Vox in excelso
Vox in excelso est une bulle pontificale fulminée datée du , mais rendue publique uniquement le 3 avril de la même année par le pape Clément V, lors du concile de Vienne[1]. Elle établit officiellement la dissolution de l'ordre du Temple. Elle fut adoptée lors d'un consistoire secret quelques jours avant sa publication, auquel assistèrent quelques cardinaux. Les quatre cinquièmes de l'assistance se prononcèrent pour la suppression. Extrait du texte de Vox in excelso
Contexte historiqueClément V scelle le sort de l'ordre du Temple. Il est désormais aboli, sans l'approbation du Concile (seul le consistoire réduit s'était prononcé). Le silence auquel l'assemblée a été contrainte n'a pas plu à tous. Le Concile de Vienne (alors ville d'Empire), ouvert en octobre 1311, a failli mal tourner, du point de vue du pape et du roi de France. Rassemblant quelque 200 prélats, le concile a été convoqué pour examiner trois questions : l'affaire des Templiers et l'examen des charges qui pèsent contre eux, le lancement d'une nouvelle croisade et la réforme de l'Église. Mais son principal objectif est, quoi qu'il arrive, de régler le problème que pose l'ordre du Temple. Philippe le Bel souhaiterait que le pape condamne l'Ordre, mais des groupes de plus en plus nombreux de religieux souhaitent la tenue d'un procès en bonne et due forme, et que la défense des Templiers soit assurée[2]. Par ailleurs, neuf templiers[3] ont fait le déplacement afin de défendre l'Ordre, et prétendent que 1500 à 2000 de leurs frères sont à Lyon et dans les environs, prêts à venir témoigner pour défendre l'Ordre. Clément V, craignant un coup de force, écrivit, en , à Philippe le Bel, pour l'informer de l'arrivée de ces Templiers et ordonna qu'on remette ces Templiers au geôlier[4]. Il semblait à beaucoup de religieux qu'un procès et une défense pourraient laver les Templiers d'un certain nombre d'accusations. Mais le roi de France contre-attaque, le mois suivant, et convoque des États généraux pour le à Lyon, à proximité de Vienne. Ces États généraux approuvent le principe de la suppression du Temple. Habilement, Philippe le Bel écrit au pape pour lui transmettre cette revendication et demande la création d'un nouvel ordre. C'est là l'un des souhaits, déjà ancien, du roi de France qui a aussi l'ambition d'installer un de ses fils à la tête du nouvel Ordre. Accompagné d’une forte escorte, Philippe le Bel arrive à Vienne, le 20 mars. Cette manifestation de force laisse peu de choix au concile et aux prélats. Deux jours plus tard, le consistoire secret approuve la suppression de l'Ordre, à la majorité de quatre cinquièmes des voix. De nombreuses voix, tantôt de manière désabusée, tantôt de manière véhémente, s'opposèrent à la décision prise par le pape. On peut citer en exemple le moine cistercien Jacques Thérine, qui enseignait la théologie à l'Université de Paris, et qui s'offusqua de la suppression de l'Ordre : il publia un manifeste, intitulé Contra Impugnatores Exemptiorum, dans lequel il s'interroge sur la question de la culpabilité des Templiers, qu'il met en doute[5]. Après Vox in excelsoPour clore la lecture publique de la bulle, Clément V annonce finalement le projet d'une nouvelle croisade. C'est là aussi l'un des vœux de Philippe le Bel. Le roi de France échoue cependant sur un point, la création d'un nouvel ordre militaire qui aurait pu être le fer de lance de l'expédition vers la Terre sainte. Reste encore à régler un point d'importance : l'avenir des biens de l'ordre du Temple. Par une bulle fulminée le , "Ad providam Christi vicarii", le pape attribue le patrimoine des Templiers à l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Les Hospitaliers auront bien du mal à rentrer en possession des biens du Temple attribués par la papauté. Dès la première vague d'arrestations, en 1307, la fortune des Templiers a été mise sous séquestre. Nombre de puissants en avaient dès lors commencé le dépeçage. Toutefois, les biens situés en Aragon, en Castille, au Portugal et à Majorque virent leur sort réservés par la bulle Ad providam, dans l'attente d'une décision ultérieure. Le dernier acte de l'affaire du Temple se jouera le avec la mise à mort du dernier maître de l'Ordre, Jacques de Molay, et celle de Geoffroy de Charney, brûlés vifs à Paris, sur ordre royal, car déclarés "relaps" lorsqu'ils revinrent sur leurs aveux. Bibliographie
Notes et références
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