Le sujet — initialement exhumé par un film[1], diffusé par la télévision espagnole puis, plus intensivement essaimé, à partir des années 2010[2],[3] — reste cependant tabou en Espagne[4]. Les victimes espèrent des suites judiciaires, via le dépôt de plusieurs plaintes[5],[2].
Les estimations relatives au nombre réel de ces enlèvements seraient nettement sous-évaluées et pourraient même atteindre 300 000 victimes[6],[2],[4].
Plus tard, dans des familles républicaines, les enfants sont déclarés comme étant mort-nés[2], puis placés dans des familles franquistes[2],[4],[5]. Cette pratique, quasi systématique, s’opère avec la complicité du personnel hospitalier, sous l’égide conjointe de diverses autorités religieuses[2],[4].
Un premier procès s'est ouvert le dans « l'affaire des bébés volés » contre le Dr Eduardo Vela, ancien gynécologue, accusé d'avoir volé un bébé en 1969 pour le confier à une famille adoptive après avoir déclaré à la mère biologique, que sa fille, Inés Madrigal, était décédée[8],[6].
Idéologie
Un film[3] relate et explore les expérimentations du docteur Vallejo : Les Enfants perdus du franquisme[1],[3]. Ce reportage décrit une situation expérimentale, dans laquelle les enfants des républicains ne peuvent rester avec leur mère génitrice au-delà de trois ans. Ces enfants sont ensuite pris en charge par une institution catholique, qui leur inculque une idéologie en tout point opposée à celle de leurs parents. Très souvent, d’ailleurs, ces derniers perdent leur trace. Sans aucun fondement scientifique, le rapport déclare :
« […] Les relations intimes existant entre le marxisme et l’infériorité mentale sont évidentes et concluent, sur la base de ce postulat, que la mise à l’écart des sujets, dès l’enfance, pourrait affranchir la société de cette idéologie… »
— Dr Antonio Vallejo Nágera, médecin psychiatre
Vénalité
Après la mort de Francisco Franco, le dessein, initialement idéologique et notamment basé sur les thèses susmentionnées, laisse subséquemment la place à une finalité essentiellement lucrative[2],[4],[5].
Anadir
L’« association nationale des victimes d’adoptions illégales » — Anadir — s’est créée pour défendre les intérêts des victimes[5].
Filmographie
(fr + es + en) [vidéo] Les enfants volés – ¿Donde estàs? - documentaire de Sandrine Mercier et Juan Gordillo Hidalgo - Marmitafilms et Veo Productions 2012, durée : 54 min[9].
(es) Els nens perduts del franquisme – Les enfants perdus du franquisme. Réalisation : Ricard Belis i Garcia. Musique : Victor Cortina. Production : Muntsa Tarres, 2004. Durée : 30 min.
Hôtel Castellana, de Ruta Sepetys, Gallimard jeunesse, 2020.
Les poupées de Nijar, de Gilles Vincent, édition au diable Vauvert, 2020
Laure Sirieix et Lauri Fernandez, Ruptures : Les bébés volés du franquisme, Bang Editions, , 144 p. (ISBN8418101660)
Caroline Chaverot, Racine cachée, Des auteurs des livres, 2023.
Notes et références
↑ a et b(es) Els nens perduts del franquisme – Les enfants perdus du franquisme. Réalisation : Ricard Belis i Garcia. Musique : Victor Cortina. Production : Muntsa Tarres, 2004. Durée : 30 min.