Après des études secondaires au lycée de garçons de Sfax et une licence en lettres arabes obtenue à Tunis en 1951, il part pour Paris pour poursuivre ses études à la faculté des lettres de Paris. Après dix ans passés dans la capitale française, il rentre à Tunis pour être nommé directeur du cinéma au ministère de l'Information (1962[1]-1970).
L'histoire de Cheriaa avec le cinéma débute en 1952 quand il fonde le ciné-club Louis-Lumière à Sfax. Dans le documentaire Les pionniers du cinéma africain[2], Cheriaa raconte qu'il a découvert et fréquenté un ciné-club à Tunis pendant un an et demi avant d'être nommé dans un nouveau lycée à Sfax à la fin de l'année scolaire 1950-1951. Là, il a comme priorité de mettre en place un ciné-club similaire à celui de Tunis (et qui allait porter son nom à partir de 1999[3]).
Après son retour de France, il multiplie les initiatives qui marquant l'histoire du cinéma tunisien et africain, tant par ses écrits que par ses multiples actions en faveur de la promotion de cet art, ce qui lui vaut le titre de « père du cinéma tunisien et africain »[3]. Il est emprisonné durant six mois en 1969 pour « subversion politique clandestine »[1].
Critique cinématographique[1] dès 1956, il collabore à la plupart des publications tunisiennes. Conseiller technique et coscénariste du film tunisien Renaissance de Harzallah et Mecheri (1964) puis conseiller sur le scénario de L'Aube d'Omar Khlifi (1966), qu'il finance[1], Tahar Cheriaa fonde la Fédération tunisienne des cinéastes amateurs et préside les ciné-clubs tunisiens[1] ; il est par ailleurs membre des principales associations inter-arabes et africaines de la presse et du cinéma.
En 1966, il fonde le premier festival panafricain et panarabe : les Journées cinématographiques de Carthage et en devient le secrétaire général jusqu'en 1974. Il occupe parallèlement des fonctions d'expert auprès de l'Unesco (culture arabe, cinéma et télévision) de 1963 à 1974 et de responsable de l'action culturelle de l'Agence de coopération culturelle et technique[1]. Il co-fonde la Fédération panafricaine des cinéastes en 1970 avec Ousmane Sembène et en devient président d'honneur[1],[4].
Quelques jours avant sa mort, le , la 23e édition des Journées cinématographiques de Carthage rend hommage à son fondateur dans une soirée spéciale à laquelle Tahar Cheriaa, malgré sa maladie, assiste sur une chaise roulante[1] ; il y annonce qu'il lègue le reste de ses travaux à sa ville natale[5].
Écrans d'abondance ou cinémas de libération en Afrique ? À propos de l'importation-distribution des films en Afrique et dans le monde arabe et de la nécessité de sa nationalisation, Tunis, Société tunisienne de production et d'expansion cinématographique, (réimpr. Tripoli, El Khayala, 1978).
Films
D'une fleur double et de quatre mille autres de Claude Haffner (République démocratique du Congo, 2005, 19 min.) : analyse par Pierre Haffner du texte éponyme de Tahar Cheriaa[8].
Tahar Cheriaa, à l'ombre du baobab de Mohamed Challouf (Tunisie, 2015, 71 min.) : portrait de Tahar Cheriaa et son amitié avec les pionniers du cinéma en Afrique[9].
Né à Sayada de Michel Kuate (Cameroun, 2018, 88 min.) : biographie de Tahar Cheriaa[10].
↑(ar) Chedli Klibi, « الطاهر الشريعة منظّم الشأن السينمائي بتونس » [« Tahar Cheriaa est l'organisateur des affaires cinématographiques en Tunisie »], Echaâb, (lire en ligne, consulté le ).