Violette de CryViola cryana · Pensée de Cry Viola cryana
Exsiccata de Violette de Cry récolté par Charles Royer en 1878 et conservé dans l'herbier du Muséum national d'histoire naturelle de Chagnoux.
La Violette de Cry ou Pensée de Cry (Viola cryana) est une espèce de plantes à fleur du genre Viola endémique du département de l'Yonne, en France, localisée aux coteaux calcaires de la commune de Cry, à l'est du département. Cette espèce est considérée comme éteinte depuis . TaxonomieCette population est découverte dans les années 1860 par le botaniste auxerrois Charles Royer sur les falaises calcaires du Lary blanc, un lieu-dit de la commune de Cry. D'un point de vue systématique, il considère ces spécimens comme des écomorphoses glabres de la Pensée de Rouen, c'est-à-dire des particularités morphologiques dues à l'environnement et non génétiques. Il partage cette station avec les botanistes locaux intéressés dont le pharmacien et botaniste également auxerrois Eugène Ravin et le Dr Gillot de Lézinnes[1]. En 1866, Ravin décrit cette population dans son ouvrage sur la Flore de l'Yonne comme une espèce particulière sous le nom « Violette de Cry » sans lui attribuer de nom scientifique ni remercier son découvreur[2]. En 1878, le Dr Gillot lui donne son nom scientifique Viola cryana ainsi qu'une diagnose latine respectant ainsi les usages de cette époque. Il fustige néanmoins le manque de professionnalisme de Ravin[1] et reçoit le soutien d'autres botanistes[3]. Par la suite, Georges Rouy et Julien Foucaud considèrent dans leur Flore de France de 1896 que cette population est une forme de Viola hispida alors que Paul Fournier lui attribut le statut de sous-espèce en 1928, cette logique se poursuivant lorsqu'il synonymise Viola hispida avec Viola gracilis en 1936[4]. À l'inverse Gaston Bonnier considère cette population comme une espèce à part entière en conservant l'appellation Viola cryana dans sa Grande Flore[5], tout comme François Bugnon dans sa Nouvelle Flore de Bourgogne de 1995[6] et Flora Gallica en 2014[7]. SynonymieViola cryana a pour synonymes[4] :
Noms vernaculairesEn français, Viola cryana a pour noms vernaculaires normalisés « Violette de Cry[8],[9],[10],[11],[12] » et « Pensée de Cry[8],[11],[12] ». En allemand, l'espèce porte le nom « Tonnerre-Veilchen[13] » (Violette-Tonnerre), les falaises de Cry étant situées au sud-est de la ville de Tonnerre. DescriptionEn 1866, Eugène Ravin décrit la Violette de Cry ainsi[2] :
Morphologiquement très proche de la Pensée de Rouen, Viola hispida, elle s'en différencie par l'absence totale de poils[7]. Écologie et répartitionLa violette de Cry est une plante pérenne hémicryptophyte qui pousse sur les coteaux calcaires, surtout sur les éboulis mobiles, exposés au sud et bien ensoleillés en association avec le Tabouret à feuilles rondes ; un biotope qu'elle partage avec la Pensée de Rouen. Elle y fleurit en fin de printemps entre mai et juin[14]. La station du lieu-dit Larris sur la commune de Cry, dans l'Yonne, en France, est la seule connue pour cette espèce[14]. DisparitionCette espèce est considérée comme éteinte[14],[12] depuis 1930, sa dernière mention datant de 1927. Plusieurs facteurs seraient responsables de son extinction : récoltes de botanistes collectionneurs, fermeture du milieu et extension d'une carrière voisine[14]. La Violette de Cry a également disparu des collections des jardins botaniques à cause d'hybridations avec d'autres Pensées. Selon Flora Gallica, il s'agirait d'une des rares espèce de Phanérogame de la flore de France complètement perdue[7]. Théoriquement, ses graines pourraient encore être en dormance dans la banque du sol[14]. Viola cryana apparaît régulièrement dans les inventaires des plantes endémiques d'Europe comme un témoin de la perte de biodiversité en France[15],[16]. La Pensée de Rouen est une espèce très proche qui est rare mais toujours présente sur les falaises crayeuses des vallées de la Seine et de l'Andelle[14]. Notes et références
Bibliographie
Liens externesViola cryana
Viola hispida
Autres liens
|