Elle est spécialiste de géographie du développement, avec des travaux concernant notamment la gestion urbaine, l'environnement et la géographie sociale[2].
Travaux
Elle aborde la géographie urbaine et sociale des villes africaines à travers leurs enjeux d'environnement, de santé, de vie quotidienne, avec une approche de terrain "par le bas" consacrant sa thèse de 1993 à l'étude de l'Environnement et santé à Brazzaville, Congo : de l’écologie urbaine à la géographie sociale[6], étude menée dans une approche pluridisciplinaire à l'ORSTOM (actuel IRD). En 1998, une partie de cette thèse, actualisée par des enquêtes menées après les guerres à Brazzaville, est publiée dans l'ouvrage "Vivre à Brazzaville. Modernité et crise au quotidien" (Paris, Karthala, 1998). Elle diversifie ensuite ses terrains d’enquête personnels au Bénin et au Mali, sur les enjeux de gestion de l'eau et des déchets en ville et mène des approches comparatives. En 2000, elle coordonne la publication du livre Les très grandes villes dans le monde, ouvrage collectif de « spécialistes de géographie urbaine »[7].
En 2003, la thèse de son habilitation à diriger des recherches en géographie porte sur les Sociétés urbaines et environnement dans les villes africaines, où elle remobilise ses recherches sur le Bénin, le Congo et le Mali[5] ; elle la soutient à l'université Paris I[8]. En 2006, elle est invitée par le géographe Sylvain Kahn dans l'émission Planète Terre sur la radio France Culture pour parler de la géographie de la santé à Brazzaville[9].
Elle continue depuis ses travaux sur les villes africaines, puis est sollicitée pour coordonner une série d'études sur les dynamiques de reconstruction post-conflit au Congo-Brazzaville, menées entre 2007 et 2019, qui donnent lieu à de nombreux travaux d'étudiants, des rapports, articles scientifiques[10], et trois thèses (Mathilde Joncheray[11], Mélanie Favrot[12], Rodrigue Kinouani[13])[3].
Parallèlement, elle entreprend des travaux sur Marseille, qui portent notamment sur les dynamiques de fragmentation urbaine[14] et l'essor des résidences fermées[15],[16],[17],[18]. En 2014, Elle coordonne d'abord une étude pour le PUCA intitulée La diffusion des ensembles résidentiels fermés à Marseille. Les urbanités d'une ville fragmentée[19], suivi par l'étude Marseille Ville passante, commande de la mairie de Marseille[20]. Elle co-dirige la thèse de Julien Dario[21] sur ce sujet, qui obtiendra le grand prix de thèse sur la ville du PUCA en 2020[22]. Ce travail montre qu'il y a à Marseille une proportion de voies privées bien plus importante que dans d’autres villes de taille équivalente et analyse les impacts de leurs fermetures[23]. De 2012 à 2017, Elisabeth Dorier copilote la partie marseillaise de l'Agence nationale de la recherche (ANR) EUREQUA (Évaluation mUltidisciplinaire et Requalification Environnementale des QUArtiers) dirigée par Sinda Haoues-Jouve[24],[25].
Elle s'attache à diffuser ses recherches auprès du grand public, des jeunes et des enseignants, sous forme de participation à des manuels, des conférences grand public, communications aux médias[29] et d'un projet lancé en 2015 en collaboration avec la Région Sud (Provence Alpes Cote d'Azur) et l'Éducation nationale, intitulé Graphite, les jeunes et la ville[30] (géographie prospective des territoires urbains).
En 2020 et 2021, elle organise en collaboration avec Julien Dario et la plasticienne Anke Doberauer[31] l'exposition d'art-science « Marseille Privatopia », qui mêle travaux universitaires sur les résidences fermées et art[32],[33],[34]. Le volet scientifique de l'exposition est présenté en 2022 par le réseau des bibliothèques de Marseille[35]. Le terme privatopia qu'elle reprend a été créé par le politiste Mc Kenzie pour le contexte américain, et qualifie l'idéologie d'un monde urbain produit, organisé et rentabilisé par des investisseurs pour une société de copropriétaires, clients de services privés (comme le gardiennage, l'éclairage, l'entretien des jardins résidentiels, la propreté), avec l'idée que la propriété privée serait garante de plus d'efficacité dans la gestion urbaine, justifiant le retrait de l'action publique dans la ville. Cette position néolibérale, assumée par la municipalité de Marseille, a entraîné des coûts importants pour la collectivité qu'E. Dorier dénonce en s'appuyant sur ses études : incohérence entre des aménagements privés disparates, dépenses publiques accrues au service d'intérêts privés de valorisation immobilière (par exemple voirie), tensions sociales de voisinage autour des fermetures de rue[14],[36].
Répondant à son travail sur la fragmentation urbaine, ses recherches portent également sur ce qui fait la ville. Ainsi, Philippe Chaudoir mentionne, à propos de l'ouvrage Vies citadines qu'elle a coordonné avec Philippe Gervais-Lambony, qu'« En réaction à un discours pessimiste sur une ville en crise et fragmentée, le projet affirme la volonté « de travailler sur ce qui fait la ville plutôt que sur ce qui la défait » (comme l’affirment les auteurs dans le propos liminaire)[37]. Elle est ainsi l'autrice de nombreuses publications portant sur les questions d'environnement urbain[38],[39], de santé et d'éducation[40], sur les pratiques citadines[41] ou sur les mouvements religieux[42],[43].
Danseuse de tango argentin, elle a également publié plusieurs livres sur les danses latines[44],[45].
