Église Saint-Gilles de Bourg-la-Reine
L’église Saint-Gilles de Bourg-la-Reine est d'une part l'un des éléments principaux du patrimoine de la commune de Bourg-la-Reine, en région Île-de-France et d'autre part le lieu de culte catholique de la paroisse Saint-Gilles de Bourg-la-Reine, l'une des 78 paroisses des Hauts-de-Seine. Première égliseHistoriqueL'édifice fut construit en 1152[1] par les religieuses de l'abbaye de Montmartre[2], à proximité du ru de Fontenay, à l'angle de la Grande-Rue et de la rue de la Bièvre, du côté gauche en venant de Paris, et en regardant vers l'actuel cimetière, en direction de la Bièvre. Peu de documents la concernant ont été conservés[3], sinon aux archives historiques de l'archidiocèse de Paris, au musée du Domaine départemental de Sceaux et autres qui ont permis à partir de plans, de gravures anciennes et de devis d'artisans en vue de travaux de restauration, à quelques chercheurs dont Régis Singer de concevoir une maquette, réalisée par Jean-Pierre Franc, ainsi que celle de l'actuelle église. Elle fut abandonnée sous la Révolution, et n'étant pas entretenue, elle a subi les infiltrations des eaux de la Bièvre et du ru de Fontenay qui ont salpêtré ses fondations. Vers les années 1820, le bâtiment menace ruine et, le , le Conseil municipal opte pour sa fermeture, tandis que le de la même année, il décide de construire une nouvelle église à l’emplacement actuel. La première église est démolie en 1836 et les débris ne furent enlevés qu'en 1943. Un chapiteau et une demi colonne furent conservés et se trouvent sur l'actuelle place Condorcet. Une cloche de cet édifice fut conservée et déposée dans la nouvelle église, sur laquelle est inscrit : « L'an 1780, j'ai été bénite par Monsieur Jean Mortier, prestre, chanoine de Saint-Denis du Pas en l'église de Paris et par Madame Marie-Louise de Laval-Montmorency, abbesse de M.M. De de cette paroisse ». Depuis l'origine, la nomination du curé de cette paroisse appartient au chapitre de la cathédrale Notre-Dame de Paris qui nommait par partition, c'est-à-dire que les bénéfices de Paris ou de la campagne auxquels le chapitre avait droit de nommer étaient divisés en autant de parts (partitions), qu'il y avait de chanoines. À chacune des stalles était attachée une de ces partitions, et si l'occupant avait droit au chapitre, il pouvait présenter le candidat de son choix, et même absent de Paris, il pouvait donner procuration à un confrère[4]. Cette cure était échue à la 39e partition[5]. Une fois nommé par le chapitre, le nouveau curé devait obtenir les pouvoirs de juridiction sur la paroisse en s'adressant à l'archidiacre de Josas qui — au nom de l'évêque de Paris — lui donnait la collation ou bénéfice ecclésiastique. Les vicaires étaient choisis par le curé qui avait également la possibilité de permuter avec un prêtre de son choix soit pour raisons de santé ou convenances personnelles. Après la Révolution, la nomination revient à l'évêque de Paris, ainsi que pour celle du vicaire, toujours en vigueur en cette première partie du XXe siècle[6]. DescriptionCe premier édifice était une église orientée avec l'entrée à l'ouest, autel à l'est, de plan rectangulaire. On y pénétrait par un porche construit après 1567, de taille démesurée de 8,1 mètres de long, sur 4,9 mètres de large. Il était recouvert d'une toiture en appentis avec des coyaux, qui prolongeait celle du presbytère. Sa largeur extérieure était de 13,4 mètres, il possédait une voûte en berceau avec une porte d'entrée au dessus de laquelle on pouvait lire « Il faut adorer Dieu en esprit et en vérité »[7]. Sur la gauche, dans la première travée se trouvaient les fonts baptismaux, éclairés par un vitrail sur le mur ouest. Cette partie des fonts baptismaux formait une petite chapelle indépendante du bâtiment principal, avec un toit en appentis et mesurait intérieurement trois mètres de côté. Accolé au porche de l'église jusqu'à la première travée sur le côté sud de