À la suite de la censure de son court-métrage Le Général et l’homme réel et voyant son art incompris, Vlado Kristl, refusant tout compromis, quitte la Yougoslavie en 1963, pour s’installer en Allemagne (Munich, Hambourg) et en France (Fanjeaux). En Allemagne, il est considéré comme un « génie » du Nouveau cinéma allemand et son œuvre compte plus d’une trentaine de films expérimentaux, dont des court- et long-métrages, et des films d’animation. Il est très respecté dans des milieux du cinéma et dans certains cercles anarchistes, mais aussi par ses étudiants à l’Ecole supérieure d’arts visuels (HFBK) à Hambourg, où il enseigne de 1979 à 1996. Il écrit de la prose et de la poésie en allemand et il publie en auto-édition ou chez ses éditeurs fidèles.
À partir de 1965, il retourne au dessin et à la peinture, et s’y consacre entièrement jusqu’à la fin de sa vie, en réalisant surtout des huiles sur toiles et des huiles sur lithographies. D’apparence classique et figurative, les peintures de Kristl se distinguent pourtant de toute représentation formellement reconnaissable, il peint sans la moindre ambition marchande et sans chercher de promotion, au contraire : par son expression inconditionnelle et très personnelle, il rejette toute appartenance collective. L’écriture et la peinture deviennent ses principaux moyens de communication. Ses œuvres trouvent leur force dans son regard critique qui imprègne ses peintures et ses mots, avec le langage caractéristique de Vlado Kristl : à la fois classique et d’avant-garde, intrigante et provocante, lucide et humoristique, libre et introvertie. Il décède à Munich en 2004. Il laisse en héritage une peinture riche, complexe et controversée, aujourd’hui dispersée à plusieurs endroits de l’Europe, qui n’a été montrée et valorisée que partiellement jusqu’à présent.
Am Wegende, am Bach, mit Susanne oder: Die Postmderne, das Ende des Funktionalismus und das der faschistischen Logik / A la fin du chemin, au bord du ruisseau, avec Susanne ou : postmodernisme, la fin du fonctionnalisme et de la logique fasciste (film d'animation), RFA, 1987 (15 min)
Tod des Beamten / La mort du fonctionnaire, Allemagne, 1990 (15 min)
Die Schule der Postmoderne / L'école du postmoderne, Allemagne, 1990 (15 min)
Elektromobil, Allemagne, 1991 (29 min)
Partei der Intelligenz / Le parti de l'intelligence, Allemagne, 1992
Die Gnade nichts zu sein / La grâce d'être rien, Allemagne, 1993-97 (84 min)
Die Hälfte des Reichtums für die Hälfte der Schönheit / La moitié de la richesse pour la moitié de la beauté (film d'animation), Allemagne, 1994 (9 min)
Als man noch aus persönlichen Gründen gelebt hat / Quand on a encore vécu pour des raisons personnelles, Allemagne, 1996 (6 min)
Der letzte Klon / Le dernier clone (film d'animation), Allemagne, 1998 (6 min)
Drei faule Schweine / Trois cochons paresseux, Allemagne, 2000 (7 min)
Kunst ist nur außerhalb der Menschengesellschaft / L'art se passe uniquement hors de l'humanité, Allemagne, 2002 (9 min)
Weltkongress der Obdachlosen / Le congrès mondial des sans-abris, Allemagne, 2004 (4 min)
Expositions et rétrospectives
2003 : Rétrospective « Vlado Kristl » à la Cinémathèque de Munich. Du 9. septembre au 7. .
2007 : Exposition « Vlado Kristl avant l'exil (l'Œuvre entre 1943 et 1963 » au Pavillon de l'art, Zagreb, organisé par le Musée d'art contemporain de Zagreb (MSU). Du au .
2012 : Rétrospective de films au Centre Pompidou. Les films suivants sont montrés : « La peau de chagrin », « Le Général et l’homme réel » « Film oder Macht ». Cette projection a été réalisée dans le cadre de la programmation du film expérimental faisant partie du festival « Croatie la voici », sous la direction de Philippe-Alain Michaud et en coopération avec les ministères de la culture croate et français. Du 12 au . Le Centre Pompidou possède une sélection de films de Vlado Kristl dans sa collection.
