Le , le train de voyageurs omnibus 212 Belfort-Dijon[1], après avoir quitté Besançon à 17 h 30, s'arrête en gare de Franois à 17 h 48, à quelques kilomètres à l'ouest. Là, le sous-chef de gare, Louis-Xavier Tricot, commet une erreur : il lui donne l'autorisation de repartir sur la voie unique vers Dannemarie-sur-Crète alors qu'il lui a été annoncé que le train de marchandises facultatif no 1521 Dijon-Belfort s'y est déjà engagé en sens inverse. Le train de marchandises, qui plus est, est en retard de dix-huit minutes sur son horaire, et roule particulièrement vite dans l'espoir de réduire ce retard. Le train 212 quitte Franois après une minute d'arrêt, à 17 h 49.
À cette période de l'année, la nuit est déjà tombée. Une nappe de brouillard réduit encore plus la visibilité pour les équipages des deux convois. Alors que le train de voyageurs est à environ 1,5 km de Franois, Auguste Klein, le mécanicien, aperçoit les lumières du train de marchandises qui se rapprochent rapidement. Il ordonne au conducteur de freiner. Le mécanicien du train no 1521 fait de même.
Les deux convois entrent en collision au sortir d'une courbe sans visibilité et dans le brouillard vers 18 h, à environ 1,5 km de la gare de Franois[2]. Les mécaniciens des deux trains ont tout juste le temps de sauter avant le choc[3].
La nouvelle se répand dans les villages voisins dont les habitants viennent aider les blessés, rejoints ensuite par les secours[3].
Bilan
Treize personnes sont tuées dans la catastrophe, toutes des hommes. Un quatorzième meurt en arrivant à l'hôpital de Besançon. Il y a vingt blessés, dont cinq grièvement[2]. Deux autres suivent dans les jours suivants, portant le bilan à seize morts.
L'édition du Figaro du donne la liste des victimes tuées, on y compte cinq voyageurs de la région, six soldats — dont un Français du 52e ou 62e de ligne (selon la source[Note 1]), matricule no 2561} et cinq Badois[4] — et trois employés de la compagnie[5].
Le seul tué du train de marchandises est M. Godefroy, sous-chef de gare intérimaire à Saint-Vit, qui avait fait arrêter ce train dans sa gare afin de l'emprunter pour se rendre à Besançon[2].
Les obsèques des victimes ont lieu le à Besançon, devant une foule imposante et les autorités civiles et militaires locales, dont le maire Charles-César Clerc de Landresse et le préfet du Doubs, avec services religieux distincts pour les cultes catholique et réformé puis cortège commun jusqu'au cimetière[6].
Procès
Louis-Xavier Tricot, le sous-chef de gare, est condamné le par le tribunal correctionnel de Besançon à cinq ans de prison et 2 000 francs d'amende pour « homicides et blessures par imprudence », devant une foule nombreuse venue assister au verdict. La compagnie PLM, déclarée civilement responsable dans le même jugement[7],[8], indemnisera à l'amiable la plupart des victimes, mais faute d'accord sur trois d'entre elles, un voyageur, le conducteur-chef[9] et un facteur, sera ultérieurement condamnée à verser à leurs veuves et enfants des indemnités en capital et en rente viagère[10].
↑À ne pas confondre avec le mécanicien : il s'agit d'un agent de sécurité imposé par l'article 17 de l'ordonnance du 15 novembre 1846 modifiée par décret du 1er mars 1901 portant règlement d'administration publique sur la police, la sûreté et l'exploitation des chemins de fer, selon lequel «chaque train de voyageurs, de marchandises ou mixte devra être accompagné : - 1° d'un mécanicien et d'un chauffeur par machine (...)- 2° du nombre de conducteurs et de garde-freins qui sera déterminé, suivant le nombre des véhicules, suivant les pentes, et suivant les appareils d'arrêt ou de ralentissement, par le ministre des Travaux publics, sur la proposition de la Compagnie»...