1 ELEMENTS (Metals and intermetallic alloys; metalloids and nonmetals; carbides, silicides, nitrides, phosphides) 1.B Metallic Carbides, Silicides, Nitrides and Phosphides 1.BD Phosphides 1.BD.05 Schreibersite (Fe,Ni)3P Space Group I 4 Point Group 4 1.BD.05 Nickelphosphide (Ni,Fe)3P Space Group I 4 Point Group 4
La schreibersite est également présente dans certaines roches terrestres mais elle est très rare. On ne la rencontre, comme (et avec) la cohénite, que dans des contextes extrêmement réducteurs, notamment là où du magma a envahi un gisement de charbon ou de lignite comme à Uivfaq sur l’île de Disko (Groenland)[14] ou à Bühl près de Cassel (Land de Hesse, Allemagne)[15].
Mode de formation
L’examen du diagramme de phaseFe-Ni-P permet de comprendre comment la schreibersite peut se former à partir du phosphore présent à l’état dissous dans la phasemétallique des météorites (un alliage de fer et de nickel, essentiellement)[16] : le phosphureprécipite en phase solide, après le début de la transformation taénite initiale (relativement riche en Ni et P) → kamacite (pauvre en Ni, plus riche en P) + taénite résiduelle (plus riche en Ni, pauvre en P)[17]. Les grains de schreibersite nucléent dans la taénite à l’interface kamacite-taénite (nucléation hétérogène) entre 700 et 500°C (le fer et le nickel de la schreibersite proviennent de la taénite mais le phosphore de la kamacite). Les rhabdites nucléent dans la kamacite (nucléation homogène) quand elle devient elle-même sursaturée en (Fe,Ni)3P, à plus basse température (500-400 °C). Le profil de concentration du nickel des deux côtés de l’interface permet d’estimer la vitesse de refroidissement dans ces gammes de température (en complément de l’estimation obtenue couramment à partir des figures de Widmanstätten)[16],[9].
Schreibersite et vie primitive
Le phosphore joue un rôle crucial pour tous les êtres vivants, via notamment la molécule ATP qui fournit l'énergie nécessaire aux réactions chimiques du métabolisme. Mais les phosphates disponibles à la surface de la Terre sont trop peu réactifs pour avoir plausiblement fourni le phosphore nécessaire aux réactions de la chimie prébiotique. Par corrosion hydrothermale la schreibersite des météorites fournit des dihydrogénophosphites solubles (ion H2PO3−), eux-mêmes facilement déshydratés en pyrophosphites (ion H2P2O52−)[18]. Or ces pyrophosphites sont de bons candidats pour jouer un rôle analogue à celui de l’ATP dans l’environnement terrestre primitif.
↑Shepard avait quant à lui nommé schreibersite un autre minéral de la météorite, un sulfure riche en chrome (sans doute la daubréelite).
↑Dans ces météorites la schreibersite est généralement la phase la plus abondante après le métal.
↑Par exemple la pallasite Krasnoïarsk, dont Berzelius a étudié la schreibersite (qu’il appelait alors phosphormetalle) dès 1834.
↑ a et b(en) Alexander A. Kulpecz, Jr. et Roger H. Hewins, « Cooling rate based on schreibersite growth for the Emery mesosiderite », Geochimica et Cosmochimica Acta, vol. 42, no 10, , p. 1495-1497 et 1499-1500 (DOI10.1016/0016-7037(78)90020-0).
↑Observées presque aussi tôt que l’autre forme de schreibersite, les rhabdites (ainsi nommées par Gustav Rose), ont d’abord été prises pour une espèce minérale différente plutôt qu’une variété morphologique.
↑(en) Robert H. Hunter et Lawrence A. Taylor, « Rust and schreibersite in Apollo 16 highland rocks: Manifestations of volatile-element mobility », Proceedings of the Lunar and Planetary Science Conference, vol. 12B, , p. 253-259 (lire en ligne, consulté le ).
↑(sv) Helge Löfquist et Carl Axel Fredrik Benedicks, « Det stora nordenskiöldska järnblocket från Ovifak: Mikrostruktur och bildningssätt », Kungliga Svenska Vetenskaps-Akademiens Handlingar, 3e série, vol. 19, , p. 1-96 ; (en) Cyrena A. Goodrich et John M. Bird, « Formation of iron-carbon alloys in basaltic magma at Uivfaq, Disko Island: The role of carbon in mafic magmas », The Journal of Geology, The University of Chicago Press, vol. 93, no 4, , p. 475-492.
↑(de) Paul Ramdohr, « Neue Beobachtungen am Bühl-Eisen », Sitzungsberichte der Deutsche Akademie der Wissenschaften zu Berlin, : Klasse für Mathematik und allgemeine Naturwissenschaften, vol. : Jahrgang 1952, no 5, , p. 9-24.
↑ a et b(en) S. J. B. Reed, « Electron-probe microanalysis of schreibersite and rhabdite in iron meteorites », Geochimica et Cosmochimica Acta, vol. 29, no 5, , p. 513-520, IN1-IN4 et 521-534 (DOI10.1016/0016-7037(65)90044-X).
↑C’est cette transformation lors du (lent) refroidissement de la météorite qui produit la structure particulière aux météorites et révélées par l'acide nitrique : les figures de Widmanstätten.
↑(en) David E. Bryant et al., « Hydrothermal modification of the Sikhote-Alin iron meteorite under low pH geothermal environments. A plausibly prebiotic route to activated phosphorus on the early Earth », Geochimica et Cosmochimica Acta, vol. 109, , p. 90-112 (ISSN0016-7037, DOI10.1016/j.gca.2012.12.043).