Type trophiqueLe type trophique (du mot grec θροφη, « nourriture ») définit la manière dont un organisme vivant constitue sa propre matière organique et produit l'énergie dont il a besoin. Ces deux mécanismes sont intimement liés et forment le métabolisme d'un organisme. Le type trophique s'analyse en trois axes :
Les critères 3, 2 et 1 (dans cet ordre) permettent de composer le nom du type trophique. Il y a huit combinaisons. Toutes existent. Le critère 1 permet de classer les organismes en autotrophes et hétérotrophes (voir plus bas). Un même organisme peut souvent utiliser plusieurs de ces mécanismes, parfois simultanément, parfois selon les conditions physico-chimiques de son environnement. Par exemple, les végétaux photosynthétiques réalisent simultanément la photosynthèse (en présence de lumière) pour produire leur matière organique, et la respiration pour produire l'énergie dont ont besoin leurs cellules (en présence ou en l'absence de lumière). Ces deux mécanismes produisent de l'énergie sous forme d'ATP à des fins différentes, respectivement anaboliques et cataboliques. Les types trophiques fondamentauxLes modes de nutrition des organismes vivants peuvent être répartis en types fondamentaux[1]. Selon la source de carbone :
Selon la source d'énergie :
(pour rappel, la réduction d'une entité chimique est un gain d'électrons, l'oxydation est une perte d'électrons) Ces trois types trophiques fondamentaux, combinés, sont à la source de huit mécanismes, tous utilisés. Cas des animaux et des végétaux photosynthétiquesLa diversité des types trophiques est surtout due aux bactéries. Si leur importance est majeure pour la transformation de la matière organique ou inorganique pour les organismes macroscopiques, tout au long d'une chaîne trophique, les métabolismes les mieux connus et les plus importants dans notre vie courante sont ceux des animaux (chimio-organo-hétérotrophes, souvent présentés abusivement comme modèle d'hétérotrophie) et des végétaux photosynthétiques (photo-litho-autotrophes, souvent présentés abusivement comme modèle d'autotrophie). Notons que les bactéries du système digestif humain sont dix fois plus nombreuses que les cellules appartenant en propre à l'organisme (plusieurs milliers à dizaines de milliers d'espèces), et pèsent en moyenne 2 kg. Ce microbiote de l'organisme humain est parfois considéré comme un organe à part entière. De fait, nous ne pourrions pas nous passer de leurs fonctions dans notre métabolisme. Tableau des différents types trophiques
Les types trophiques des êtres vivantsLes types trophiques ne sont pas exclusifs les uns des autres. Ils peuvent coexister, comme chez les végétaux chlorophylliens, qui sont à la fois des photolithoautotrophes - lorsqu'ils réalisent la photosynthèse - et des chimioorganotrophes - lorsqu'ils respirent en oxydant leur propre production organique. Ils peuvent aussi se succéder : de nombreuses bactéries peuvent ainsi changer de type trophique en fonction des conditions environnementales dont elles disposent (par exemple présence ou absence de lumière, présence ou absence d'oxygène). Certains métabolismes sont dits obligatoires, d'autres facultatifs. Par exemple, certains organismes comme les Euglènes peuvent être phototrophes dans des conditions adéquates, puis perdre leurs chloroplastes de façon irréversible et devenir ainsi exclusivement chimiotrophes. L'autotrophieAu début d'une chaîne alimentaire (= chaîne trophique, du grec trophein = manger), il y a toujours un organisme autotrophe, capable de produire toutes les molécules organiques de structure et de fonction qui le constituent en effectuant la réduction du CO2 (carbone inorganique) en carbone organique. En plus de cette faculté à créer des structures organiques à partir du seul CO2, certains des autotrophes ont un impact majeur sur les cycles biogéochimiques de nombreux éléments, via leurs métabolismes respiratoires (e.g. organismes chimiolithoautotrophes)
L'hétérotrophieOn distingue les photoorganotrophes et les chimioorganotrophes, qui utilisent respectivement la lumière et l'énergie des liaisons chimiques comme source d'énergie.
