva de nombreuses infidélités, des faits altérés, d’autres entièrement controuvés, puisque les manuscrits dont l’auteur prétendait les avoir tirés n'avaient jamais existé que dans sa tête. Dès lors, Varillas fut regardé comme un contrefacteur, et sa réputation s’éclipsa sans retour. Il ne trouvait plus de libraire qui voulût se charger de l’impression de ses ouvrages, naguère si courus[1]. Il n'en continua pas moins de travailler avec une inconcevable rapidité. Dans les dernières années de sa vie, la fatigue affaiblit sa vue au point qu'il fut obligé de se servir d'un secrétaire, auquel il dictait tous les jours pendant plusieurs heures de suite, sans vérifier aucune citation. À sa mort, il a été inhumé dans l'église du couvent des Carmélites du faubourg Saint-Jacques,
PostéritéSi la réputation de Varillas, dit l'auteur qu'on vient de citer, a bronché du côté des lettres, elle est demeurée ferme du côté de la piété et de la vertu. C'était un philosophe chrétien, méprisant les biens de la terre et ne demandant que ce qu'il lui fallait pour n'être à charge à personne. On dit que Varillas déshérita son neveu parce qu'il ne savait pas l'orthographe, et qu'il disposa de ce qu'il laissait en faveur de différents établissements, entre autres du collège de Guéret, dont il passe pour un des fondateurs. Vigneul-Marville regardait la vanité de Varillas comme la véritable cause du mépris où ses ouvrages sont tombés. II avait dit-il, des jaloux de sa gloire qu'il aurait gagnés avec un peu de déférence et de soumission ; mais il ne prenait conseil de personne,
Suivant Palissot, les narrations de Varillas sont très agréables, et il a l'art de distribuer ses matières avec beaucoup d'intelligence enfin c'est à lui qu'on doit l'abbé de Saint-Réal (Mémoires sur la littérature). PublicationsSes ouvrages sur l'Histoire de France, Paris, 1683 et ann. suiv., 14 vol. in-4°, ou 28 vol. in-12, comprennent les règnes de Louis XI à Henri IV et la minorité de Saint-Louis.
Le Noble a publié l’Esprit d'Yves de Chartres, tiré des ouvrages de Varillas ; et Boscheron : Varillasiana, ou ce que l'on a entendu dire à M. Ant. Varillas, historiographe de France, Amsterdam (Paris), 1734, in-12. Ce volume est précédé d'une Vie détaillée de cet écrivain. On peut encore consulter un Mémoire du P. Lelong sur la vie de Varillas, dans le tome 3 de la Bibliothèque historique de la France, édition de Fontette ; les Mémoires de Niceron, t. 5 et 10, part. ; et enfin les Mélanges de Vigneul-Marville (Bonaventure d'Argonne), t. 2, p. 442. Le portrait de Varillas est gravé. Notes et références
Bibliographie
Sources« Antoine Varillas », dans Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne : histoire par ordre alphabétique de la vie publique et privée de tous les hommes avec la collaboration de plus de 300 savants et littérateurs français ou étrangers, 2e édition, 1843-1865 [détail de l’édition] Liens externes
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