L'anomalie de Compton-Bel'kovich est bien plus riche en thorium (40–55 ppm) que les roches lunaires connues pour en être riches, les norites à KREEP (12 ± 2 ppm) et les anorthosites alcalines (4,8 ± 3,3 ppm), et comparable aux granites terrestres (36 ± 13 ppm)[2].
Les photographies et les données radiométriques du Lunar Reconnaissance Orbiter ont permis d'identifier, au centre de l'anomalie, une zone de 25 × 35 km caractérisée par une altitude et un albédo relativement élevés. La topographie révèle la présence d'une série de dômes de diamètre compris entre 1 et plus de 6 km, dont certains ont de fortes pentes, ainsi que des dépressions arquées ou irrégulières. Cette zone est par ailleurs enrichie en silice et en feldspath alcalin, ce qui est généralement la signature de matériaux volcaniquesrhyolitiques donc différenciés. Les dômes sont ainsi interprétés comme des dômes de lave visqueuse, et les dépressions comme des zones d'effondrement analogues au caldeiras. L'anomalie de Compton-Bel'kovich semble donc correspondre à un épisode de volcanisme siliceux, rarissime sur la Lune. La faible densité de cratères d'impact et le non recouvrement par les éjectas des cratères Belk'vich et Compton (d'âges Nectarien et Imbrien inférieur, respectivement) indiquent que cet épisode est très récent (en termes de chronologie lunaire) : d'âge copernicien (moins de 1,1 Ga, alors que l'essentiel du volcanisme lunaire est antérieur à 3 Ga[3].
Notes et références
↑(en) D. J. Lawrence, W. C. Feldman, B. L. Barraclough, R. C. Elphic, T. H. Prettyman et al., « Thorium abundances on the lunar surface », JGR-Planets, vol. 105, no E8, , p. 20307-20331 (DOI10.1029/1999JE001177).
↑ a et b(en) D. J. Lawrence, R. C. Elphic, W. C. Feldman, T. H. Prettyman, O. Gasnault et S. Maurice, « Small‐area thorium features on the lunar surface », JGR-Planets, vol. 108, no E9, (DOI10.1029/2003JE002050).
↑(en) Bradley L. Jolliff, Sandra A. Wiseman, Samuel J. Lawrence, Thanh N. Tran, Mark S. Robinson et al., « Non-mare silicic volcanism on the lunar farside at Compton–Belkovich », Nature Geoscience, vol. 4, no 8, , p. 566–571 (DOI10.1038/ngeo1212).