William Haussoullier

William Haussoullier
Portrait dessiné (1850) par Théodore Chassériau.
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William Haussoullier, né le à Paris, ville où il est mort le , est un peintre et graveur français, spécialisé dans les scènes religieuses et de genre.

Biographie

La Fontaine de Jouvence (1844), toile exposée au Salon de 1845 (collection Graham Reynolds, Londres).
Jules Barbey d'Aurevilly (vers 1845 ?), musée Barbey-d'Aurevilly.

Né à Paris (ancien 3e arrondissement)[1], Guillaume Haussoullier (parfois écrit « Haussoulier ») et qui se fit appeler du prénom de William peut-être dû à une ascendance anglaise par sa mère Lucy Sisson, est admis à l'école des Beaux-arts et devient l'élève, puis l'assistant, de Paul Delaroche. Son premier travail présenté au Salon de Paris remonte à 1838, il s'agit d'une peinture intitulée Agar dans le désert, sans doute un thème biblique imposé dans le cadre de ses études ; son adresse est mentionnée au 26 rue Meslay[2]. Haussoullier revient au Salon en 1840, 1841 et 1845.

C'est au cours du Salon de 1845 que Charles Baudelaire s'enthousiasme pour sa toile, titrée Fontaine de Jouvence, au grand étonnement du milieu de l'art, puisqu'il est bien le seul à trouver ce tableau intéressant[3],[4]. Le jeune critique écrit en effet à son propos[5] :

« Après les tableaux merveilleux de M. Delacroix, celui-ci est véritablement le morceau capital de l'Exposition ; disons mieux, il est, dans un certain sens toutefois, le tableau unique du Salon de 1845 ; car M. Delacroix est depuis longtemps un génie illustre, une gloire acceptée et accordée ; il a donné cette année quatre tableaux ; M. William Haussoullier hier était inconnu, et il n'en a envoyé qu'un. »

et conclut, après une longue description, que

« Le sentiment de ce tableau est exquis ; dans cette composition l'on aime et l'on boit, — aspect voluptueux — mais l'on boit et l'on aime d'une manière très sérieuse, presque mélancolique. Ce ne sont pas des jeunesses fougueuses et remuantes, mais de secondes jeunesses qui connaissent le prix de la vie et qui en jouissent avec tranquillité. »

La Fontaine de Jouvence, qui s'inscrit dans son époque marquée par le style troubadour, va cependant disparaître de la vue du public pendant près d'un siècle, et son auteur, sombrer en grande partie dans l'oubli. En 1937, Graham Reynolds, le conservateur des estampes au Victoria & Albert Museum de Londres, découvre cette toile en vente chez Christie's et l'acquiert pour quelques livres sterling : on lui doit la reconstitution des débuts de ce peintre[6].

Haussoullier semble avoir des origines familiales en Angleterre, il est lié aux Payton, et possède un courtier sur la place de Londres, où sera rapidement vendue la Fontaine de Jouvence : en 1844, il l'exposait déjà à la Royal Academy. C'est ce détail qui intrigua Graham Reynolds. Il révèle entre autres que Haussoullier avait pour ami Théodore Chassériau qui fit son portrait au crayon en 1850. Le peintre fréquentait aussi Eugénie de Guérin, qui, après 1839, écrivit à son ami Jules Barbey d'Aurevilly pour lui recommander Haussoullier ; ce dernier fit un portrait de l'écrivain à la mode bohème[3].

Après ces débuts, Haussoullier va recevoir à Paris, dès les années 1853-1854, des commandes de l'administration impériales des beaux-arts : portraits officiels, scènes religieuses destinés à des églises. Toutefois, un tournant s'opère après 1865. Haussoullier avait, depuis 1845, exposé très régulièrement au Salon des peintures religieuses. À partir de 1867, il présente désormais des gravures, et ce, sur les conseils de Léopold Flameng[3]. Et il ne cessera d'en produire et d'en montrer jusqu'au Salon des artistes français de 1892. Ce sont pour la plupart des eaux fortes d'interprétation, d'après les grands maîtres de la Renaissance italienne[7], auxquelles l'expert Henri Beraldi trouve de bonnes qualités[8]. Certaines de ses eaux fortes ont été reproduites dans la Gazette des beaux-arts[3].

Devenu membre de la Société des artistes français, il meurt le en son domicile, au 61 boulevard Suchet dans le 16e arrondissement de Paris[9] quelques jours avant l'ouverture du Salon. Il est inhumé au cimetière d'Auteuil (9e division)[10]

Il avait pour beau-fils l'artiste William Julian-Damazy, enfant que son épouse avait eu lors d'un précédent mariage[3].

Conservation de ses œuvres

La Mort de sainte Catherine d'Alexandrie (1859).

Notes et références

  1. Archives de Paris 16e, acte de mariage no 165, année 1865 (vue 25/31).
  2. Fiche exposant Salon de 1838, base salons du musée d'Orsay.
  3. a b c d et e Jacques Crepet, « À propos d'une toile célébrée par Baudelaire », In: Le Figaro, Paris, 15 novembre 1924, p. 1 — sur Gallica.
  4. René M. Galand, « Baudelaire et la Fontaine de Jouvence », In: Bulletin baudelairien, 2-1, Nashville, 31 août 1966, p. 2-7[PDF] lire en ligne.
  5. Ch. Baudelaire, Curiosités esthétiques. L'Art romantique et autres Œuvres critiques, textes établis par Henri Lemaître, Paris, Garnier Frères, 1962, p. 16-20.
  6. (en) Graham Reynolds, « 'The Fountain of Youth' a forgotten star of the 1845 salon », In: Apollo (Vol. 162, Issue 522), août 2005 — lire en ligne sur The Free Library.
  7. Fiche exposant SAF 1892, base salons du musée d'Orsay.
  8. Henri Beraldi, Les graveurs du Dix-neuvième siècle, tome VIII, Paris, Léon Conquet, 1889, p. 64-65.
  9. Archives de Paris 16e, acte de décès no 424, année 1892 (vue 27/31).
  10. Registre journalier d'inhumation du cimetière de Paris Auteuil de 1892 en date du 2 avril (page 24/31).
  11. Base Palissy, ministère de la Culture.
  12. Notice no 50350123926, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Joconde, ministère français de la Culture.
  13. Base Cat'zArts, collections en ligne de l'ENSBA.
  14. Paris-Musées, collection en ligne des musées la Ville de Paris.

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