Étienne Dominique Olry, né le , à Allain-aux-Bœufs (Meurthe), et mort le , au même endroit, est un instituteur lorrain atypique, un homme féru de pédagogie et un érudit local très prolifique des sociétés savanteslorraines du XIXe siècle. Il est à l'origine de nombreux travaux artistiques, littéraires, archéologiques, géographiques et historiques, portant sur la région Lorraine.
Le , après deux ans passés à l'École Normale d'Instituteurs de Nancy, Étienne Dominique Olry devient l'instituteur d'Allain-aux-Bœufs, en remplacement de son propre père, évincé pour ses opinions politiques trop radicales pour les partisans du Second Empire nouvellement instauré[2].
Apparaissant plus modéré que son aïeul, Étienne Dominique Olry n'en est pas moins un fervent défenseur de l'école publique et de l'instruction pour tous. En effet, dès sa prise de poste, il lutte pour la gratuité de l'instruction au village, qu'il obtient en 1861, soit 21 ans avant les Lois Ferry. En 1859, il fonde, avec le concours de la municipalité d'Allain-aux-Bœufs, la première bibliothèque scolaire du département de la Meurthe comptant 148 ouvrages, dont 86 offerts par le Ministre de l'Instruction publique, informé des efforts consentis[2].
Par ailleurs, Étienne Dominique Olry est aussi connu pour être un instituteur aux méthodes atypiques mais efficaces. En effet, en marge de l'instruction traditionnelle, basée sur l'enseignement du français et des mathématiques, il préfère davantage axer ses leçons sur l'agriculture, les sorties de terrains et la réalisation de dessins, croquis, plans et cartes, dont certains sont d'ailleurs primés à l'exposition universelle de Paris, en 1867[2].
De plus, en l'absence de livres adéquats sur ces types d'enseignements, il conçoit, avec le concours de ses élèves, un manuel, récompensé lors d'un comice agricole à Toul, puis diffusé et utilisé dans toutes les écoles du canton[2].
Enfin, à partir de 1879, Étienne Dominique Olry donne, chaque hiver, les travaux champêtres achevés, des cours aux adultes d'Allain, afin de combler les lacunes dues à l'irrégularité de leur scolarité[2].
Mais l'érudit des sociétés lorraines est avant tout un homme de terrain. Passionné d'archéologie, il découvre dans le « Bois Anciota », à Allain-aux-Bœufs, des vestiges d'habitations gallo-romaines détruites vers le IVe siècle lors des « Invasions barbares ». Aujourd'hui, la collection d'Étienne Dominique Olry, objets récoltés en prospection ou en fouille dans le Toulois, est conservée au Musée lorrain de Nancy[3] et au Musée d'art et d'histoire de Toul. Dans ce dernier, dans les salles d'archéologie, nous pouvons découvrir des objets remontant au Néolithique, comme une jolie série de pointes de flèches en silex par exemple, ou encore des objets des périodes protohistoriques de l'âge du bronze et de l'âge du fer ainsi que de l'époque gallo-romaine. Ces objets ont été donnés au musée toulois en décembre 1978, par les petits-neveux d'Étienne Dominique Olry, M. et Mme Jacquet, d'Allain[4].
Olry (Étienne Dominique), continuation du Répertoire archéologique du département de la Meurthe de Benoît (Louis), 1862 ;
Olry (Étienne-Dominique), « Répertoire archéologique du département de la Meurthe, cantons de Colombey et Toul-Sud », in Mémoires de la Société d’Archéologie Lorraine et du Musée Historique Lorrain, Nancy, Imprimerie de A. Lepage, 1865, p. 55-108.
