Émile de Lyden a fait jouer plusieurs pièces de théâtre sur les scènes parisiennes, sous le pseudonyme de Paul Max.
Biographie
Filiation
D'après ses biographes, Jules Lermina ou Angelo De Gubernatis, Émile Ferdinand Mugnot de Lyden est né à Paris en 1815 et il est le dernier survivant de la famille des vicomtes de Lyden originaire de Hollande[2],[3].
Toutefois, un jugement rendu le par la Première chambre du tribunal d'instance de Paris[4] reconnaît : « par constante, la naissance d'Émile Mugnot de Lyden en mil huit cent quinze, de père et mère inconnus dans un lieu qui ne peut être désigné »[note 1].
Émile Mugnot de Lyden est-il un descendant de la Maison de Lynden, encore représentée de nos jours ? Cette variante orthographique est attestée et transcrite dans l'acte de décès de sa belle-mère, Marie-Renée Devaux, veuve de Marie-Augustin Sallior, le à Paris[5]. Quant au premier nom de famille, Mugnot, ce patronyme est d'origine française. S'agit-il du nom de la mère dont l'enfant n'aurait pas été reconnu par le père à la naissance ou celui d'une éventuelle famille adoptante ? À ce stade, rien ne permet aujourd'hui de confirmer ou infirmer ces deux hypothèses.
Le lieu de naissance dans les actes officiels n'est pas précisé faute d'informations, mais si c'est Paris, la tâche pour d'éventuelles recherches est ardue. En effet, la disparition de l'état-civil parisien lors des incendies de l'Hôtel de Ville et du Palais de Justice — où sont déposés les doubles des registres — le au cours de la Semaine sanglante et du fait qu'un tiers seulement des actes est reconstitué par la suite, rendent les investigations difficiles.
Autre interrogation : si les parents sont inconnus de l'enfant, qui l'a élevé et lui a donné les moyens financiers afin de subvenir à son cursus scolaire ? La formation des instituteurs en ce premier quart du XIXe siècle — et c'est la voie choisie par Lyden — passe par une école normale primaire. En 1828, onze écoles normales voient le jour. Elles sont toutes dirigées par des congrégations enseignantes. Il faut attendre François Guizot et sa loi du 28 juin 1833 pour que l’État se charge de la direction de ces écoles. Désormais il y aura une école normale primaire par département. Les élèves doivent financer leurs études sauf s’ils sont boursiers[6]. Émile de Lyden évoque sa jeunesse étudiante à Paris dans un article du Mousquetaire, le journal d'Alexandre Dumas[note 2] : « Voyage autour d'un ruban bleu »[7]. Ses études, grâce à un parcours universitaire brillant, l'emmènent jusqu'au métier d'enseignant avant de devenir journaliste puis homme de lettres.
Ses contemporains sont également dubitatifs à propos de sa véritable identité, tel Edmond-Antoine Poinsot dit Georges d'Heylli. Ce dernier mentionne dans son dictionnaire que le nom de famille E. M. de Lyden est un pseudonyme et le confond avec un autre publiciste, J. Meilheurat, en lui attribuant ses œuvres[8].
Il se destine d'abord à l'enseignement. Ancien professeur de mathématiques, il fait des études industrielles pratiques et entre dans le journalisme politique en 1841[2]. Néanmoins, il poursuit quelque temps encore son activité de professeur, notamment à Sens dans le département de l'Yonne et dépendant de l'Académie de Paris. Il enseigne le français en classe spéciale dans le collège au 61 rue Thénard — ancien couvent des Célestiins — sous la Seconde République pour la période 1848-1850[10]. Le prince-président, Louis Napoléon Bonaparte prononce un discours dans la cour de ce collège et organise un banquet le pour l'inauguration de la voie ferrée de Paris à Tonnerre[11]. L'Yonne est l'un des quatre départements à élire Louis-Napoléon Bonaparte à l'Assemblée nationale constituante le , puis aux élections législatives des 17 et . De Lyden travaille également à L'Yonne, journal d'Auxerre et du département[3].
