Tirez la chevillette
RésuméAppelé d'urgence pour dépanner le coffre-fort du riche et méprisant Henri Cooper, Chet Carson y découvre avec stupeur environ un demi-million de dollars. Avec son collègue Roy Tracey, il décide de s'en emparer en l'absence du propriétaire, mais celui-ci survient : Roy l'assomme et se réfugie dans les étages alors que Chet est blessé et arrêté en tentant de s'enfuir. Prétendant avoir agi seul, il est condamné à dix ans de travaux forcés au sinistre pénitencier de Farnworth, dont il réussit à s'évader - un codétenu qui l'accompagnait est abattu. Une jeune fermière, choquée par l'abominable réputation du pénitencier, lui fournit vêtements et nourriture qui lui permettent de s'éloigner de la région. Chet aboutit au relais de la Dernière chance, station-service et restaurant isolés et ainsi nommés parce que la station suivante est située à 300 kilomètres de là, derrière les montagnes... Le propriétaire, Carl Jenson, l'embauche pour ses talents de mécanicien : sous le nom de Jack Patmore, Chet donne toute satisfaction et devient l'ami de son patron, pour qui il éprouve respect et affection. Mais la jeune et troublante épouse de celui-ci, Lola, lui montre dès le début une nette hostilité, et lorsqu'elle tombe sur un vieux journal relatant l'évasion de Chet, elle l’identifie et le soumet à un chantage : ou bien elle le dénonce, ou il ouvre le coffre-fort de son mari, afin qu'elle puisse s'enfuir avec son contenu - environ 100 000 dollars. Chet cède au chantage, avec l'intention de ne rien donner à Lola et de renvoyer l'argent à Carl Jenson lorsqu'il se sera mis à l'abri. Mais son patron le surprend alors qu'il a ouvert le coffre-fort : Chet lui explique la réalité de sa situation et Carl le croit, ouvrant les yeux sur la véritable nature de Lola. Mais celle-ci l'abat d'un coup de revolver et Chet - qui a heureusement claqué la porte du coffre - refuse de le rouvrir. Chet enterre Carl Jenson sous un établi du garage, et Lola le harcèle puis le séduit pour obtenir satisfaction, en vain. Ils ont fait courir le bruit que Carson est parti en Arizona pour affaire. C'est alors que survient Roy, le complice que Chet n'a pas dénoncé et que le hasard amène là pour des raisons professionnelles. Il s'installe finalement avec Chet et Lola, qui ne parvient pas à le séduire. Il évite même à Chet une confrontation avec le shérif. Mais un soir qu'il est seul au relais, Chet est attaqué par deux bandits. Blessé et immobilisé dans sa chambre, il comprend bientôt que Lola a informé Roy du contenu du coffre et que Roy, appâté par l'argent, va l'ouvrir, au risque d'être aussitôt tué par Lola. Chet utilise alors ses dernières forces pour tenter d'éviter cela... Personnages principaux
Procès en plagiatJames M. Cain a intenté et gagné, en 1960, un procès en plagiat contre James Hadley Chase, qui se serait inspiré du célèbre Le facteur sonne toujours deux fois[10]. Il est exact que le narrateur, dans les deux romans, est embauché par le patron d'un restaurant-station-service, dont la femme est séduisante. Mais comme le remarque Robert Deleuse[11], « pour le reste, rien n'appartient au roman de Cain » : ni le forçat évadé, ni le complice Roy Tracey, ni la grande méfiance réciproque entre Chet et Lola... Chet Carson est un personnage sympathique, qui n'a commis son délit que poussé par des circonstances : un client insupportable à 2 minutes de la fin de son service, alors qu'il a rendez-vous avec une jeune femme elle aussi excédée, et qu'un système de surveillance l'empêche de ne pas répondre[12]. D'ailleurs, lors de son procès, son employeur dépose en sa faveur : « Il affirma que j'étais le meilleur ouvrier de l'entreprise et que, jusqu'alors, il m'avait toujours considéré comme absolument digne de confiance[13]. » Contrairement à Frank Chambers dans le roman de James M. Cain, Chet ne tue personne ; c'est même parce qu'il hésite à tirer sur un des bandits qui l'ont agressé qu'il est sérieusement blessé à la fin. Après son évasion, Chet, qui refuse de voler son patron, n'a même pas le désir démesuré de s'enrichir qui caractérise, par exemple, le narrateur de L'Abominable Pardessus, dont l'intrigue pourrait aussi être rapprochée de celle du roman de James M. Cain. Éditions françaises
Adaptation cinématographiqueL'œuvre a servi de base à une adaptation cinématographique par le réalisateur français Julien Duvivier, sous le tire Chair de poule. Le film, avec Robert Hossein, Catherine Rouvel et Georges Wilson, a été tourné dans les Alpes-Maritimes, où Julien Duvivier et René Barjavel (coscénariste et dialoguiste) ont déplacé l'action. Il est sorti en 1963. Notes et références
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