Élection présidentielle turkmène de 2022
L'élection présidentielle turkmène de 2022 a lieu le afin d'élire le président de la république du Turkménistan. Organisée de manière anticipée deux ans avant la date prévue, l'élection fait suite à la démission annoncée du président Gurbanguly Berdimuhamedow, ce dernier préparant depuis plusieurs années sa succession au profit de son fils Serdar Berdimuhamedow. Sans surprise, Serdar Berdimuhamedow remporte l'élection dès le premier tour avec près de 73 % des suffrages. ContexteSituation démocratiqueLe Turkménistan est un régime autoritaire où aucune opposition organisée n'est permise face à un pouvoir encensé par un culte de la personnalité. Le pays n'a connu que deux présidents depuis son indépendance lors de la chute de l'URSS en 1991 : Saparmyrat Nyýazow puis, à sa mort en 2006, Gurbanguly Berdimuhamedow. Élu en 2007, ce dernier est réélu en 2012 puis en 2017 pour un mandat de sept ans. L'espace politique est dominé par le Parti démocratique du Turkménistan (TDP) — héritier du parti communiste de l'ère soviétique et parti unique jusqu'en 2012 —, aucune opposition n'étant tolérée en dehors de partis fantoches affiliés au pouvoir[1]. Freedom House rapporte ainsi que l'État « continue de violer les droits de l'homme fondamentaux, d'emprisonner les militants d'opposition » et de pratiquer une politique de népotisme. L'organisation lui attribue un score de 1,00 sur son échelle du taux de démocratie, cette dernière allant de 1 pour une dictature totale à 7 pour une démocratie pleine et entière. Freedom House classe le pays parmi les pires violateurs des droits civils et politiques, et lui attribue un taux de liberté de 2 %[1]. Reporters sans frontières classe quant à lui le Turkménistan 178e sur 180 pour le respect de la liberté de la presse en 2021, seuls l'Érythrée et la Corée du Nord faisant pire dans ce domaine[2]. L'organisation note que le pays est « l’un des plus fermés au monde », dans lequel l'ensemble des médias sont contrôlés par le pouvoir, et où internet est soumis à une très forte censure. Sous le prétexte « d'embellir les villes », le gouvernement procède régulièrement à des campagnes de destruction des antennes paraboliques afin d’empêcher la population d'accéder aux médias étrangers[3]. Succession dynastiqueLe , le président Gurbanguly Berdimuhamedow annonce au cours d'une réunion du conseil du peuple son intention de démissionner en . Affirmant prendre cette « décision difficile » afin de confier la direction du pays aux « jeunes générations »[4],[5], il annonce néanmoins son intention de se maintenir comme président du conseil du peuple, la chambre haute turkmène. Le lendemain même, le président de la commission électorale Bezirgen Karaev annonce la tenue d'une élection présidentielle anticipée pour le [6]. La décision du président turkmène — qui souffre de diabète — intervient dans la continuité d'une stratégie de « succession dynastique » observée depuis plusieurs années[7],[8],[9]. Les élections législatives de sont en effet considérée à l'époque comme un tremplin en ce sens pour son fils Serdar Berdimuhamedow[10]. Élu député avec 99,4 % des voix dans sa circonscription, ce dernier connait une rapide ascension au cours des années qui suivent, devenant successivement ministre adjoint des Affaires étrangères, gouverneur adjoint puis gouverneur de la province d'Ahal, ministre du Bâtiment et des Industries et vice-Premier ministre, ainsi que membre du Conseil de sécurité national[11],[12]. Vice Premier ministre d'un gouvernement ne comportant pas de Premier ministre mais directement placé sous l'autorité de son père, Serdar Berdimoukhamedov devient de fait le numéro deux du régime, et est depuis largement perçu comme son héritier désigné[13],[14],[15]. En parallèle, Gurbanguly Berdimuhamedow fait procéder en à une révision constitutionnelle qui rétablit le bicaméralisme en transformant le Conseil du peuple en chambre haute du parlement. L'élection de ses membres au suffrage indirect en voit le président élu avec 100 % des suffrages dans sa circonscription. Le suivant, il prend la présidence du conseil, se réservant ainsi une fonction durable au sein du régime, les anciens présidents étant de droit membres à vie du Conseil du peuple[16],[17]. Système électoralLe président du Turkménistan est élu au scrutin uninominal majoritaire à deux tours pour un mandat de sept ans, sans limitation du nombre de mandats. Est élu le candidat ayant recueilli la majorité absolue des suffrages exprimés au premier tour. À défaut, un second tour est organisé entre les deux candidats arrivés en tête au premier, et celui recueillant le plus de suffrages est déclaré élu[18]. CandidatsLe Parti démocratique du Turkménistan (TDP) nomme Serdar Berdimuhamedow comme candidat le . L'annonce de sa candidature est diffusée sur la télévision nationale[19],[20]. Le Parti agraire du Turkménistan (TAP) nomme Agadjan Bekmyradov comme candidat le à la suite d'un vote unanime en ce sens au congrès extraordinaire du parti[21]. Les candidatures de l'indépendant Berdymammet Gurbanov et du membre du TDP Perkhat Begenjov sont annoncées par la commission électorale le [22], celles des indépendants Maksatmyrat Ovezgeldiyev et Kakageldi Saryeva le 21[23], et celles de l'indépendant Hydyr Nunnaev et du membre du TDP Maksat Odeshov le 22. La candidature de Babamyrat Meredov, membre du Parti des industriels et des entrepreneurs (TSTP), est également annoncée le 22[24]. Participation
Résultats
ConséquencesSerdar Berdimuhamedow remporte sans surprises le scrutin dès le premier tour avec une large majorité des suffrages, entamant ainsi la succession dynastique annoncée[33],[34]. Les résultats prennent plusieurs jours à être rendus publics, un délai remarqué dans un pays où les résultats des scrutins sont habituellement publiés dès le lendemain du vote, et qui font soupçonner une « surprise dans les pourcentages » ayant nécessité un correctif[35],[36]. La passation de pouvoir entre les Berdimuhamedow père et fils intervient le 19 mars au Palais présidentiel d'Oguzhan dans la capitale Achgabat[37],[38]. Notes et références
Voir aussi |