C'est le second navire de la classe Arktika II à avoir été étudié, construit et lancé, après son sistership l'Arktika. Comme ce dernier, le Sibir a été précédé par des navires qui ont porté ce nom :
le Sibir(en) un brise-glace soviétique lancé en 1937 sous le nom de Iosef Stalin et rebaptisé en 1956,
le Sibir(en) un brise-glace à propulsion nucléaire soviétique de classe Arktika en service de 1977 à 1992.
A la fin des années 1980[4], les instituts de recherche et les bureaux d'études russes ont développé un successeur aux brise-glace à propulsion nucléaire de la classe Arktika (première du nom) des années 1970, dans le cadre d'un programme plus large de renouvellement de la flotte de brise-glace lancée peu après la dissolution de l'Union soviétique[5].
Cette nouvelle série de brise-glace de 60 MW, dite de type LK-60Ya, [6] comporterait une fonctionnalité de double tirant d'eau qui permettrait au navire d'opérer dans des zones côtières peu profondes ou des fleuves en utilisant ses ballasts[7].
Bien que les études préliminaires aient été développées près de deux décennies plus tôt, la conception du LK-60Ya a été finalisée en 2009 sous le nom de projet 22220 par le Bureau Central de Design "Iceberg"[8] et la construction du premier navire a été confiée en août 2012 au chantier naval de la Baltique basé à Saint-Pétersbourg[9]. Deux extensions au contrat initial de mai 2014 et d'août 2019 ont porté à cinq le nombre de brise-glaces du projet 22220 en construction ou en commande, plus deux autres planifiés en 2022[10],[11].
Conception et performances
Comme ses sisterships du projet 22220, Sibir mesure 173,3 m de longueur, 34 m au maître-bau et 51,25 m de haut. Conçu pour fonctionner efficacement à la fois dans les estuaires fluviaux peu profonds de l'Arctique ainsi que le long de la route maritime du Nord, le tirant d'eau du navire peut varier entre environ 9 et 10,5 m en remplissant ou vidant l'eau de ses ballasts, correspondant à un déplacement compris entre 25 540 et 33 530 t[1],[2],[12].
Sibir a un groupe motopropulseur nucléaire-turbo-électrique. La centrale nucléaire embarquée se compose de deux réacteurs à eau sous pression RITM-200 de 175 MW alimentés par de l'uranium 235 enrichi à 20 %[13] et deux turboalternateurs de 36 MW[14],[15],[16].
Le système de propulsion suit le schéma classique du brise-glace polaire avec trois hélices quadripales de 6,2 m entraînées par des moteurs électriques de 20 MW (27 000 ch)[17],[18],[19]. Avec une puissance de propulsion totale de 60 MW (80 000 ch), Sibir est conçu pour être capable de briser de la glace de 2,8 m d'épaisseur à la vitesse constante de 1,5 à 2 kn (2,8 à 3,7 km/h) à pleine puissance lors de l'utilisation en eau profonde au tirant d'eau initial[2].
Construction et mise en service
L'appel d'offres pour la construction de deux brise-glaces à propulsion nucléaire supplémentaires du projet 22220, appelés premier et deuxième navires de série du projet, a été annoncé lors de la cérémonie de pose de la quille du navire de tête l'Arktika le 5 novembre 2013[20]. Le 8 mai 2014, les 84,4 milliards de roubles (environ 2,4 milliards de dollars)[21] du contrat pour deux navires a été attribué au chantier naval de la Baltique, basé à Saint-Pétersbourg, la seule entreprise dont l'offre avait été acceptée[22].
La quille du deuxième brise-glace du projet 22220 a été posée le 26 mai 2015[23]. Après la mise à l'eau d'Arktika en juin et pour faire place à la pose de la quille du troisième brise-glace[24], la coque partiellement assemblée pesant environ 3 500 tonnes a été déplacée d'environ 125 m le long de la cale de halage jusqu'à la position où la construction finale de la coque aurait lieu[25].
Ce brise-glace a été lancé sous le nom de Sibir, mot russe pour Sibérie, le 22 septembre 2017[26]. Auparavant, le nom avait été utilisé sur le deuxième brise-glace nucléaire de classe Arktika I qui était en service de 1977 à 1992, ainsi que sur un brise-glace à vapeur de 1937.
La marraine du navire est Tatiana Golikova, vice-Premier ministre de Russie chargé de la Politique sociale, du Travail, de la Santé et des Retraites depuis 2018.
Initialement, la livraison de ce deuxième brise-glace à propulsion nucléaire du projet 22220 était prévue pour 2018[20], mais a dû être reportée en raison de problèmes avec la livraison des turbines à vapeur d'un fabricant national[27].
Sibir est parti pour ses premiers essais en mer le 16 novembre 2021[28] et revint à Saint-Pétersbourg le 30 novembre[29]. La deuxième campagne d'essais en mer s'est achevée en décembre 2021[30]. Bien que quelques dysfonctionnements mineurs aient été découverts[31] le brise-glace a été livré à Atomflot le 24 décembre 2021[3].
Le vaisseau a quitté Saint-Pétersbourg le 13 janvier 2022 et, après la cérémonie de remise du pavillon à Mourmansk son port d'attache le 25 janvier 2022[32], il se dirigea vers sa zone d'activité, la mer de Kara et le golfe de l'Ob afin d'escorter les navires à travers les glaces[33].
↑(ru) L.G. Tsoy, Не разучились ли наши судостроители проектировать ледоколы?,
↑(en) L.G. Tsoy, I.A. Stoyanov, V.V. Mikhailichenko et S.G. Livshits, Proceedings of the 13th International Conference on Port and Ocean Engineering under Arctic Conditions, 1995 (POAC'95), vol. 1, , 13–26 p.
↑La désignation de la série "LK-60Ya" (russe : ЛК-60Я) vient du mot russe pour "brise-glace" (russe : ледокол = ledokol), de la puissance de propulsion (60 mégawatts), et de Ya (Cyrillique) la première lettre du mot russe pour "nucléaire" (russe : ядерное = yadernoye).
↑(en) L.G. Tsoy, Proceedings of the Fifth International Conference on Ships and Marine Structures in Cold Regions, 1994 (ICETECH'95), , P1–P8