Tony Agostini est un peintre autodidacte. Bien que passionné très jeune pour Rembrandt et Paul Cézanne[1], c'est la perspective d'une carrière administrative à Paris qui l'amène à s'installer à Montmartre où, en 1944, on le trouve lié à Francis Carco, Marcel Aymé, et surtout le peintre Gen Paul[2] dont il est le voisin dans l'avenue Junot. Tony Agostini fait partie de la fanfare La Chignolle avec Gen Paul, Jean d'Esparbès, Frank-Will, Pere Créixams et Marcel Aymé[3], et il commence à peindre en 1946, ses premiers thèmes picturaux étant les mouvements de foules et le Paris nocturne[4]. « Peut-être influencé par Gen Paul dans la couleur à la fois heurtée et glauque, il observe quant à la forme les stricts principes cézanniens, parfois infléchis par le cubisme »[2].
S'orientant ensuite vers les paysages, les intérieurs d'atelier et plus essentiellement vers la nature morte (thème majeur dans son œuvre lithographique), ses pratiques personnelles de l'équitation, du cyclisme et surtout du rugby donnent néanmoins sens à son envoi au Salon des peintres témoins de leur temps de 1957 d'une « vaste toile » intitulée Rugby - Le plaquage[1]. C'est en cette même année 1957 que Tony Agostini s'installe à Antony, dans un premier temps au 3, rue d'Alsace-Lorraine, puis au 7, rue des Augustins où il vivra jusqu'à sa mort[5].
Éditions d'art
Marc Blancpain, Le Manoir du désert, enrichi de dix lithographies originales de Tony Agostini, 160 exemplaires numérotés, Éditions Les bibliophiles et graveurs d'aujourd'hui, 1967.
« Son goût extrême pour l'objet se donne libre cours dans des natures mortes très équilibrées dans lesquelles dominent les gris et les rouges. Ses derniers tableaux indiquent plus d'audace dans la déformation. L'artiste pourtant ne croit pas à l'abstraction pure. "Quand on ne sait pas dessiner une bouteille, comme tant de gens de notre époque, dit-il, on peut toujours faire quelque chose avec de jolies taches de couleurs, mais cela ne suffit pas". » - René Barotte[1]
« De la nature que l'on ose dire morte par un défaut du sacre qui précipite les objets sous la lumière d'une vie autre, Tony Agostini compose la matière chaleureuse des bouquets et des coupes dont l'enchantement se découvre, aux frontières de l'apparence, dans l'antagonisme dynamique des valeurs. Voilà douze ans que je vois avancer Agostini, à travers les chicanes de l'esthétique, sur le chemin de crête où le domaine infiguré du peintre s'ouvre au souffle de l'inspiration. Pour témoigner de notre temps, aujourd'hui le paysage d'Agostini s'arrache à la grande nuit de la mémoire. Son paysage parle de la solitude et il s'anime dans l'angoisse... Peindre, c'est illuminer mais donner de la lumière appartient à ceux qui voient naître la scintillante aurore d'un langage. Le paysage d'Agostini s'approche des paroles qui partent du cœur et communiquent la ferveur. » - Edmond Humeau[9]
« La peinture de Tony Agostini est une leçon d'optimisme, un hymne au bonheur. » - Roger Peyrefitte[10]
« Parfois considéré comme le maître des natures mortes, Tony Agostini a, dans ce genre particulier, un répertoire qu'il a perfectionné en plus de quarante ans de carrière... Donatella Picault, dans Le Nouveau Journal : "Ses toiles, d'un chromatisme luxuriant et brillant, à dominantes de bleus, mauves, verts et rouges intenses, étincellent de mille feux, proches souvent de l'émail ou du gemmail, exécutées à l'aide d'une belle matière qui les rend précieuses telles que des bijoux. Beaucoup de fleurs et de fruits, d'une riche polychromie : voici L'assiette bleue à la grappe, la Carafe fleurie, le Bol de cerises, L'hortensia au violon, et aussi Soleil d'automne. Un beau peintre, maître d'une technique picturale sensuelle et d'une science absolue dans le maniement des couleurs". » - Pierre-Claude Giansily[11]
↑ Thierry de Maigret, catalogue de la collection Jean Bouret, Hôtel Drouot, Paris, 28 octobre 2021.
↑ Claude Robert, commissaire-priseur à Paris, Catalogue de la vente de l'atelier et de la collection du peintre Albert Huyot (toile mentionnée au catalogue comme ayant fait partie de l'exposition Prix Greenshields, galerie Charpentier, 1957), hôtel Drouot, 19 avril 1982.
Raymond Nacenta, Exposition : Prix Greenshields 1957, Éditions Galerie Charpentier, 1957.
René Barotte, Tony Agostini, in ouvrage collectif Les Peintres témoins de leur temps, Éditions Achille Weber/Hachette, 1957.
Raymond Nacenta, School of Paris - The painters and the artistic climate of Paris since 1910, Oldbourne Press, Londres, 1960.
Edmond Humeau, Tony Agostini, in ouvrage collectif Les peintres témoins de leur temps, Éditions Achille Weber/Hachette, 1961 (en page 60, un portrait de Tony Agostini est dessiné par Roger Lersy).
Marc Alyn (préface de Henri Gineste), Vision sur Tony Agostini, Éditions Vision sur les arts, Béziers, 1979.
Roger Peyrefitte, Tony Agostini, Éditions Play Time, La Varenne, 1987.
Lydia Harambourg, L'École de Paris, 1945-1965 - Dictionnaire des peintres, Éditions Ides et Calendes, 1993.