Émile Mugnot de Lyden est un partisan du prince-président, le futur Napoléon III, et il est considéré comme un familier du palais des Tuileries lors de l'accession au trône de l'empereur[12]. Fidèle à l'Empire et même après la chute du régime en 1870, il fait le déplacement en Angleterre pour assister aux funérailles de Napoléon III[12] , mort à Chislehurst le et son nom figure dans le procès-verbal des visiteurs[13]. Il sera également présent à l'une des messes célébrées dans les églises parisiennes en la mémoire du défunt empereur dans ce même mois de , au côté de tous les anciens dignitaires du régime napoléonien[14].
Mugnot de Lyden est rédacteur en chef de plusieurs grands journaux de province, principalement bonapartistes[15],[16], tels que : Le Journal du Cher, L'Yonne, La Revue bourguignonne, Le Journal d'Yvetot, La Revue picarde et Le Nouvelliste de Rouen[3].
Il est également collaborateur de La Revue contemporaine, Le Bulletin de la Société de gens de lettre, La Ruche parisienne, Le Monde littéraire, L'Illustrateur des dames, Les Nouvelles, La Mode, Le Mousquetaire, La Revue parisienne, Le Monde illustré, Le Derby, La Liberté, Le Ménestrel, L'Univers illustré, La Petite presse, le Journal pour tous, La Garde nationale, L'Étincelle, Paris le soir, Orphéon, Paris-Caprice, L'Art et la mode, etc[3].
Critique d'art, il fait partie de la commission musicale à l'Exposition universelle de 1878 et fait de nombreux comptes rendus d'expositions industrielles[2]. Il reçoit à l'occasion de son travail sur l'exposition de Châlons-sur-Marne une médaille d'or décernée par la ville, et il intègre de nombreux jurys musicaux. Il s'est occupé pendant vingt ans de l'enseignement populaire de la musique[2].
Ancien secrétaire général de la commission permanente des Orphéons de Seine-et-Oise, il a écrit l'histoire des sociétés chorales dans plusieurs départements. II est d'autre part membre correspondant de plusieurs sociétés savantes, lauréat de la Société d'encouragement au bien, membre de la Société des auteurs dramatiques, des auteurs et compositeurs de musique, etc. Il publie aussi d'abondantes nouvelles dans le Bulletin de la Société des gens de lettres[2].
Il a écrit de nombreux romans et des nouvelles ainsi que des études administratives et économiques[2].
Il a fait jouer plusieurs pièces de théâtre sous le pseudonyme de Paul Max, sur une période de trente années[2].
Émile Mugnot de Lyden épouse Louise Marie Cécile Sallior (1819–1895) musicienne et professeur de piano[17], à Versailles, le [4]. Cette union est sans postérité.
Du fait de son mariage avec Louise Marie Cécile Sallior, fille de Marie Augustin Sallior[note 3], Émile Mugnot de Lyden est en parenté avec la famille de Claude Robillon[note 4], directeur du théâtre de Versailles, mais aussi celle de l'écrivain Alexandre Basset et de son fils Charles Basset dit Adrien Robert[note 5].
La famille Sallior est originaire de Paris et Versailles et elle compte dans ses rangs, des avocats, des membres de l'administration du roi à Versailles et des musiciens.
Œuvres
Romans
Émile Mugnot de Lyden, Autour d'une robe à volants (fantaisie), Rouen, Éditions de l'imprimerie Saint-Evron, , 28 p.
L'œuvre est publiée en 1855 sous le titre : Voyage autour d'une robe à volans (sans le « t ») dans le journal Le Mousquetaire d'Alexandre Dumas, du n° 314 au n° 321 inclus : Le Mousquetaire n° 314. Publication également en 1856 aux éditions Jollet-Souchois à Bourges. Autre édition : « Voyages de découverte autour d'une robe à volants pour femme » aux Éditions s.n. (sans nom) en 1857.
Émile Mugnot de Lyden (en collaboration avec Émile Richebourg), Les Amoureuses de Paris, vol. 1 : La belle Impéria (roman), Paris, Éditions Édouard Dentu, , 391 p.
