Elle a obtenu un B.A. en lettres (Humanities) au Collège américain de filles à Istanbul en Turquie en 1970, puis un B.A. en philosophie à l'université Brandeis aux États-Unis en 1972, et un doctorat en philosophie à l'université de Yale en 1977[1].
Pour Seyla Benhabib, les cultures ne sont pas monolithiques mais se forment dans le dialogue entre les autres cultures. Elles correspondent à un renouvellement constant des frontières imaginaires. Pour les théoriciens démocratiques, les individus sont plus importants que la préservation des cultures. En démocratie, chaque personne devrait selon Seyla Benhabib décider de sa propre vie. Elle retient trois conditions pour assurer la coexistence du pluralisme et du cosmopolitisme :
1) Réciprocité égalitaire : les membres de minorités doivent avoir les mêmes droits civiques, politiques, économiques et culturels que la majorité.
2) Assentiment volontaire : Quand une personne naît, elle ne doit pas être considérée automatiquement comme appartenant à une religion ou à une culture. L'état ne devrait pas laisser les communautés définir les vies des individus. Les membres d'une société ont le droit de s'exprimer eux-mêmes et il est souhaitable de demander aux adultes s'ils choisissent d'appartenir à cette communauté.
3) Liberté de sortie et d'association : Tout individu doit pouvoir sortir de son groupe. Quand les membres d'un groupe épousent quelqu'un d'un autre groupe, ils ont le droit d'en rester membre. Des accommodements doivent être trouvés pour les mariages intergroupes et leurs enfants.
La coexistence entre la diversité culturelle et l'égalité démocratique est un sujet controversé. La première condition est en effet enfreinte par beaucoup de cultures, chaque nationÉtat comprend des groupes qui ne sont pas acceptés par la majorité. Certains gouvernements ne font rien pour faire cesser ces discriminations, ou les encouragent. Les deux autres conditions sont tout aussi problématiques.
Frontières
Seyla Benhabib privilégie un monde aux frontières poreuses : « Je pense qu'il est possible d'avoir un empire sans frontières ; je ne crois pas possible d'avoir une démocratie sans frontières ». Les frontières politiques permettent de définir ses membres, mais ils en excluent aussi des personnes. De plus en plus de personnes vivent dans un autre pays que le leur ; la souveraineté d'état n'est pas aussi puissante que par le passé.
La vision cosmopolite de Seyla Benhabib s'inspire du philosophe Emmanuel Kant et de sa paix perpétuelle. Selon Kant, en accord avec le droit d'hospitalité universelle, chaque personne a le droit d'aller où elle le veut, sans avoir à craindre l'hostilité de ses hôtes. Seyla Benhabib prend ce droit comme point de départ de sa réflexion sur la migration et les réfugiés. Elle ainsi va plus loin que Kant en disant que le droit d'hospitalité devrait s'appliquer non seulement pour les visites mais aussi pour les séjours à long terme (cas de l'asile politique)
«Seyla Benhabib», dans Antoinette Fouque, Mireille Calle-Gruber et Béatrice Didier, Le Dictionnaire universel des créatrices, Éditions des femmes, (ISBN978-2-7210-0651-6, lire en ligne)