Léon, Joseph, Émile Coornaert naît le à Hondschoote (Nord). Il est le treizième et dernier enfant d'une famille d'ouvriers agricoles. Après la mort de son père, il entre en 1898 au Petit Séminaire Saint-François d'Assise[2] d'Hazebrouck qu'il quitte en 1903. Profondément influencé par l'éducation reçue, Il y reviendra très régulièrement tout au long de sa vie. Après son baccalauréat, il se partage entre les études et le travail. Il est membre du mouvement Le Sillon de Marc Sangnier[3]
Il épouse Alice Robert en 1921 et séjourne ensuite très régulièrement jusqu'à la fin de sa vie dans la maison familiale d’Allarmont (Vosges). Ils auront trois enfants.
En 1936, Émile Coornaert devient titulaire de la chaire d'histoire du travail au Collège de France où il remplace François Simiand. Il obtient le poste de préférence à Maxime Leroy et Maurice Halbwachs. Ce dernier estime que « Coornaert est un médiocre (…) Il a fait quelques recherches érudites sur les corporations au XVe siècle (…) Il a un fort accent belge, rien de caractéristique par ailleurs. Démocrate-chrétien, et actuellement très résistant, – mais bon catholique, et tenant à ce qu'on subventionne les écoles libres[6]. »
Émile Coornaert publie deux thèses sur La draperie-sayetterie d'Hondschoote (XIIIe- XVIIIe siècle) et L'industrie de la laine à Bergues-Saint-Winnoc (XIVe – XVIIe siècle). Il écrit ensuite un ouvrage sur Les corporations en France avant 1789 (1941).
Le réseau, composé notamment du diplomate Paul Petit, de l'écrivain Marietta Martin et de Suzanne Feingold publie La France continue à partir de 1941. Le journal est réalisé par l’imprimerie parisienne de Francisque Gay, située rue Cardinal[9]. Le ton de ce journal est considéré comme « très littéraire et parfois rude. Il porte alors sans ménagement des coups virulents à Pétain »[10].
Les membres du réseau sont d’inspiration chrétienne[12]. Après l'arrestation début 1942 d'une grande partie du réseau, plusieurs personnes en liberté se joindront au Mouvement Résistance de l’écrivain Jacques Destrées[13]. Émile Coornaert coopère avec divers réseaux et fait un travail d'information[5].
Après-guerre, La France continue devient Ici Paris, le [14].
Après-guerre, Émile Coornaert reste proche des milieux démocrates-chrétiens[15]. Il contribue à relancer le Syndicat général de l'Éducation nationale (SGEN), affilié à la CFTC avec Marcel Reinhard, professeur au Lycée Louis-le-Grand. Lors de la réunion du , Émile Coornaert est élu président.
Il s’efforce de faire de son syndicat un « instrument de transformation sociale » qui continue l’œuvre de la Résistance dans « une révolution sans haine et sans violence, inspirée par une conception spiritualiste du monde[16]. » Il représente le syndicat au sein de la commission qui prépare la mise en œuvre du Plan Langevin-Wallon de réforme de l’enseignement[5].
Après le rejet d’une motion de politique scolaire qu’il avait présentée, Émile Coornaert démissionne de son poste de président du SGEN mais continue à intervenir dans la vie du syndicat. Le poste qu’il avait occupé ne sera plus pourvu[17].
Membre de l'Institut
Ayant poursuivi son activité d’historien, Émile Coornaert publie des ouvrages sur Les Français et le commerce international d'Anvers, fin XVe - début XVIe siècle (1961) et Les compagnonnages en France du Moyen Âge à nos jours (1966) qui reçoit le Grand prix Gobert décerné par l'Académie française[18]. Son dernier ouvrage, en 1977, porte sur le métier d’historien (Destins de Clio en France depuis 1800).
Henri Dubief, « Nécrologie d’Émile Coornaert (1886-1980) », Revue d'histoire moderne et contemporaine, vol. 27, no 4, octobre - , p. 686-688 (lire en ligne, consulté le ).
↑Bulletin des Anciens de l'Institution St François d'Assise, Juillet 1966
↑ a et bHenri Dubief : nécrologie d’Émile Coornaert (1886-1980), in Revue d'histoire moderne et contemporaine (1954-) T. 27e, No. 4 (Oct. - Dec., 1980), p. 686-688, Societe d'Histoire Moderne et Contemporaine
↑ abc et dMadeleine Singer : Coornaert Émile, in Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français (Jean Maîtron, dir.), cinquième série (1945-1968), Tome 3, 2007.
↑ a et bMaurice Halbwachs : Ma campagne au Collège de France, in Revue d’histoire des sciences humaines, 1999/1 - no 1
↑Jean-Paul Lefebvre : Les professeurs français des missions universitaires au Brésil (1934-1944), in Cahiers du Brésil Contemporain, 1990, no 12
↑François Bédarida, Gabrielle Muc, Michel Trebitsch, Henry Rousso : Histoire, critique et responsabilité, Editions Complexe, Paris, 2003
↑Jacques Duquesne, Les catholiques français sous l'occupation, B. Grasset, Paris, 1966
↑Renée Poznanski, Propagandes et persécutions. La résistance et le "problème juif", 1940-1944, Fayard, Paris, 2008
↑François Marcot, Janine Ponty, Marcel Vigreux, Serge Wolikov (dir.), La Résistance et les Français: lutte armée et maquis : colloque international de Besançon 15-17 juin, Université de Franche-Comté, Université de Bourgogne, Musée de la Résistance et de la déportation de Franche-Comté, Les Belles Lettres, 1996
↑Marie Ducoudray, Ceux de "Manipule": un réseau de renseignements dans la Résistance en France, Tirésias, 2001
↑Claude Bellanger, Histoire générale de la presse française, Presses universitaires de France, Paris, 1969
↑Marc Le Dorh : Les démocrates chrétiens français face à l'Europe: mythes et réalités, L'Harmattan, Paris, 2005