Sōetsu YanagiSōetsu Yanagi
Sōetsu Yanagi (dans l'ordre japonais Yanagi Sōetsu ou Yanagi Muneyoshi 柳 宗悦, - ) est un écrivain, penseur et collectionneur japonais, connu pour son implication dans le mouvement Shirakabaha (Bouleau blanc) et son travail de réévaluation des arts populaires coréens et japonais par le terme mingei. Enfance et formationSōetsu Yanagi naît à Tōkyō le . Son père, Yanagi Narayoshi (1832-1891), est un officier de marine originaire du fief de Tsu. Il fut vice-amiral dans la Marine impériale et membre de la Chambre des pairs. Il fait ses études à l’École des pairs (Gakushūin), où il se lie d’amitié avec un groupe de jeunes gens plus âgés que lui comprenant Mushanokōji Saneatsu et Shiga Naoya. Il y découvre la philosophie et le bouddhisme grâce à ses professeurs Nishida Kitarō et Suzuki Daisetsu. En 1910, il entre à l’Université impériale de Tōkyō, où il étudie la philosophie. Il en sort diplômé en 1913. La revue ShirakabaEn , Yanagi participe activement au lancement et au rayonnement de la revue mensuelle Shirakaba. Membre actif du groupe éponyme qui anime la revue (Saneatsu Mushanokōji, Naoya Shiga, Arishima Takeo, Kinoshita Rigen), il a su s’assurer la collaboration de personnalités brillantes telles que le romancier Nagayo Yoshirō ou le dessinateur et potier Bernard Leach qui illustra la couverture de nombreux numéros. Son attention et sa connaissance pointue à l'égard publications occidentales furent deux raisons de son influence forte, dès les années 1910, sur toute une génération d’écrivains, d’intellectuels et d’artistes[1]. Cette culture très ouverte met en perspective la question de l'identité culturelle du Mingei, dont l'« orientalisme » supposé semble apparaitre comme un mythe, lorsqu'on y regarde de plus près[2]. Yanagi écrit sur des artistes et écrivains européens, comme Rodin ou Renoir. Il exalte dans ses textes la liberté de création, le génie individuel, la capacité des grands esprits à saisir le divin, déclarant dans son ouvrage sur William Blake de 1914 que :
Il fréquente aussi des artistes comme Kishida Ryūsei et Umehara Ryūzaburō. De 1915 à 1923, Yanagi réside à Abiko, ville située à une quarantaine de kilomètres au nord-est de Tōkyō, où se forme autour de lui une petite communauté artistique. Le dessinateur et céramiste Bernard Leach séjourne plusieurs mois chez Yanagi à son retour de Chine en 1917. En 1919, Yanagi est nommé professeur dans le département de philosophie de l’Université Tōyō. La revue Shirakaba cesse de paraître après en raison des destructions provoquées par le grand tremblement de terre du Kantō. Yanagi s’installe à Kyōto, où il reste jusqu’au début des années 1930. Les arts populairesYanagi commence à s’intéresser à la céramique dès le début des années 1910. En 1917, Leach construit un four dans le jardin de sa propriété à Abiko. À la même époque, au retour d’un voyage en Corée en 1916, il commence à s’intéresser aux arts de la péninsule et notamment à la céramique de la dynastie Yi. À la suite de la répression du Soulèvement du 1er mars 1919, Yanagi s’exprime à plusieurs reprises en faveur d’un plus grand respect et d’une plus grande autonomie de la Corée. Il contribue à l’ouverture d’un Musée des arts populaires de Corée en 1924. C’est au milieu des années 1920 que Yanagi théorise sa conception des arts populaires ou mingei en japonais (mingei est un néologisme forgé par Yanagi en 1925)[3]. À travers de nombreux livres et articles écrits dans un style de plus en plus doctrinaire, il développe l’idée d’une supériorité des arts populaires, dont les caractéristiques à ses yeux sont d’être produits de façon anonyme et sans orgueil, pour un usage fonctionnel, quotidien et populaire, par des artisans maîtrisant leur technique au point d’arriver à une forme de détachement de la conscience. « Il [l'objet migei] doit être modeste mais non de pacotille, bon marché mais non fragile. La malhonnêteté, la perversité, le luxe, voilà ce que les objets mingei doivent au plus haut point éviter : ce qui est naturel, sincère, sûr, simple, telles sont les caractéristiques du mingei. »[4] Yanagi s’intéresse en particulier à la céramique coréenne et chinoise, aux textiles, aux objets en laque et à certains artistes itinérants comme Mokujiki Gogyō (1718−1810)[5]. Le discours de Yanagi s’appuie sur une réflexion sur le bouddhisme de la Terre pure qui professe la primauté de la foi et de la répétition des vœux sur le savoir et la méditation. Yanagi a commencé à rassembler des œuvres dès la fin des années 1910. Sa collection s’accroît rapidement et après avoir envisagé un don de sa collection au Musée impérial (aujourd’hui Musée national de Tôkyô), il fonde en 1936 le Musée japonais des arts populaires, construit grâce au soutien de mécènes comme Ōhara Magosaburō. Contre la colonisation de la CoréeSōetsu Yanagi est l'auteur de nombreux articles s'opposant à la colonisation de la Corée par le Japon, critiquant les méthodes et pratiques de l’impérialisme japonais et plaidant pour le respect de la culture coréenne. Il a été victime de censure et placé sous surveillance par la police à cause de ses écrits[6]. Publications de Sōetsu Yanagi (Yanagi Muneyoshi) en Japonais
Traductions françaises
Bibliographie
Notes et références
Liens externes
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