À la suite de la condamnation de son neveu Thomas Philippe en 1956 pour des agressions sexuelles, Thomas Dehau, eu égard à son âge et à sa maladie, ne reçoit qu’une monition canonique, Rome considérant une part de sa responsabilité dans ces abus sexuels.
Pierre Dehau entre à dix-huit ans au séminaire d'Issy-les-Moulineaux. Il est ordonné prêtre à Cambrai le [1], devient aumônier de l'École pratique libre d'agriculture de Genech, puis est envoyé étudier la théologie à Fribourg. C'est dans ce couvent d'études international qu'il décide d'entrer chez les dominicains. Il demande son admission dans la province de France (expulsée en 1880 par les autorités anticléricales françaises, mais ses membres exercent en « catimini » depuis 1886) en 1896 et prend le nom de religion de Thomas. Il entreprend sa formation sous le pontificat de Léon XIII, marqué par la doctrine sociale de l'Église. Il prononce ses vœux solennels le [1]. Il enseigne quelque temps la pastorale à Fribourg. C'est par la prédication qu'il exerce ensuite son apostolat. Il est fermement convaincu que la contemplation n'est pas réservée aux religieux ou au moniales. Obligé de s'exiler comme tous ses frères, au début du siècle, il prêche au gré de ses assignations. Il retourne définitivement à Paris en 1920. Les relations de la République française avec le Saint-Siège sont progressivement rétablies.
Oncle maternel de Thomas Philippe (1905-1993), cofondateur de l'Arche, et de Marie-Dominique Philippe (1912-2006), fondateur de la Communauté Saint-Jean, il exerce une influence auprès de ses neveux et nièces (deux des sœurs Philippe seront dominicaines[3] et deux autres bénédictines[4] ; en tout ce sont treize vocations dominicaines[2]) qu'il retrouve régulièrement et forme pendant les vacances. « Patriarche caché », selon l'expression de Jean Vanier, il jouit d’une aura considérable, tant dans sa famille qu’auprès de ses dirigés[5],[6]. Cependant cette aura a été compromise par la mise en évidence de son rôle dans la formation de ses neveux[7].
En 1956, Thomas Dehau est sanctionné pour complicité dans l'affaire de son neveu Thomas Philippe, condamné pour abus sexuels sur des femmes associés à des justifications mystiques et théologiques faussant leur conscience.
Cécile Philippe, prieure du monastère dominicain de Bouvines et nièce de Thomas Dehau, est également mise en cause abus sexuels et complicité[12]. Elle est déposée de sa charge de prieure.
Thomas Dehau, à cause son âge et de sa maladie, n’a reçu qu’une monition canonique[13]. Il admet néanmoins avoir « commis des choses mystérieuses » avec quelques religieuses, ajoutant que son neveu [Thomas Philippe] « avait été moins prudent ».
La sous-prieure du carmel de Nogent-sur-Marne rapporte dans sa déposition du 19 février 1956 que deux religieuses de son couvent « avaient fait ces choses-là avec le P. Dehau avant le P. Thomas »[14].
Ouvrages
La Compassion de la Sainte Vierge ; le secret des cœurs, Lyon, Éditions de l'Abeille, , 62 pages ; 2e édition 1945, 64 pages.
Le Contemplatif et la Croix, Lyon, Éditions de l'Abeille, , 2e éd. (1re éd. 1942).
La Structure liturgique de la messe d'après saint Thomas d'Aquin, Lyon, Éditions de l'Abeille, , 62 p..
En prière avec Marie, Lyon, Éditions de l'Abeille, , 455 p..
Le Bon Pasteur, Lyon, Éditions de l'Abeille, , 79 p..
Comme un mendiant et un voleur [et autres textes], Paris, Fribourg, Éditions Saint-Paul, , 108 p..
L'Apostolat de Jésus, approche théologique, avec une traduction de la Somme théologique de saint Thomas d'Aquin III, q. 40 a. 1-3, Versailles, Éditions Saint-Paul, 1995, 292 pages.
Invitation à la contemplation (textes choisis) avec quatre témoignages de divers auteurs, Paris, Éditions du Cerf, 2006, 264 pages.
Notes et références
↑ ab et c« DEHAU Thomas. DEHAU Pierre Marie Félix à l’état civil ; DEHAU Thomas en religion », Dictionnaire biographique des frères prêcheurs. Dominicains des provinces françaises (XIXe – XXe siècles), (ISSN2431-8736, lire en ligne, consulté le )
Cécile Philippe (1906-1986), dominicaine de 1927 à 1986 au monastère de la Croix et de la Compassion, installé près du Saulchoir puis à Soisy-sur-Seine, elle sera prieure sous le nom de mère Cécile de Jésus.
Élisabeth Philippe (1908-2003), dominicaine de 1929 à 2003 dans le même monastère que sa sœur.
Henriette Philippe (1915-2005), bénédictine dans la même abbaye que sa sœur Marie sous le nom de mère Winfrida, elle fonde ensuite un monastère de la branche des bénédictines de la Compassion.
↑Etienne Fouilloux, « PHILIPPE Thomas », Dictionnaire biographique des frères prêcheurs, (lire en ligne, consulté le )
↑Céline Hoyeau, « Les Philippe, une famille marquée par l’emprise spirituelle », La Croix, (lire en ligne, consulté le )
↑Tangi Cavalin, L'affaire : Les dominicains face au scandale des frères Philippe, Éditions du Cerf, , 766 p. (ISBN9782204153539), notamment le chapitre intitulé Thomas Dehau, fondateur d'une dynastie dominicaine.
L'Œuvre spirituelle du R.P. Pierre-Thomas Dehau, Paris, Éditions du Cerf, 1945-1946.
Rémi Pelon (préf. cardinal Barbarin), Invitation à la contemplation: vie et choix de textes du père Pierre-Thomas Dehau, dominicain, Éditions du Cerf, coll. « Épiphanie », .
Florian Michel, Antoine Mourges et al., Commission d’étude mandatée par L’Arche internationale, Emprise et abus, enquête sur Thomas Philippe Jean Vanier et L’Arche (1950-2019), , 907 p. (ISBN979-10-92137-15-6, lire en ligne)