Principales publications
Ouvrages
Élisabeth Dorier, Marion Lecoquierre, L'urbanisation du monde, La documentation photographique, Dossier n°8125, CNRS Éditions, , 64 p. (lire en ligne)[46]
Élisabeth Dorier-Apprill, Philippe Gervais-Lambony, Vies citadines, Belin, , 267 p. (ISBN978-2-7011-4354-5)[37]
Élisabeth Dorier-Apprill, Vocabulaire de la ville, notions et références, Éditions du temps, , 192 p.[48]
Élisabeth Dorier (dir.), Les très grandes villes dans le monde, Paris, Éditions du temps, , 384 p.[7]
Abel Kouvouama, Christophe Apprill, Élisabeth Dorier-Apprill, Vivre à brazzaville - modernité et crise au quotidien, Karthala, , 384 p. (ISBN978-2865378562)
Élisabeth Dorier-Apprill, Danses latines et identité d'une rive à l'autre, Éditions L'Harmattan, (ISBN9782738487346)
Élisabeth Dorier-Apprill, Abel Kouvouama et Christophe Apprill, Vivre à Brazzaville : Modernité et crise au quotidien, Paris, Karthala, , 383 p. (ISBN9782865378562)
Élisabeth Dorier, Julien Dario, « Des marges choisies et construites: les résidences fermées », dans Grésillon, E., Alexandre, B. et Sajaloli, B., La France des marges, Armand Colin, , p. 213-224
Amaël Cattaruza, Élisabeth Dorier, Postconflit : entre guerre et paix ?, Hérodote, Revue de géographie et de géopolitique, n°158,
Isabelle Berry Chikhaoui, Élisabeth Dorier, Sébastien Bridier, Fermeture résidentielle et politiques urbaines, le cas marseillais, Articulo, Journal of Urban Research, n°8, , 20 p.
Références
↑Elisabeth Dorier, « Environnement et santé à Brazzaville, Congo : de l'écologie urbaine à la géographie sociale », Thèses, Université de Paris 10, (lire en ligne, consulté le )
↑ ab et cLPED-Laboratoire Population Environnement Développement, « DORIER Elisabeth », sur LPED - Laboratoire Population Environnement Développement, (consulté le )
↑ a et bMichel Michel, « Elisabeth Dorier-Apprill (coord.) - Les très grandes villes dans le monde », L'information géographique, vol. 65, , p. 93-94 (www.persee.fr/doc/ingeo_0020-0093_2001_num_65_1_2742_t1_0093_0000_7)
↑Dorier Elisabeth, « Dynamiques territoriales du postconflit et de la reconstruction au Congo-Brazzaville », Hérodote, , pp. 132-159 (DOI10.3917/her.158.0132, lire en ligne [PDF])
↑Mathilde Joncheray, Vivre la guerre, construire la paix : Conflits et recompositions territoriales post-conflit en République du Congo (Pays du Niari)., Aix-Marseille, (lire en ligne)
↑Mélanie Favrot, Les investissements étrangers dans l'agrobusiness en Afrique : accaparements fonciers ou facteurs de développement ? : les paradoxes de la République du Congo, Aix-Marseille, (lire en ligne)
↑Plan Urbanisme Construction Architecture, « Prix de thèse sur la ville 2020 », sur Plan Urbanisme Construction Architecture, (consulté le )
↑« «Nous avons repéré 1 531 résidences fermées à Marseille», Elisabeth Dorier, professeure (Aix-Marseille Université) », Le Moniteur, (lire en ligne, consulté le )
↑Isabelle Berry-Chikhaoui, Elisabeth Dorier, Sinda Haouès-Jouve et Amélie Flamand, « La qualité environnementale au prisme de l’évaluation par les habitants », Méditerranée. Revue géographique des pays méditerranéens / Journal of Mediterranean geography, no 123, , p. 89–105 (ISSN0025-8296, DOI10.4000/mediterranee.7402, lire en ligne, consulté le )
↑ a et bPhilippe Chaudoir, « Vies citadines, sous la direction de Elisabeth Dorier-Apprill et Philippe Gervais-Lambony », Géocarrefour, vol. 83/2, (lire en ligne)
↑Élisabeth Dorier (dir), Ville et environnement, SEDES, , 511 p. (ISBN2-7181-9468-5)
↑I. Berry-Chikhaoui, Elisabeth. Dorier, Sinda Haouès-Jouve, « La qualité environnementale au prisme de l'évaluation par les habitants. L’effet de quartz des disparités territoriales », Méditerranée : revue géographique des pays méditerranéens, Publications de l'Université de Provence, vol. 123/2014, , p. 89-108
↑Gwenaelle Audren, Virginie Baby-Collin, Elisabeth Dorier, « Quelles mixités dans une ville fragmentée ? Dynamiques locales de l’espace scolaire marseillais. », Lien social et Politiques, Anjou, Québec : Éd. Saint-Martin ; Rennes : Presses de l'EHESP, , p. 38-61 (lire en ligne)
↑Élisabeth Dorier-Apprill, « Jeunesse et ethnicité citadines à Brazzaville », Politique africaine, , p. 73-88
↑Élisabeth Dorier-Apprill, « Les échelles du pluralisme religieux en Afrique subsaharienne », L'Information géographique 70 (4), , p. 46-65
↑Élisabeth Dorier-Apprill, Robert Ziavoula, « La diffusion de la culture évangélique en Afrique centrale », Hérodote, , p. 129-156
↑Catherine Fournet-Guérin, « Ville et environnement », Géographie et cultures, , p. 131-132 (lire en ligne)
↑Aubertel Patrice, « Elizabeth Dorier-Apprill (dir.), Vocabulaire de la ville, 2001 », Les Annales de la recherche urbaine, vol. 83, 2003. les infortunes de l’espace, p. 180-181 (lire en ligne)