De 1866 à 1876, pendant les mois d'hiver passés à Bruxelles avec sa famille, elle reçoit une première éducation artistique, toute conventionnelle, dans l'atelier du peintre allemand Pierre-Louis Kühnen d'abord, d'E. Beernaert ensuite.
La découverte de l'œuvre de peintres de plein air, tels que Hippolyte Boulenger ou Théodore Baron, lui ouvre une nouvelle voie. Elle suit alors, de 1876 à 1886, l'enseignement du paysagiste Isidore Verheyden, adepte de la peinture d'après nature, au contact duquel elle éclaircit sa palette et épure quelque peu son style[2].
Elle débute au salon triennal de Bruxelles en 1884, année au cours de laquelle le cercle artistique et littéraire de la capitale organise sa première exposition personnelle. L'année suivante, elle présente une toile au salon de Paris. En 1886, elle devient membre du Groupe des XX, et participe, dès lors, à toutes les expositions des vingtistes. Après la dissolution du groupe, elle exposera régulièrement, dès 1894, aux salons de La Libre Esthétique.
Sans renoncer à son atelier du château de la Closière à La Louvière, elle se fixe à Bruxelles en 1886, dans un hôtel particulier de la rue de l'Abbaye. Elle y organise des "lundis musicaux" où se côtoient les tenants de l'avant-garde. Sa peinture s'inscrit alors dans le sillage de l'impressionnisme et s'apparente à celle d'un Monet.
Sa rencontre, en 1886, avec le peintre vingtiste Théo Van Rysselberghe - qui va l'initier à la technique des néo-impressionnistes - et la présentation de la toile de Georges Seurat, Un dimanche à la Grande-Jatte (1884) au Salon des XX de 1887, vont l'amener à expérimenter la nouvelle technique du pointillisme dans des toiles qui seront présentées au salon des XX de 1889.
Collectionneuse avertie et audacieuse, elle rassemble des œuvres de ses contemporains et joue, à ce titre, un rôle de mécène dans la vie culturelle de la capitale. C'est une des plus importantes collections de peintures impressionnistes de son temps. Elle promeut de jeunes artistes, dont Vincent van Gogh, qu'elle admire pour son talent et qui est un ami de son frère Eugène Boch. Elle lui achète pour 400 francs belges[Note 1] français La Vigne rouge (1888, Moscou, Musée Pouchkine), toile exposée au salon des XX de 1890, la seule œuvre que Van Gogh arriva à vendre durant sa vie[3].
En 1890, elle expose à Paris, à la Société des Artistes indépendants, et prend peu à peu ses distances vis-à-vis de cette technique néo-impressionniste dont elle redoute un certain systématisme. Elle adopte alors une touche plus ample et plus libre.
Autour de 1900, femme cultivée et connaissant l'aisance matérielle, elle voyage beaucoup, notamment en France, en Hollande, en Italie, en Allemagne, en Grèce et au Maroc, pays dont elle ramène des paysages et des marines (Côte de Bretagne, vers 1901, Bruxelles, M.R.B.A.B.). Elle est décorée Chevalier de l'ordre de Léopold le [4].
Vers la Première Guerre mondiale, au contact des tendances fauves, sa peinture devient plus construite, sa facture plus franche. Parallèlement, la figure humaine acquiert davantage d'importance.
Après la guerre, elle reprend ses voyages et en collaboration avec Paul Colin, elle rédige son autobiographie en 1928.
Elle meurt à Bruxelles en 1936 et est enterrée au cimetière d'Ixelles. Son legs enrichit les collections des Musées Royaux d'œuvres capitales telles que Conversation dans les prés. Pont-Aven (1888) de Gauguin; La Seine à la Grande-Jatte (1888) de Georges Seurat et La Calanque"(1906) de Paul Signac.
Œuvre
La Porteuse d'eau, huile sur toile, 33 × 25 cm, Collection privée, Vente 2013[6]
Sur la côte de la Mer du Nord, 1885 - 1888, huile sur toile, 53 × 91 cm, Collection privée, Vente 1997[7]
Musée de Pont-Aven, Anna Boch, un voyage impressionniste, du 3 février au 26 mai 2024
Legs et héritages
La collection d'Anna Boch fut vendue aux enchères après sa mort, où le collectionneur russe Sergueï Chtchoukine a notamment acquis La Vigne rouge, peinte par Vincent van Gogh. Selon ses volontés l'argent servit à payer la retraite de ses amis artistes pauvres.
Sa filleule, Ida van Haelewijn a hérité de 140 de ses tableaux. Certains la montrent, peinte comme enfant dans le jardin. En 1968, ces tableaux ont été acquis en viager par son petit neveu Luitwin von Boch, PDG de Villeroy & Boch avec l'idée de conserver son œuvre et d'en faire un musée. Les tableaux sont restés dans la maison d'Ida van Haelewijn jusqu'à sa mort en 1992. Le musée / exposition Anna & Eugène Boch a été ouvert le [13].
Annexes
Bibliographie
P. & V. Berko, Dictionnaire des peintres belges nés entre 1750 & 1875, Knokke, 1981, p. 51.
Thérèse Thomas, Cécile Dulière, Élisa Jacquier de Rosée, Anna Boch, 1848-1936, Tournai : Renaissance du Livre, 2000
Thérèse Thomas, Michelle Lenglez, Pierre Duroisin, Anna Boch : Catalogue raisonné, Bruxelles : Racine, 2005, 343 p. (ISBN2873863897)