The Man Who Sold the World est une chanson composée par David Bowie et parue en 1970 sur le troisième album du chanteur, également intitulé The Man Who Sold the World.
Le titre de la chanson rappelle celui d'une nouvelle longue de l'écrivain de science-fiction américain Robert A. Heinlein, L'Homme qui vendit la Lune (The Man Who Sold the Moon). Cependant, l'intrigue de la nouvelle ne se retrouve pas dans les paroles de la chanson, qui sont difficiles à interpréter[1]. Le narrateur semble rencontrer une sorte de double, « l'homme qui a vendu le monde », mais comme l'explique James E. Perone, « on ne connaît ni la signification exacte de cette expression, ni l'identité de cet homme. […] La chanson n'est qu'un portrait à grands traits de ce personnage, qui vient grossir les rangs des rebuts de la société figurant dans le reste de l'album[2]. » Roy Carr et Charles Shaar Murray suggèrent un lien avec l'œuvre de H. P. Lovecraft[3], mais il est possible que les paroles soient en partie inspirées du poème Antigonish(en) de William Hughes Mearns(en)[4].
En 1997, David Bowie offre cette explication lors d'une émission spéciale que lui consacre la BBC :
« Je crois que je l'ai écrite parce que j'étais à la recherche d'une partie de moi-même. Aujourd'hui, je me sens plus à l'aise avec ma façon de vivre et avec ma santé mentale [rires] et mon état d'esprit et tout ça, j'ai une sorte d'impression d'unité. Pour moi, cette chanson a toujours symbolisé la façon dont on se sent quand on est jeune, quand il y a une partie de soi-même qui n'est pas encore tout à fait en place. Il y a cette période de recherche, ce besoin de découvrir qui on est vraiment[5]. »
Un an après la mort de Kurt Cobain et la popularisation de la reprise de la chanson par Nirvana (voir plus bas), une version réenregistrée de la chanson de Bowie, produite par Brian Eno, est parue en 1995 en face B du single Strangers When We Meet.
L'album live A Reality Tour, enregistré durant la tournée 2004 de Bowie, inclut The Man Who Sold the World.
Kurt Cobain classe l'album The Man Who Sold the World à la 45e position dans la liste de ses 50 albums préférés[6]. En 1993, son groupe, Nirvana, enregistre une reprise de la chanson-titre lors du MTV Unplugged in New York. Cette version est éditée sur l'album du même nom, sorti l'année suivante, ainsi qu'en single promotionnel[7]. Nirvana continue à reprendre la chanson sur scène jusqu'à la mort de Cobain, en 1994. Elle figure sur la compilation Nirvana (2002).
Le succès de la reprise de Nirvana éclipse en partie l'interprète de la chanson originale : Bowie se souvient de concerts où « des gamins venaient me voir pour me dire que c'était cool que je reprenne une chanson de Nirvana[8] ». Après la mort de Cobain, Bowie déclare que c'est cette reprise qui lui a fait prendre conscience qu'il faisait « partie du paysage musical américain[9] ».« J'ai été tout simplement époustouflé quand j'ai découvert que Kurt Cobain aimait mon travail, et j'aurais voulu connaître la raison pour laquelle il a repris The Man Who Sold the World […] c'est une interprétation simple mais de qualité, qui semble très honnête. J'aurais aimé travailler avec lui, mais rien que discuter avec lui aurait été chouette[10]. »
Classements
Meilleures positions de The Man Who Sold the World dans les classements musicaux
La chanteuse écossaise Lulu reprend The Man Who Sold the World en 1974. La chanson est coproduite par Bowie lui-même et son guitariste Mick Ronson. Bowie y joue de la guitare et du saxophone et assure les chœurs, Ronson y joue de la guitare, et les autres instruments sont tenus par des collaborateurs de longue date de Bowie : Trevor Bolder à la basse, Mike Garson au piano et Aynsley Dunbar à la batterie[19]. La version de Lulu sort en 45 tours le et se classe no 3 au Royaume-Uni[20].
↑(en) Maureen King, « Future Legends: David Bowie and Science Fiction », dans Michael A. Morrison (éd.), Trajectories of the Fantastic: Selected Essays from the Fourteenth International Conference on the Fantastic in the Arts, Greenwood, , p. 131.
↑(en) James E. Perone, The Words and Music of David Bowie, Praeger, , p. 15-16.
↑(en) Roy Carr et Charles Shaar Murray, Bowie: An Illustrated Record, Avon, , p. 38.
↑(en) David Buckley, Strange Fascination, Virgin, , p. 100.