l'édifice un bâtiment qui fut le presbytère, prolongé le long par un petit enclos ou jardin le long du mur sud de l'édifice jusqu'à hauteur de la travée donnant accès au chœur et se terminant par la sacristie qui allait jusqu'au mur du chevet. Des contreforts et des arcs-boutants maintenaient les murs de la nef centrale dont le pignon s'élevait à 18 mètres. L'église est formée d'une nef centrale, encadrée de deux nefs latérales formant les bas-côtés. Sa toiture d'origine, avant les restaurations de 1806, était d'un côté recouverte de tuiles et de l'autre d'ardoises. La pente de la toiture était assez importante du fait de la faible largeur de celle-ci. Les chevrons mesuraient six mètres de long. La longueur totale intérieure de la nef étant de 22,8 mètres sur une largeur de 11,7 mètres, elle était à l'origine divisée par cinq travées, les deux de l'entrée ayant été détruites en 1567 par les Huguenots qui l'incendièrent[8]. Elle ne perdit pas toutefois sa longueur (24,5 mètres) du fait de la construction du porche. La voûte centrale en ogive d'une dimension intérieure de 13,5 mètres reposait d'un côté sur les piliers séparant les bas-côtes de la nef et de l'autre sur des piliers adossés aux murs extérieurs. Les bas-côtés avaient une largeur de 3,4 mètres pour une hauteur de 5,5 mètres et étaient éclairé par des vitraux dans chaque travée, des deux côtés de l'édifice, exception faite à hauteur du chœur sur le côté sud dont le vitrail éclairait la sacristie. Ils étaient recouverts de tuiles et avaient des chevrons de 7 mètres de long, dimensions exigées par l'existence des galeries s'ouvrant dans les combles des bas-côtés. Dans le bas-côté nord se trouvait une plaque de marbre sur laquelle était gravée l'épitaphe de M. Ferry, avocat. À l'est de ce bas-côté sur la gauche du maître-autel est située la chapelle Saint-Jean, rebaptisé chapelle Saint-Gilles le . De l'autre côté du maître-autel se trouvait la chapelle de la Sainte-Vierge. Le chœur était plat comme beaucoup d'églises des environs[9]. L'église possédait une architecture analogue à celle de l'église Saint-Germain-des-Prés[10]. Le chœur et la nef principale étaient éclairés par un vitrail central avec de chaque côté un vitrail plus petit. Le maître-autel était posé sur une estrade d'une marche aux angles coupés. Quelques curés furent inhumés dans le chœur[a] Le clocher de section rectangulaire de 5,75 × 4,65 mètres, se retrouvant situé au milieu de l'édifice à la suite de la destruction des deux premières travées, alors qu'il était avant cette destruction au deux tiers du plan de l'édifice, possédait une tourelle extérieure faisant saillie, contenant un escalier à vis par lequel on entrait depuis l'intérieur de l'église. Le clocher culminait à 26 mètres[11] et contenait plusieurs cloches, dont une seule, la Louise-Marie-Madeleine, réalisée en 1780 par le fondeur Louis Gaudiveau[b], échappa aux fontes révolutionnaires et fut replacée dans la nouvelle église. Le haut du clocher fut reconstruit en 1821, supprimant la flèche et offrant un faîtage plus bas et moins pentu. Il était recouvert d'ardoises. De l'ancienne église restent les deux piliers visibles de la place Condorcet. Ce sont ceux qui séparaient la première travée de la seconde, et cette dernière de la troisième. Ils sont garnis de chapiteaux sculptés, ornés de motifs de trèfles et font une hauteur de 3 mètres de hauteur pour un diamètre de 59 centimètres, dont une partie se trouve enterrée. Ils supportaient une colonne gothique irrégulière de 4,3 mètres de haut. La sacristie était une construction indépendante de l'église et flanquée sur son côté méridional, au niveau du chœur, à partir duquel on pénétrait par la nef latérale dans cette pièce de forme rectangulaire de 2,50 mètres de profondeur, et une longueur de 4,50 mètres. Un fenêtre ronde perçait son mur sud. Sa toiture se composait de deux pentes et six pans avec ligne de bris, la première partant du faîtage étant plus douce