En 2021, âgée de 84 ans, elle tient toujours son hôtel restaurant la Tour du Roy[5],[6], à Vervins (Aisne).
Elle est également la fondatrice en 1975[7] de l'association des restauratrices cuisinières, une des premières organisations professionnelles exclusivement féminines dans le monde de la cuisine[8] afin d'améliorer les conditions d'accès aux femmes aux formations hôtelières[9]. Elle s'est battue pour accéder à l'association des Maîtres cuisiniers de France, dont le règlement interdisait jusqu'en 1997 l'accès aux femmes[10],[11].
Biographie
Annie Lequy naît le [5],[12] dans une ferme à Sars-Poteries[6] (Nord). Ses parents deviennent les gérants du restaurant l'Auberge fleurie et Annie Lequy est élevée en partie par ses grands-parents[6]. Elle cuisine dès l'enfance avec sa grand-mère, puis part faire des stages de cuisine à l'adolescence chez Raymond Oliver d'abord et chez Gaston Lenôtre. Elle travaille ensuite avec sa mère Paula Lequy au restaurant familial l'Auberge Fleurie à Sars-Poteries (Nord) où les deux femmes décrochent une puis deux étoiles au Michelin, de 1952 à 1968[13]. Cependant, la place de chef du restaurant est vouée à être transmise à son frère Alain Lequy[14].
De 1968 à 1971, Annie remonte avec son mari Claude Desvignes l’Auberge de l’Abbaye au Bec-Hellouin en Normandie.
En 1971, Annie Desvignes reprend avec Claude Desvignes La Tour du Roy à Vervins[15], hôtel et restaurant qui ouvre à Pâques en 1972[6], obtient une étoile au bout de six mois et la conserve pendant trente-cinq ans[16],[17].
En 1975, lors de l'année internationale des femmes, elle a l'idée de créer une association pour améliorer la reconnaissance des femmes dans les métiers de la cuisine[21] et fonde l'association des Restauratrices Cuisinières (ARC) avec Odette Kahn et avec le parrainage du critique gastronomique du Monde Robert J. Courtine[22],[13],[11]. L'association compte plus d'une centaine de femmes du secteur de la cuisine en 1977, surnommées les « Dames d'ARC »[23]. Son succès médiatique et un article paru en 1977 dans Paris Match montrant plusieurs femmes chefs coiffées d'une toque[24],[25] fait réagir Paul Bocuse qui déclare sur un plateau télévisé que « Les femmes sont certainement de bonnes cuisinières pour une cuisine dite de tradition, […] nullement inventive, […] mais ce ne sont pas de bonnes cheftaines »[26]. Il écrit ensuite une lettre datée du 22 février 1977 à plusieurs femmes chefs, dont Annie Desvignes, insistant « Mesdames les cheftaines [...] Je tiens à redire ici ma conviction que les femmes sont certainement de bonnes cuisinières pour une cuisine dite " de tradition " [...]. Cuisine nullement inventive à mon avis, ce que je déplore...»[11],[24].
↑L'orthographe de « chef » au féminin ne fait l'objet d'aucune règle interdisant ou obligeant l'usage de la forme « cheffe ». L'académie française a appelé à la liberté d'usage à ce sujet. Sur le site officiel de son restaurant, Annie Desvignes est décrite comme « le chef cuisinier ».