Émile Mugnot de Lyden (en collaboration avec Émile Richebourg), Les Amoureuses de Paris, vol. 2 : Ange et démon (roman), Paris, Éditions Édouard Dentu,
Émile Mugnot de Lyden (en collaboration avec Émile Richebourg), Les Amoureuses de Paris (roman), Paris, Éditions Jules Rouff, , 852 p. (lire en ligne)
Cette nouvelle version est éditée en un seul volume et se distingue par ses trois parties : La belle Impéria (page 3), Ange et démon (page 234), Les haines (page 540).
Émile Mugnot de Lyden, Le théâtre d'autrefois et d'aujourd'hui : Cantatrices et comédiens 1532-1882 (étude), Paris, Éditions Édouard Dentu, , 308 p. (lire en ligne)
Émile Mugnot de Lyden, La répétition : monologue pour jeune fille, dit par Mme Simon-Max, du Théâtre de la Gaité, Paris, Éditions Tresse et Stock, , 8 p. (lire en ligne)
Émile Mugnot de Lyden, Études administratives, Auxerre, Éditions s.n. (sans nom)
Émile Mugnot de Lyden, De la grande et la petite propriété, Rouen, Éditions de l'imprimerie de Saint-Évron,
Théâtre
Émile Mugnot de Lyden (brochure), Questions théâtrales, Rouen, Éditions P. Houin,
Bibliographie
Ouvrages sur Mugnot de Lyden :
Jules Lermina (dir.), Dictionnaire universel illustré, biographique et bibliographique, de la France contemporaine : comprenant par ordre alphabétique la biographie de tous les français et alsaciens-lorrains marquants de l'époque actuelle, l'analyse des œuvres les plus célèbres, Paris, Éditions L. Boulanger, , 1410 p. (lire en ligne), « Lyden (Émile-Ferdinand Mugnot de) », p. 932 et 933
Angelo De Gubernatis (dir.), Dictionnaire international des écrivains du jour, vol. 3, Florence (Italie), Éditions Louis Nicolaï, 1888-1891, 2089 p. (lire en ligne), « Lyden (Émile-Ferdinand-Mugnot Vicomte de) », p. 1405
Association des journalistes parisiens (collectif), Bulletin de l'Association des journalistes parisiens, Paris, Éditions Morris père et fils (no 10), , 128 p. (lire en ligne), « M. de Lyden (Émile Mugnot de Lyden) », p. 22 et 23
« Émile de Lyden », sur BnF-CCfr, Catalogue collectif de France
Notes et références
Notes
↑Ce jugement est retranscrit dans l'acte de mariage d'Émile Mugnot de Lyden en date du 21 novembre 1855. Le nom est remplacé dans l'acte par la mention « la naissance du futur en mil huit cent quinze ». Il est aussi précisé dans ledit acte : « dans le courant de l'année mil huit cent quinze ».
↑Le journal non-politique Le Mousquetaire est fondé par Alexandre Dumas et il est publié du 12 novembre 1853 au 7 février 1857. Plusieurs jeunes journalistes font leurs premières armes auprès du célèbre romancier.
↑Marie Augustin Sallior est né à Paris (paroisse Saint-Paul) le (baptisé le ). Son père est Marie François Sallior (Versailles, paroisse Notre-Dame, - Paris 1er arrondissement ancien, 20 pluviôse de l'an 12 : ), avocat au Parlement de Paris, libraire et membre de plusieurs académies. En 1792, sous la Révolution, il accueille sa nièce Sophie Marie Louise Dupuis (Versailles 1777 - Paris 1846), fille de Charles Dupuis architecte (1733-1792) et de Marie Louise Antoinette Sallior. Sophie Dupuis va exercer ses talents d'artiste sur la gravure et l'aquarelle auprès de l'architecte Pierre Fontaine avec qui elle vit maritalement. De cette union naîtra une fille naturelle Aimée Sophie Dupuis (1803-1864) et future épouse de l'architecte Symphorien Meunié. Après la chute de Robespierre, François Sallior est membre du Bureau central de police de Paris sous le Directoire. Puis, il entre dans la carrière de l'enseignement pour devenir inspecteur du collège de Saint-Cyr puis du Prytanée français. La mère de Marie Augustin Sallior, est Marie Magdeleine Rosalie Lesecq. Marie Augustin Sallior est un artiste peintre sous le Premier Empire, élève de Jean-Baptiste Regnault, il entre à l’École des Beaux-Arts le . Après l'effondrement de l'Empire, il exerce la profession de concierge garde-meubles des Petites Écuries du roi à Versailles sous la Restauration et la monarchie de Juillet. Sous la Seconde république, il devient l'attaché du colonel Amat, commandant du palais de Versailles. Il épouse le 24 octobre 1817 à Paris, Renée Marie Devaux (source : Fonds Andriveau à Paris). Le couple a une fille née hors mariage : Marie Adrienne Sallior, née à Paris dans le 5e arrondissement ancien, le 8 avril 1811 et sera reconnue lors de la célébration de l'union en 1817. Marie Augustin Sallior meurt à Versailles le 29 mars 1850 (acte de décès n° 257).
