Une variété finslérienne est la donnée d'une variété différentielle lisse et en chaque point de d'une fonction à valeurs réelles sur l'espace tangent, telle qu'en tout point de la variété , est une norme faible, c'est-à-dire qu'elle satisfait les propriétés suivantes :
(Positivité) Elle est positive, i.e., ;
(Séparation) Elle est définie au sens où ;
(Homogénéité positive) Pour tout nombre réel positif , et pour tout vecteur de , ;
La fonction est appelée métrique de Finsler, et on dit que la variété est munie d'une structure finslérienne. Si la norme faible est une norme, c'est-à-dire si pour tout vecteur de , , on dit que la métrique est réversible.
Remarques
Une définition restrictive consiste à remplacer l'inégalité triangulaire par la convexité quadratique de , c'est-à-dire à exiger que le hessien de soit défini positif. Par hessien on entend la forme bilinéaire suivante :
.
Une autre manière de parler de la convexité quadratique revient à dire que le sous ensemble convexe , appelé boule unité de au point , admet en chaque point de son bord un ellipsoïde osculateur à l'ordre deux. Il revient au même de dire que la courbure de Gauss du bord de est strictement positive en tout point. Il est entendu que dans ce cas la fonction doit être suffisamment régulière pour que lesdits objets existent. On appelle tenseur fondamental le tenseur dans ce cas.
Exemples
Un espace vectoriel muni d'une norme faible. Si la norme est quadratiquement convexe on parle de norme de Minkowski.
Les métriques de Randers, qui sont construites à partir d'une métrique riemannienne en la perturbant par une 1-forme. Plus précisément, si est une variété riemannienne et est une forme différentielle de degré un sur la variété, dont la norme est strictement plus petite que 1 (c'est-à-dire si pour tout et tout ), on peut définir la métrique de Finsler suivante . Dans ce cas, la boule unité est encore un ellipsoïde, mais il n'est plus centré en l'origine.
Les géométries de Hilbert[1]. Elles sont définies à l'intérieur d'un sous-ensemble convexe ouvert et borné d'un espace euclidien comme suit. Soit un tel ensemble convexe de l'espace euclidien . On considère un point et un vecteur (dans ce cas l'espace tangent est identifié à ). La droite passant par le point et dirigée par le vecteur intersecte le bord de l'ensemble convexe en deux points et (ce qui est également une caractérisation des ensembles convexes). On pose alors
Longueur d'une courbe, géodésiques
Si est une variété finslérienne, on peut définir la longueur d'une courbe qui est par morceaux à l'aide de la formule suivanteLes géodésiques sont les courbes qui minimisent la longueur entre les points de leurs images.
Remarques
L'homogénéité positive de la métrique de Finsler implique que la longueur d'une courbe reste invariante par reparamétrisation croissante. Attention au fait que si la métrique n'est pas réversible le sens de parcours influe sur sa longueur.
Lorsque la métrique est suffisamment lisse le calcul des variations nous permet de faire apparaître une équation d'Euler-Lagrange qui est doit être satisfaite par les géodésiques. C'est le cas pour une métrique de Finsler quadratiquement convexe par exemple.
Courbure drapeau des métriques quadratiquement convexes
Soit un champ de vecteur sur un ouvert O de la variété finslérienne , dont la métrique est quadratiquement convexe.
On peut alors définir sur O une métrique riemannienne par l'égalité .
Considérons un segment géodésique et supposons que soit un champ de vecteur qui étend localement, sur un ouvert O contenant , le champ des vitesses . On peut ainsi considérer la métrique sur O.
Propriété
La longueur de pour la métrique riemannienne est égale à sa longueur pour la métrique de Finsler . En particulier elle ne dépend pas du champ [2].
La courbe est aussi une géodésique pour la métrique riemannienne .
Définition de la courbure drapeau
La courbure drapeau d'une variété finslérienne est une fonction dépendant d'un point , d'un plan vectoriel et d'un vecteur non nul du plan . C'est la courbure sectionnelle d'une métrique riemannienne de la forme , où est la géodésique partant de à vitesse initiale .
(en) Herbert Busemann, « The Synthetic Approach to Finsler Spaces in the Large », dans Geometria del calcolo delle variazioni, Heidelberg, Springer, coll. « C.I.M.E. Summer Schools » (no 23), , p. 1-72.
(en) Herbert Busemann, « On Normal Coordinates in Finsler Spaces », Math. Ann., vol. 129, , p. 417--423.
(en) Herbert Busemann, « On Geodesic Curvature in Two-Dimensional Finsler Spaces », Ann. Mat. Pura Appl., vol. 4, no 31, , p. 281-295.
(en) Herbert Busemann, The Geometry of Finsler Spaces, vol. 56, , p. 5--16.
(en) Herbert Busemann, Metric Methods in Finsler Spaces and in the Foundations of Geometry, Princeton, New Jersey, Princeton University Press, coll. « Annals of Mathematics Studies » (no 8), , 243 p..
(en) Herbert Busemann, « Metric Conditions for Symmetric Finsler spaces », Proc. Nat. Acad. Sci. U. S. A., vol. 27, , p. 533-535.
Elie Cartan, Les Espaces de Finsler, Hermann, .
(de) Paul Finsler, Über Kurven und Flächen in allgemeinen Räumen, Bâle, Verlag Birkhäuser, , 160 p..
(en) Zhongmin Shen, Differential Geometry of Spray and Finsler Spaces, Dordrecht, Kluwer Academic Publishers, , 258 p. (ISBN0-7923-6868-1)