Ta zoa trekhei
Ta zoa trekhei (Τὰ ζῷα τρέχει / Tà zỗia trékhei) est une phrase en grec ancien signifiant littéralement « Les animaux courent », mais dont un calque donnerait « Les animaux court ». Elle illustre le fait que, dans cette langue, les sujets de genre neutre, au pluriel, induisent un verbe au singulier. Il s'agit de la même règle que pour l'expression Panta rhei (Πάντα ῥεῖ / pánta rheî). GrammaireLa locution est constituée des éléments suivants :
Cette locution illustre une règle grammaticale du grec ancien : un verbe se conjugue au singulier si son sujet est un nom neutre pluriel. Mot à mot, elle signifie : « les animaux court » et doit se comprendre « les animaux courent » (la 3e personne du pluriel du présent de l'indicatif de τρέχω / trékhô est τρέχουσιν / trékhousin, qui n'est donc pas employé ici). En indo-européen commun, langue préhistorique reconstituée supposée être à l'origine des langues indo-européennes, certains noms neutres athématiques (voire tous) possèdent un nombre collectif plutôt qu'un pluriel[4], ce qui indique que cette forme collective est considérée comme leur norme et qu'il convient de spécifier lorsqu'on parle d'un élément en particulier. Le grec ancien, dérivé de l'indo-européen, possède trois nombres : singulier, pluriel et duel. L'irrégularité de la conjugaison plurielle des noms neutres est une subsistance de ce collectif indo-européen, disparu entretemps. Une traduction plus fine de la phrase initiale serait peut-être plutôt « l'ensemble des animaux court »[5]. ÉvolutionDans les faits, la forme plurielle du verbe (dans notre cas, τὰ ζῷα τρέχουσιν / tà zỗia trékhousin) se rencontre déjà chez les auteurs grecs classiques[6]. La parabole du lis de l'évangile selon Matthieu, rédigé en grec au Ier siècle, contient le texte suivant : « καταμάθετε τὰ κρίνα τοῦ ἀγροῦ πῶς αὐξάνουσιν », soit « considérez comment croissent les lis des champs » (Matthieu 6:28[7]). Ici, le sujet neutre τὰ κρίνα / tà krína, nominatif pluriel de τὸ κρίνον / tò krínon, le lis) et le verbe αὐξάνουσιν / auxánousin (3e personne du pluriel de αὐξάνω / auxánô, « croître »), ont le même nombre. La règle est totalement abandonnée en grec moderne. La traduction de « les animaux courent » est τα ζώα τρέχουν / ta zóa tréchοun, avec le verbe et le sujet au pluriel. Dans la cultureOn trouve une référence à cette phrase chez Pascal, dans la pensée n°70 de l'édition Brunschvicg.[1] AnnexesEn arménien ancien, à partir du VIe siècle, cette forme apparaît dans des textes traduits du grec. Les traducteurs ont suivi le grec. Par exemple, dans la traduction arménienne du Livre V du Contre les hérésies d'Irénée de Lyon, au chapitre 2 (Irénée écrivait en grec) :
Liens internesRéférences
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