↑Louise Marie Cécile Sallior a une sœur aînée, Marie Adrienne Sallior. Elle est née hors mariage à Paris le 8 avril 1811 et reconnue par les parents le 24 octobre 1817. Elle se marie à Versailles le 16 septembre 1837 avec Jacques Auguste Adolphe Robillon, avocat et fils de Claude Robillon, directeur du théâtre de Versailles. Marie Adrienne Sallior meurt à Versailles le 1er décembre 1839 à l'âge de 28 ans. Elle a eu une fille, Juliette Marie Claudine Robillon, née à Versailles le 8 juillet 1838.
↑Émile Mugnot de Lyden a une nièce, Juliette Marie Claudine Robillon, fille de Jacques Auguste Adolphe Robillon et de Marie Adrienne Sallior, qui épouse à Paris le 16 mars 1867, Maurice Antoine Basset, neveu d'Alexandre Basset (acte de mariage n° 260 du 9e arrondissement de Paris).
↑ abcdefgh et iJules Lermina (dir.), Dictionnaire universel illustré, biographique et bibliographique, de la France contemporaine : comprenant par ordre alphabétique la biographie de tous les français et alsaciens-lorrains marquants de l'époque actuelle, l'analyse des œuvres les plus célèbres, Paris, Éditions L. Boulanger, , 1410 p. (lire en ligne), « Lyden (Émile-Ferdinand Mugnot de) », p. 932 et 933.
↑ abcd et eAngelo De Gubernatis (dir.), Dictionnaire international des écrivains du jour, vol. 3, Florence (Italie), Éditions Louis Nicolaï, 1888-1891, 2089 p. (lire en ligne), « Lyden (Émile-Ferdinand-Mugnot Vicomte de) », p. 1405.
↑ a et bArchives départementales des Yvelines : État civil, acte de mariage n° 301 à Versailles. Cote du document : 1115773, vue 185 sur 199. Archives départementales des Yvelines, no 2 avenue de Lunca 78180 Montigny-le-Bretonneux (Saint-Quentin-en-Yvelines).
↑Archives de Paris : État civil, acte de décès n° 2266 du 9e arrondissement de Paris. Cote du document : V4E / 3482, vue 24 sur 32. Archives de Paris, no 18 boulevard Sérurier 75019 Paris.
↑Émile Mugnot de Lyden, « Excursions lointaines : Voyage autour d'un ruban bleu », Le Mousquetaire, journal de M. Alexandre Dumas, Paris, no 67, , p. 2 et 3 (lire en ligne).
↑Collectif, Annuaire statistique du département de l'Yonne : recueil de documents authentiques destinés à fournir la statistique départementale, vol. 12, Auxerre, Éditions Perriquet, imprimeur-lithographe, , 310 p. (lire en ligne), chap. IV (« Instruction publique - collèges - Sens »), p. 105 et 106.
↑Marie-Jean-Pierre-Hubert de Cambacérès, Funérailles de Napoléon III : procès-verbal rédigé par le duc de Cambacérès, Paris, Éditions Librairie Générale, , 96 p. (lire en ligne), « Liste alphabétique des visiteurs à Chislehurst », p. 59.
↑Marc Gérard, « Les messes impériales : Quatrième liste », Le Gaulois, Paris, no 1572, , p. 2 (lire en ligne).
↑Archives de Paris : État civil, acte de décès n° 976 du 16e arrondissement de Paris. Cote du document : V4E / 10006, vue 11 sur 17. Archives de Paris, no 18 boulevard Sérurier 75019 Paris.