Vipère au sein
Vipère au sein (The Double Shuffle) est un roman policier de l’écrivain britannique James Hadley Chase publié en 1952 à Londres[1], aux éditions Robert Hale Limited[2]. Il est édité aux États-Unis en 1953 par E. P. Dutton[3] à New York[1]. Le livre paraît en France dès 1952 dans la Série noire sous la signature de l'auteur. La traduction est signée Huguette Couppié et Henri Collard. L'action se situe dans la région de San Francisco et Los Angeles, en Californie. C'est le premier roman signé James Hadley Chase ayant pour personnage principal Steve Harmas, mais celui-ci est apparu dès 1947 dans No Business of Mine[4], paru sous le pseudonyme de Raymond Marshall. RésuméL'enquêteur Steve Harmas est chargé par son patron Maddux, chef du contentieux d'une compagnie d'assurances, d'étudier un étrange contrat : 100 000 dollars en cas de décès d'une jeune femme, Susan Gellert, mais tous les cas d'accident, meurtre ou maladie semblent exclus, ce qui entraîne une cotisation minime. La demoiselle gagne sa vie en se produisant dans un numéro très dénudé avec un serpent cobra, mais les morsures animales sont aussi exclues du contrat. Cependant, comme 9 contrats identiques ont été signés auprès d'autres compagnies, ce qui aboutirait à un million de dollars dans l'hypothèse où il y aurait une faille dans le contrat, Steve Harmas enquête, épaulé par son épouse Helen. « Elle n'a plus qu'à mourir pour devenir riche! Cela sent trop l'arnaque pour que la compagnie d'assurances reste les bras croisés[5]. » Très vite, ils découvrent que le bureau de l'agent de Susan a été fouillé, croisent une femme pressée au coûteux parfum, trouvent le concierge poignardé, et se heurtent à un homme qui assomme Steve. Ils apprennent aussi que Susan a une sœur jumelle, Corrine, qui vit à Springville, sur une île au milieu d'un lac, avec un homme suspect nommé Bonn. Alors que Steve et Helen surveillent cet endroit, Steve est rappelé pour un autre problème plus urgent : la star de cinéma Joyce Sherman a été enlevée et, par contrat, l'assurance devra payer la rançon à hauteur de 500 000 dollars. Malgré les précautions prises avec la police, la rançon tombe bien aux mains des ravisseurs et Steve échappe de justesse à la mort. Après quoi, c'est Susan Gellert qui est trouvée morte sur l'île de sa sœur, et il semble que les assurances pourraient être contraintes de verser la somme prévue... Steve Harmas soupçonne une substitution entre les jumelles, mais les preuves matérielles le démentent. Il pense aussi que l'enlèvement de Joyce Sherman - qui n'est jamais reparue - est lié à l'autre affaire, mais là aussi, il faut des preuves. Il faudra que Steve soit renvoyé de son travail et affronte en pleine nuit dans une cabane un serpent venimeux avec, à ses côtés, Helen blessée par balles et, dehors, un tueur aux aguets, pour que tout s'éclaircisse et que les sanctions tombent sur les coupables. Personnages principaux
Serpents et sacs de nœudsLe titre anglais peut être traduit par La double embrouille : to shuffle signifie aussi bien mélanger (y compris les cartes d'un jeu) que biaiser. C'est évidemment dû à la dualité des enquêtes - qui se rejoignent - et à celle des jumelles Gellert, qui est à la base de l'arnaque. Helen Harmas le sent ainsi : « J'ai l'impression que leur combinaison pourrait être comparée à un tour de prestidigitateur. Rien dans les mains, rien dans les poches, passez muscade, et voilà l'as qui sort[16]. » il est vrai qu'à cela répond la dualité des enquêteurs, puisque c'est un couple qui mène les recherches - originalité qui n'interdit pas les scènes de séduction et les allusions sensuelles, mais les inscrit dans les limites d'un amour conjugal. Le titre français rappelle évidemment le titre d'Hervé Bazin : Vipère au poing, succès encore récent (1948). Les serpents jouent un rôle dramatique et symbolique dans le roman de James Hadley Chase, mais ils ont été maltraités par les traducteurs. Si Susan Gellert se produit bien sur scène avec un cobra, les autres serpents de l'histoire, systématiquement désignés comme des « serpents à lunettes » dans le texte français, sont en fait des serpents à sonnette ou crotales, en anglais rattlesnakes. L'auteur[17] précise même dans le chapitre V : « I've seen him tackle a diamond back with his bare hands. » Le crotale diamantin (Crotalus atrox) disparaît à la traduction : « Il les empoigne à pleines mains, je l'ai vu[18]. » Fiction et réalitéL'auteur cite au fil du texte les actrices Joan Bennett[19], Hedy Lamarr[20], et le film Riz amer[21] à propos de la poitrine de Myra Lantis. Malgré cela, la spécialiste Mary Ann Grochowski note que l'on peut hautement s'interroger sur les fraudes à l'assurance, que le cadre ne ressemble guère aux lieux de Californie en cause, et que les personnages conservent une image des années trente ; mais elle ajoute que le lecteur pris par l'action et le style de l'auteur passera sur tout cela[22]. Éditions françaises
Notes et références
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