que la seconde Le presbytère de cette première église fut construit en partie sur l'emplacement des deux premières travées disparues lors de l'incendie de 1567 et sur une partie des jardins de l'église, s'étendant sur le côté sud de l'édifice, en direction de l'est. Cette demeure, dont le pignon s'élevait à 12 mètres, présentait deux niveaux avec un grenier et mesurait en façade 6,50 mètres et sur une longueur de 15,40 mètres au bord du chemin longeant le ruisseau de Fontenay. Son entrée se faisait sur la place de l'église par une porte à laquelle on accédait en gravissant deux marches. Elle fut détruite en 1943. Par manque d'entretien, il est indiqué par les autorités le que les habitants doivent faire des réparations aux voûtes, couverture des bas-côtés du chœur et qu'ils devront être clos à l'alignement de la clôture du chœur. L'église fut fermée par décret de la Convention, le . Puis elle est rendue au culte. Le , le maire de Bourg-la-Reine alerte le sous-préfet sur l'état de délabrement de l'église paroissiale. En réponse, le , sur ordre de Nicolas Frochot (1761-1828), préfet de police de la Seine, l'architecte de la Petite-Voirie organise une visite de l'église le en compagnie du sous-préfet de Sceaux, du maire de la commune, M. Lavisé, de MM. Saint-Cyr et Galois, marguilliers, de l'abbé Antoine Ducasse, curé. Devant le danger imminent, il fut interdit aux fidèles d'entrer dans l'église. Le , le maire demande à M. Gérard architecte son avis sur les réparations à effectuer sur le bâtiment, lequel répond que la couverture du porche est très dégradée, que les chevrons sont pourris, que le plancher des fonts baptismaux est démoli, que la nef collatérale, à droite, a effectué un mouvement ainsi que les piliers en direction du sud, que ce déplacement des éléments risque d'entraîner la chute de la nef centrale et que la couverture des trois nefs est dans un état désastreux. Il affirme cependant que moyennant une somme de 20 000 et 25 000 francs, il pourrait en reconstruire une autre, ce qui serait préférable à des réparations pour un montant de 1 775,89 francs à la suite desquelles il faudrait sans cesse surveiller l'édifice qui resterait d'une sécurité précaire. La commune opta pour des travaux, et le , le préfet autorise le maire à convoquer le Conseil municipal en séance extraordinaire pour trouver le financement des travaux. Ceux-ci commencèrent à la fin de l'année jusqu'au début de 1807. En 1818, de nouvelles réparations des toitures de la sacristie et des bas-côtés sont nécessaires pour une somme de 590,25 francs. En 1820, le clocher qui penchait vers le sud, en direction de l'église, fut détruit et reconstruit. Des tirants de fer furent posés pour maintenir l'ensemble des murs et un ravalement fut effectué pour une dépense de 3 354,29 francs. Le , l'édifice menace de s’effondrer, entraînant un arrêté du maire, M. Deroche, le décrétant la fermeture immédiate de l'église, et que la messe serait provisoirement célébrée dans la maison de MM. Benoist et Mony sise en bas de la côte. Sa fermeture définitive eut lieu 15 jours plus tard le . L'église fut détruite en 1835 et le terrain et les matériaux furent vendus. Eglise actuelleConstruction
DescriptionGeorges Poisson écrit : « L'église est orientée nord-sud et non pas est-ouest comme traditionnellement. On y accède par un portique triangulaire ionique avec quatre colonnes. Elle se compose d'une nef de huit travées, encadrée de bas-côtés et couverte d'un plafond plat à caissons. Des colonnes à chapiteaux ioniques séparent les bas-côtés de la nef, qui est éclairée par des fenêtres hautes. Cette partie originale conçue selon le type basical cher à cette époque Monsieur Hautecœur fait remarquer que les basiliques romaines Sainte-Marie-Majeure, Saint-Paul-hors-les-Murs, étaient restaurées à la même époque, mais il cite l'église de Bourg-la-Reine comme l'exemple du plan basical à transept, alors que ce dernier est postérieur - devait se terminer