Olry (Étienne-Dominique), « L'église d'Allamps », in Mémoires de la Société d'Archéologie Lorraine, Nancy, Imprimerie de A. Lepage, 1865, p. 5-13 ;
Olry (Étienne Dominique), « Répertoire archéologique des cantons d'Haroué et Vézelise », in Mémoires de la Société d'Archéologie Lorraine, Nancy, Imprimerie de A. Lepage, 1866, p. 110-190 ;
Olry (Étienne Dominique), « Recherches sur les caractères des églises romanes en Lorraine (cantons de Colombey, Haroué, Toul-Sud et Vézelise) », in Mémoires de la Société d'Archéologie Lorraine, Nancy, Imprimerie de A. Lepage, 1867, p. 107-136 ;
Olry (Étienne Dominique), « Notice sur la chapelle de Notre-Dame-des-Gouttes à Housselmont », in Journal de la Société d'Archéologie Lorraine et du Comité du Musée Lorrain, 1867, p. 103-140 ;
Olry (Étienne Dominique), L'archéologie et l'instituteur, 1868 ;
Olry (Étienne Dominique), « Topographie de la montagne de Sion-Vaudémont et de ses environs », in Mémoires de la Société d'Archéologie Lorraine, Nancy, Imprimerie de A. Lepage, 1868, p. 44-88 ;
Olry (Étienne Dominique), « Répertoire archéologique de la ville, des faubourgs et du territoire de Toul », in Mémoires de la Société d'Archéologie Lorraine, Nancy, Imprimerie de A. Lepage, 1869, p. 194-284 ;
Olry (Étienne Dominique), « Répertoire archéologique des cantons de Colombey et Toul-Sud », in Mémoires de la Société d'Archéologie Lorraine, Nancy, Imprimerie de A. Lepage, 1870, Tome IV, p. 55-108 ;
Olry (Étienne Dominique), « Répertoire archéologique de l'arrondissement de Toul, des cantons de Domèvre, Toul-Nord et Thiaucourt », in Mémoires de la Société d'Archéologie Lorraine, Nancy, Imprimerie de A. Lepage, 1871, 111 p. ;
Olry (Étienne Dominique), « Note sur le comté de Vaudémont, son étendue, ses enclaves, sa population en 1477, et sur Vézelise, sa capitale », in Mémoires de la Société d'Archéologie Lorraine, Nancy, Imprimerie de A. Lepage, 1871, p. 290-304 ;
Olry (Étienne Dominique), Petite géographie de l'arrondissement de Toul, à l'usage des écoles, Nancy, Imprimerie de Crépin-Leblond, 1872 ;
Olry (Étienne Dominique), « Notice sur le château de Tumejus et sur la Blaissière », in Mémoires de la Société d'Archéologie Lorraine, Nancy, Imprimerie de A. Lepage, 1874, p. 386-447 ;
Olry (Étienne Dominique), « Notice sur le village de Germiny », in Mémoires de la Société d'Archéologie Lorraine, Nancy, Imprimerie de A. Lepage, 1877, p. 379-416 ;
Olry (Étienne Dominique), Sobriquets et dictons appliqués aux noms et aux habitants de quantité de villages du pays, 1882 ;
Olry (Étienne Dominique), Excursion de Nancy à Sion-Vaudémont par les collines, 1882 ;
Premièrement, pour son dévouement envers l'École, Étienne Dominique Olry est fait officier d'académie en 1874, puis officier de l'Instruction publique en 1880[2].
Ensuite, le jour de ses obsèques, près d'un millier de personnes, dont 70 instituteurs, des délégués de sociétés savantes, et l'abbé Joseph Trouillet, le bâtisseur de la basilique Saint-Epvre de Nancy, font le déplacement. Ce dernier offre d'ailleurs à l'église paroissiale d'Allain, un vitrail représentant l'instituteur défunt[2].
Enfin, le Centre de formation agricole de Toul et la rue principale d'Allain ont été rebaptisés Lycée et Rue Étienne-Dominique-Orly, dans les années 1990[2].
↑Liéger (Abel) et Marguet (Roger), « Découvertes récentes ou inédites à Toul (Meurthe-et-Moselle) et aux environs », in Revue Archéologique de l'Est et du Centre-Est (R.A.E.), Dijon, Éditions de la Revue Archéologique de l'Est (R.A.E.), 1981, Tome 32, Fascicule 1, p.123-124.