Les élections législatives sénégalaises de 1998 ont eu lieu le au Sénégal.
Elles se sont soldées par la victoire du Parti socialiste (PS) qui, grâce à une courte majorité absolue (50,2 %), a enlevé 93 sièges sur 140 à l'Assemblée nationale.
Contexte
Depuis peu, l'Assemblée nationale comprend 140 députés au lieu de 120. Leur mandat est de cinq ans.
Les élections sont organisées par le général Lamine Cissé, Ministre de l'Intérieur depuis 1997 et premier militaire sénégalais à occuper cette fonction stratégique. La campagne électorale se déroule sous la surveillance d'une instance récemment créée[1], l'Observatoire national des élections (ONEL), dirigé par un autre général, Mamadou Niang, qui veille scrupuleusement à la régularité des opérations, au besoin en affrontant le Ministère pour procéder à la vérification de fichiers informatiques. Ce différend ponctuel est exploité par les partis politiques et les médias[2], mais rassure une partie de l'opinion qui y voit une réelle volonté de transparence.
Quelques incidents violents[3] éclatent en Casamance, où le mouvement indépendantiste, le Mouvement des forces démocratiques de Casamance, mène plusieurs opérations. Selon certaines sources, ces heurts auraient fait huit morts[4], selon d'autres près de quarante[5].
Contrairement à ce que l'on pouvait craindre au vu des événements de 1988 et 1993, la période post-électorale est relativement calme, mais, à l'annonce des résultats, les partis d'opposition, sous la conduite de maître Abdoulaye Wade, tentent un recours[6] en annulation auprès du Conseil constitutionnel, dénonçant « l'utilisation massive de fausses cartes d'identité », le « détournement de cartes d'électeurs » et « l'utilisation massive des moyens de l'État aux fins de campagne électorale ». Leur démarche n'aboutit pas.
Participation et résultats
Deux jours avant le scrutin la moitié seulement des Sénégalais en âge de voter avaient retiré leur carte d'électeur[7]. En définitive
3 164 827 personnes étaient inscrites sur les lignes électorales et 1 229 123 se sont exprimées. En 1998 le taux de participation est en baisse. Il est de 39,3 %, contre environ respectivement 51,5 et 41 % au premier puis au second tour en 1993 et 57,9 % en 1988.
Le Parti socialiste recueille la majorité absolue des suffrages et l'emporte dans la plupart des départements[4], sauf à Dakar et à Pikine, ainsi qu'à Linguère, le fief de Djibo Leyti Kâ, le leader de l'Union pour le renouveau démocratique. Issue d'une scission d'avec le Parti socialiste, l'URD est en lice pour la première fois, aux côtés des deux rivaux de longue date, le PS et le PDS.
↑(fr) Selon Le Monde du 26 mai 1998, l'armée aurait mené une opération de ratissage pendant la semaine précédant les élections, faisant une trentaine de morts ; les rebelles auraient répliqué en tuant huit civils, puis deux soldats transportant des enveloppes qui contenaient des résultats électoraux.
↑(fr) Thomas Sotinel, « Au Sénégal, des partis d'opposition contestent le résultat des élections », Le Monde, 29 mai 1998
(fr) Observatoire national des élections, Rapport final sur les élections législatives du , Dakar, , multigr. 227 p.
(fr) Ministère de la femme, de l'action sociale et de la solidarité nationale, Législatives '98 : démocratie où es-tu ?, Fondation Friedrich Ebert, Dakar, 1999, 82 p. (ISBN2913530125) (campagne du Conseil sénégalais des femmes, COSEF)
(fr) « Les élections législatives de 1998 » (dans Adrien Thouvenel-Avenas, L'alternance politique au Sénégal : 1980-2000, Université Sorbonne-Paris IV, mémoire de Master 2 d'Histoire contemporaine)