Remarque : Les végétaux chlorophylliens consomment de la matière organique qu'ils ont eux-mêmes produite : ils respirent aussi et consomment de l'oxygène, en présence comme en l'absence de lumière. Ce sont donc à la fois des chimioorganotrophes et des photolithotrophes. Ces catégories ne sont pas nécessairement exclusives les unes des autres. Un même organisme peut appartenir simultanément ou successivement à plusieurs de ces catégories. Toutefois, on préfère souligner la source primaire d'énergie : on qualifiera donc les végétaux chlorophylliens de photolithotrophes, car ils ne sauraient être que chimioorganotrophes. La mixotrophieLa mixotrophie est le mode trophique d'organismes vivants capables de se nourrir par autotrophie (via la photosynthèse) aussi bien que par hétérotrophie (aux dépens de constituants organiques préexistants), consécutivement ou simultanément. Ces organismes sont dits mixotrophes. La mixotrophie concerne des organismes autotrophes pour le carbone (c'est-à-dire capables de synthétiser de la matière organique à partir de matière minérale comme le dioxyde de carbone) et capables de vivre comme des hétérotrophes en absence d'énergie lumineuse à l'origine de l'autotrophie ou encore des organismes nécessitant simultanément la présence d'énergie lumineuse et carbone organique. On considère maintenant comme mixotrophe une grande majorité des protistes y compris chez les phytoflagellés qui captent l'énergie lumineuse le jour et le carbone organique la nuit. De manière générale les protistes même dépourvus de chloroplaste sont à la fois capables de récupérer l'énergie lumineuse via les différents plastes et absorber par osmose le carbone organique présent dans le milieu. La vision qui consiste à partager les êtres entre animaux et végétaux ne peut pas s'appliquer aux protistes. L'exemple le plus célèbre concerne les euglènes. Ce sont des organismes unicellulaires libres vivant en eau douce. Ces organismes sont capables de réaliser la photosynthèse en présence de lumière. En l'absence de lumière, elles deviennent hétérotrophes pour le carbone et restent capables de vivre contrairement à d'autres organismes photolithotrophes comme les plantes chlorophylliennes. On peut distinguer différents groupes de mixotrophes, selon la source de leurs capacités photosynthétiques[5] :
La colonne de WinogradskyLa colonne de Winogradsky permet de réunir dans une biocénose bactérienne tous ces types trophiques à la fois. Le biologiste russe Sergueï Winogradsky (1856-1953) est à l'origine de la découverte de la chimiolithotrophie des bactéries sulfureuses dans les années 1885-1888 (Laboratoire de botanique, Université de Strasbourg). Une bactérie nitrifiante porte son nom (Nitrobacter winogradskyi[6]). Les différentes chimiosynthèsesIl serait raisonnable de parler de chimiosynthèse par opposition à photosynthèse, c'est-à-dire dès que la source d'énergie est d'origine chimique au lieu de lumineuse. Peu d'auteurs le font. Beaucoup réservent le terme de chimiosynthèse aux métabolismes chimiolithotrophes oxydant des composés minéraux (par exemple, l'article sur la chimiosynthèse). Ainsi, les autres chimiolithotrophes, oxydant des composés organiques, et les chimioorganotrophes que nous sommes sont exclus de ce vocable. Mais il est juste de dire qu'un être humain a un métabolisme chimiosynthétique. Dans la pratique, le terme de chimiosynthèse est souvent employé pour désigner le métabolisme des autotrophes découverts par les bathyscaphes américain ALVIN et français CYANA dans les années 1977-1979 lors de plongées sur des dorsales océaniques dans le Pacifique oriental par environ 2 500 mètres de fond (Première observation de "fumeurs noirs" sur la dorsale des îles Galápagos en 1977 par l'ALVIN par 2 630 mètres de fond). À cette profondeur, tout le rayonnement solaire utilisable est absorbé (l'obscurité est totale). Un paradigme de la biologie avant cette époque consistait à penser que le soleil était absolument nécessaire à toute chaîne trophique, comme source d'énergie pour les producteurs primaires. Certes, on connaissait des chimiolithotrophes minéraux depuis le XIXe siècle, mais la biomasse de départ ne pouvait être fournie de façon suffisante que par des végétaux. D'autres métabolismes autotrophes allaient être découverts. Notes et références
Voir aussiArticles connexesLiens externes
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