par un chevet plat creusé d'une abside, qui a été remplacé 60 ans plus tard par le transept actuel, flanqué de pilastre ioniques, et le chœur prolongé d'une abside. Le clocher qui flanque le bras ouest du transept, remonte également à cette dernière époque. » ClocherSes dimensions qu'il conserva après avoir été démonté en 1897, sont de 4,10 m de côté, sur une hauteur de 19 m. Il a été restauré en 1984. Il porte cinq cloches, dont la plus ancienne, Louis-Marie-Madeleine, provient de la première église et date de 1780, et avait pour marraine Marie-Louise de Montmorency-Laval, dernière abbesse de l'abbaye de Montmartre, guillotinée le (6 thermidor an II), elle avait 71 ans, elle était paralysée, sourde et aveugle. Elle échappa aux fontes de la Révolution et fut classée à l'inventaire des monuments historiques le [14]. En 1897, est installée la cloche Marie-Élisabeth-Alexandrine. La cloche Emmanuel est installée en 1985 ; Gilles et Leu sont installées en 1995. Travaux de restaurationEn 1924, le plafond de l'église est refait sous la direction de l'architecte J. Frémaux[15]. Les peintures de l'abside ont disparu lors des ravalements des années 1970-1980, dont une figuration de Dieu le Père, les bras écartés, accueillant ses enfants. Au début des années 1980, l'intérieur de l'édifice est restauré, d'anciennes statues sont déposées et le chœur est rénové. De nombreux symboles y sont alors ajoutés : vitrail du chœur et vitraux des bas-côtés[c], couleur bleue (rappelant le ciel) de la voûte à la croisée du chœur, de la nef et du transept, grande croix du chœur[d]. Cette grande croix domine l'assemblée de ses six mètres de haut. Son montant vertical symbolise l'arbre de la mort enraciné dans notre terre qui évoque le supplice du Christ ; plus haut, l'or symbolise le Christ ressuscité ; l'arbre de mort devient ainsi l'arbre de vie ; la sève est le sang versé. L'arbre s'épanouit ensuite en sept volutes, le chiffre parfait qui exprime dans l’Apocalypse de saint Jean la totalité des communautés chrétiennes de toute la terre et de tous les temps. Deux branches s'élèvent particulièrement épanouies en dessinant un cœur : l'amour de Dieu et notre amour pour nos frères[16]. Le revêtement du sol est ensuite refait et le nouveau baptistère, œuvre des ateliers d'art liturgique Chéret, est inauguré en 1997. Au cours de l'année jubilaire 2000, est installé un nouvel autel en marbre, œuvre de la marbrerie Cauchois et de la Maison Chéret[17]. Œuvres d'artParmi les œuvres que cette église conserve, quelques-unes sont inscrites ou classées à l'inventaire des monuments historiques[18]. Dans l'ordre chronologique :
OrguesL'orgue actuel fut construit en 1978 par le facteur d'orgues Dominique Oberthür, facteur d'orgue à Saintes[31]. L'instrument se prénomme Jean-Noël et fut béni le et inauguré le . Il est restauré en 2014 pour améliorer sa qualité sonore en affinant les réglages mécaniques et en régulant la pression du vent. Deux nouveaux jeux de tuyaux sont alors ajoutés[e]. Les organistes successifs sont :
Lieu de culteBénédictionLa bénédiction a lieu le Jeudi-Saint , l'abbé Joseph Duverdier étant curé[12]. Le , Mgr François Favreau vient consacrer l'église qui n'avait reçue qu'une bénédiction en 1837. ParoisseLa paroisse de Bourg-la-Reine existe depuis l'an 1200 lorsqu'elle fut détachée de celle de Bagneux[36] avec la construction de la première église sous le vocable de saint Gilles par les chanoines du chapitre de Notre-Dame de Paris et les religieuses de l'abbaye de Montmartre, vers 1200. Depuis , la commune de Bourg-la-Reine fait partie du doyenné de la Pointe Sud, l'un des neuf doyennés du diocèse de Nanterre[37]. L'autre paroisse de Bourg-la-Reine est l'église de la Pentecôte de Port-Galand au 2, rue de la Sarrazine. Liste des curésPersonnalités et événements
Pour approfondirBibliographie
Articles connexesLiens externes
Notes et référencesNotes
Références
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