Yarmouk (en arabe :اليرموك) est une villesyrienne en banlieue sud de Damas, bâtie par les réfugiés palestiniens en Syrie en 1957 à la suite de la guerre de 1948. Avant la guerre civile syrienne, il s'agissait du plus grand camp de réfugiés palestiniens au monde. La grande majorité des habitants a fui les bombardements et le siège de 2013 à 2015.
Histoire
Le camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk, à 8 kilomètres du centre-ville de Damas, voit le jour en 1957 sur 2,11 km2. D'un point de vue administratif, Yarmouk devient alors une ville du gouvernorat de Damas[1]. Au fil des ans, le camp est construit en dur avec des magasins et deux axes de rues principaux. Au début du XXIe siècle, la ville compte quatre établissements de santé, plusieurs établissements scolaires, dont vingt écoles élémentaires gérées par l'UNRWA. Un jardin d'enfants est construit sur des fonds publics australiens en 1997, un centre de soins est fondé sur deniers publics néerlandais en 1998.
En , deux factions rivales s'affrontent violemment : des milices de l'armée syrienne libre (appuyée par les États-Unis), secondées par la liwa al-Assifa, et en face celles du FPLP-CG appuyées par l'armée syrienne. À cause des destructions, la plupart des habitants s'enfuient et il ne reste plus qu'environ 18 000 réfugiés palestiniens ou citoyens syriens à Yarmouk.
Le 23 mars 2014, alors que de l'aide alimentaire vient d'être livrée par l'UNRWA, un lance-roquette est dans la foule rassemblée pour recevoir un colis, 7 personnes sont tuées et au moins 3 sont blessées, dont un enfant de 6 ans[4].
À partir de l'été 2013, les 18 000 Palestiniens réfugiés, dont 3 500 enfants, qui restent dans Yarmouk[3] sont soumis à un siège des forces pro-gouvernementales syriennes, qui les prive de nourriture et de tous les biens de première nécessité. Les réfugiés souffrent de malnutrition extrême, de déshydratation et de manque de soins[5],[6]. Le siège dure deux ans[7],[8]. Au moins 170 personnes meurent de faim selon l’ONG palestinienne Jafra[9], 200 selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme[10].
En 2014, une photographie des habitants affamés, en attente d'aide humanitaire ou d'évacuation, comme une marée humaine dans une rue de Yarmouk, fait le tour du monde[11].
Le , des groupes armés de l'État islamique délogent l'armée syrienne libre de la plus grande partie de la ville et après plusieurs jours d’affrontements contre des combattants palestiniens, qui ont fait une trentaine de morts, s’emparent d'une grande partie de la ville[10]. Les habitants ayant réussi à s’échapper témoignent de violences inouïes: « J’ai vu des têtes coupées. Ils tuaient les enfants avant les adultes. » Un adolescent raconte avoir vu deux jihadistes « jouer avec une tête coupée comme si c'était un ballon. »[10] À partir du suivant, les milices du Front populaire de libération de la Palestine-Commandement général (FPLP-CG) et d'autres milices palestiniennes reconquièrent quelques zones de la ville[7].
La contre-offensive du régime a lieu en 2017 et 2018. Après l'évacuation d'un certain nombre de civils qui y étaient demeurés, les troupes loyalistes de Bachar al-Assad encerclent le millier de combattants de l'EI qui s'y sont retranchés. Le , l'armée loyaliste reprend le contrôle total de la ville, après que les quelques 1 600 à 1 800 combattants de l’EI, leurs familles et des civils ont quitté le camp palestinien, ainsi que les quartiers environnants de Hajar Al-Aswad et de Tadamoun, après un accord conclu entre les militaires syriens et l'organisation djihadiste[12].
Après six années de combats et les bombardements aériens intensifs du régime, le quartier de Yarmouk est en ruine[2],[13],[14]. En 2017, on estime qu'il reste environ 6 000 habitants dans Yarmouk[3]. Les opérations de déblaiement des rues commencent en [2].
Personnalités
Ahmad Joudeh (1990-), danseur de ballet et chorégraphe, né à Yarmouk.
Niraz Saied, photographe et journaliste mort dans les prisons du régime en 2016
Aeham Ahmad, surnommé le « Pianiste de Yarmouk », réfugié en Allemagne[15]