Il s'agit de la septième abdication d'un roi d'Espagne et de la quatrième abdication volontaire d'un monarque régnant. La loi approuvée par les Cortes est sanctionnée par le roi Juan Carlos Ier puis ratifiée par le président du gouvernement, Mariano Rajoy. La signature de l'acte d'abdication a lieu le à 18 heures, dans la salle des Colonnes(es) du palais royal de Madrid et devient effective à minuit. Felipe, héritier du trône, lui succède sous le nom de Felipe VI.
Après son abdication, Juan Carlos devient « roi émérite » avec le traitement de majesté.
Le à 9 h 30, le président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, convoque une conférence de presse au palais de la Moncloa pour une déclaration institutionnelle. En raison de la soudaineté de l'appel, de nombreux médias anticipent alors une crise institutionnelle provoquée par les résultats des élections européennes ; cette possibilité est cependant rapidement écartée[4]. Mariano Rajoy annonce à 10 h 30 l'abdication du roi Juan Carlos Ier. Peu après, la lettre d'abdication du souverain est communiquée par la Maison du roi sur son compte Twitter[5].
« Conformément à la Constitution, je joins le document que j'ai lu, signé et remis au président du gouvernement à cet acte, par lequel j'annonce ma décision de renoncer à la couronne d'Espagne. »
Le jour même, le roi s'adresse aux Espagnols, dans une allocution télévisée, par ces mots : « Aujourd'hui, il faut laisser arriver en première ligne une génération plus jeune, avec une nouvelle énergie, décidée à entreprendre avec détermination les transformations et les réformes que la conjoncture actuelle demande, et à affronter avec une intensité renouvelée et dévouement les défis de demain. Pour cet avenir, une nouvelle génération réclame à juste titre un rôle moteur, le même qu'a joué ma génération dans une conjoncture cruciale de notre histoire »[6]. Mariano Rajoy rend hommage au monarque qui, selon lui, « fut le plus grand promoteur de notre démocratie »[5].
Conseil des ministres extraordinaire
Dans sa déclaration, Mariano Rajoy annonce la tenue d'un Conseil des ministres extraordinaire le . Le Conseil des ministres approuve la soumission aux Cortes Generales du projet de loi organique rendant effective l'abdication du roi Juan Carlos Ier, conformément à l'article 57.5 de la Constitution espagnole.
« Les abdications et renonciations et toutes les incertitudes de fait ou de droit qui surviendraient concernant l'ordre de succession à la couronne seront réglées par une loi organique. »
Le projet de loi organique est composé d'un seul article et d'une seule disposition finale. En outre, le Conseil des ministres adopte un accord demandant la procédure d'urgence pour son traitement parlementaire[8].
Approbation du Congrès
L'examen du projet de loi au Congrès des députés a lieu le . Lors des débats, le président du gouvernement, Mariano Rajoy, invoque « la continuité des institutions » et « la monarchie comme le meilleur symbole de l'unité de l'État » face aux partis réclamant un référendum sur l'avenir de la monarchie, tels que la Gauche républicaine de Catalogne et Izquierda Unida. Cette ligne est également adoptée par le chef de l'opposition, Alfredo Pérez Rubalcaba, qui exprime sa « fidélité » à la Constitution de 1978[9].
Sur les 350 membres de la chambre basse, 299 votent pour, 23 s'abstiennent et 19 votent contre[10].
Approbation du Sénat
Le projet de loi organique est approuvé par le Sénat le , établissant l'abdication du roi Juan Carlos Ier et ouvrant la voie à l'intronisation de son fils Felipe. Les sénateurs votent le texte avec 233 voix pour, 5 contre et 20 abstentions[11].
Allemagne : La chancelière Angela Merkel salue le rôle politique de Juan Carlos Ier après l'annonce de son abdication. Steffen Seibert(en), porte-parole du gouvernement allemand, rappelle son « rôle historique dans la transition de l'Espagne vers la démocratie »[20].
Belgique : Le Premier ministre belge, Elio Di Rupo, remercie le roi Juan Carlos « pour les relations intenses et chaleureuses que la Belgique et l'Espagne ont entretenues sous son règne » et souhaite au futur roi Felipe et à la future reine Letizia « beaucoup de succès dans l'exercice de leurs nouvelles fonctions »[21].
États-Unis : Dans un communiqué, la Maison-Blanche indique que « pendant son règne distingué, le roi Juan Carlos a guidé la transition historique de l'Espagne vers la démocratie, permettant au pays de devenir un leader mondial dans un certain nombre de domaines et un allié inconditionnel de l'OTAN »[23].
Italie : Le président de la République italienne, Giorgio Napolitano, exprime son amitié pour le roi et souligne l'attachement « ancien et profond » de celui-ci pour l'Italie. Un communiqué du palais du Quirinal rappelle également le rôle du souverain « dans l'affirmation de la démocratie dans son pays après le franquisme »[24].
Maroc : Le roi Mohammed VI loue le « rôle fondamental » du monarque dans la transition démocratique et adresse à Felipe ses « félicitations et ses vœux de succès »[5].
Portugal : Le président Aníbal Cavaco Silva envoie un message au roi en exprimant « la profonde émotion qu'il a ressentie en apprenant la nouvelle » et la reconnaissance du Portugal pour « l'engagement personnel » de Juan Carlos « dans les relations entre les deux pays »[25].
Le jour même de l'annonce de l'abdication de Juan Carlos Ier, plusieurs partis politiques de gauche tels que Podemos, Izquierda Unida et Equo réclament un référendum sur le choix d'une nouvelle forme de gouvernement ou le maintien de la monarchie. Certains membres du PSOE se prononcent également en faveur d'un référendum[28].
La manifestation républicaine la plus importante se déroule à la Puerta del Sol à Madrid, réunissant entre 10 000 (selon les chiffres officiels) et 20 000 personnes (selon certains médias)[33]. Les partisans de la monarchie appellent également à manifester le à 20 heures[34], en réponse à d'autres manifestations républicaines prévues. À Séville en particulier, deux manifestations simultanées ont lieu sur la Plaza Nueva, les monarchistes réunissant dans la capitale andalouse quelque 200 personnes, un nombre inférieur à celui des républicains[35]. Au total, plus de soixante rassemblements républicains ont lieu dans toute l'Espagne et dans certaines capitales étrangères, comme Paris et Bruxelles.