2014 : Rétrospective de films de Vlado Kristl : « Death to the Audience » au Département du film de la Tate Modern, sous la direction de Chris Dercon, commissaire George Clarke avec le soutien de l’Institut-Goethe de Londres et le Musée de film de Munich. Du 7 au [5],[6].
2020 : Exposition « Madeleine, Madeleine » à la Cité internationale des arts avec des peintures, poésies et rétrospective de ses films. Commissaire de l’exposition : Jerica Ziherl. Du 14 au .
Publications
Harlekin. Drama in 4 Akten, Zagreb, 1953.
Neznatna lirika (Une lyrique insignifiante), avec une préface de Jure Kaštelan(en), auto-édition, Zagreb 1959.
Pet bijelih stepenica (Cinq marches blanches), Zagreb, auto-édition, 1961 ; Zagreb, Édition d'art Petikat, 2009.
« General i pravi čovjek (General und der ernste Mensch) », dans la revue de cinéma Simplicissimus, Munich, 1962.
Geschäfte, die es nicht gibt, Munich, Édition Längsfeld, 1966.
Komödien, Berlin, Édition Kinema Verlag, 1968.
Mundmaschine, Munich, Édition UnVerlag, 1969.
« Vorworte », dans Zeitschrift für unbrauchbare, Munich, Texte, 1970/1971.
« Antrag auf Förderung eines Films » (1971) in : Hans Helmut Prinzler, Eric Rentschler (dir.) : Der alte Film war tot. 100 Texte zum westdeutschen Film 1962–1987, Frankfort-sur-le-Main, Filmverlag der Autoren, 2001.
Der gelernte, diplomierte und promovierte Autodidakt, Sarrebruck, Édition Saarländisches Künstlerhaus, 1996.
Gedichte für Freunde, Fanjeaux, Édition Kristl Kristl & Strandfilm, 2000.
Land der Kunst, Ungeliebtes Land/ Demokratie im 21. Jahrhundert / Das unnatürliche Ziel, Munich, auto-édition, 2002.
Menschenfeind, Munich, auto-édition, 2003.
Ende der Ordnung (Model für das Künstlerbuch, München 2004), Zagreb, DAF, 2007.
Vlado Kristl (poèmes des recueils Une lyrique insignifiante, Zagreb, 1959, et Cinq marches blanches, Zagreb, 1961). Publications bilingue français - croate, traduit par Martina Kramer, Édition L'Ollave, Vaucluse 2020.
↑(hr + de) Ziherl, Jerica (Ed.), Catalogue de l'exposition "Vlado Kristl", Rijeka, Croatie, Edition du Musée d'Art moderne, Rijeka, , 182 p. (ISBN9789536501762, OCLC452331445), p. 146-178.
↑(de) Vlado Kristl, « Der Brief & Obrigkeitsfilm - livret complémentaire », DVD édition, Filmmuseum München, Goethe-Institut, , p. 20 (lire en ligne, consulté le ).
↑(de) Vlado Kristl, « Der Damm & Film oder Macht - livret complémentaire », DVD édition, Filmmuseum München, Zagreb Film, Slovenski filmski center, Goethe-Institut, , p. 20 (lire en ligne, consulté le ).
(de) Wolfgang Jacobsen (dir.), Vlado Kristl: Noch - immer nichts. Briefe und Zeichnungen, Berlin, Verbrecher Verlag, 2015.
Jörg Schöning, « Vlado Kristl », in CineGraph, vol. 16 (1990). Avec un essai de Thomas Brandlmeier.
(de) Christian Schulte, Vlado Kristl. Die Zerstörung der Systeme, Berlin, Verbrecher Verlag, 2010.
(de) Christian Schulte, Franziska Bruckner, Stefanie Schmitt, Kathrin Wojtowicz (dir.), Vlado Kristl. Der Mond ist ein Franzose, coll. « Maske und Kothurn. Internationale Beiträge zur Theater-, Film- und Medienwissenschaft », n° 57, vol. 3-4, Böhlau, 2011.
(de) Jerica Ziherl (dir.), Vlado Krisl (cat. exp.), Rijeka (Croatie), Musée d'Art moderne, 2010. Avec des articles par Jerica Ziherl, Madeleine Kristl, Jelena Kristl, Marina Viculin, Matthias Mühling, Thomas Brandlmeier, Carola Regnier.
Filmographie
(de) Kurt Benning, Vlado Kristl Portrait, Allemagne, 2003 (60 minutes).