La rue faisait partie au XVIIe siècle d'un chemin est-ouest parallèle à la Seine embranché sur la rue Saint-Antoine et prolongé par les anciennes rues de Bercy-Saint-Jean et de la Croix-Blanche et par la rue de la Verrerie. L'enceinte de Philippe-Auguste construite vers 1200 coupe son débouché direct sur la rue Saint-Antoine ce qui entraîne la création de la rue des Ballets, actuelle rue Mahler, longeant l'intérieur de la fortification[1].
La rue est déjà habitée en 1261, mais on ignore le nom qu'elle portait à cette époque. Sous le nom de « rue au Roy-de-Sezille », elle est citée dans Le Dit des rues de Paris, rédigé entre 1280 et 1300 par Guillot de Paris.
Elle est citée sous le nom de « rue du Roy-de-Scicile », dans un manuscrit de 1636 conservé à la BnF[2].
Au XVIIe siècle l'Académie française tient ses premières réunions chez Jean Desmarets de Saint-Sorlin, « à l'hôtel Pellevé, rue du Roi-de-Sicile, au coin de la rue Tison[3] ». C'est là que les statuts de l'Académie sont écrits, ainsi que les premières mesures pour sa fondation.
Au XVIIIe siècle la rue, comme d'autres dans le quartier, est assez mal famée, souvent citée dans les procès-verbaux d'affaires criminelles[4].
Au XIXe siècle, la rue est réputée pour la présence de nombreux facteurs de casquettes[8].
Bâtiments remarquables et lieux de mémoire
À l'angle de la rue Vieille-du-Temple se trouve l'hôtel de Vibraye, datant du XVIIIe siècle. Son rez-de-chaussée est occupé par une boucherie chevaline, dont la devanture (toujours conservée) en mosaïque rouge possède un panneau représentant un cheval ; il est désormais occupé par un magasin de prêt-à-porter[9].
Au coin de la rue Malher se tenait la prison de la Force, immense bâtiment aujourd'hui détruit qui fut construit à partir de 1533 sur les ruines d'un ancien palais. En 1780, Louis XVI racheta l'hôtel particulier et le transforma en maison de détention divisée en deux prisons : la Grande-Force pour les hommes et la Petite-Force destinée aux femmes. Le , jour de la prise de la Bastille, la foule parisienne libéra les seuls prisonniers pour dettes[10]. Lors de la Terreur, la prison fut le lieu de nombreuses exactions et exécutions. Vétuste et insalubre, elle est démolie en 1845 (il n’en reste qu’un pan de mur rue Malher).
Au no 2, faisant le coin avec la rue Malher, se tenait la Maison Bouillet, restaurant, en 1913.
Au no 8, faisant le coin avec la rue Pavée, se tenait le Cabaret du Gros-Pavé, suffisamment célèbre pour avoir été photographié par Eugène Atget en 1910.
Les nos 39 à 45 ont été construits à l'emplacement de l'ancien Petit Saint-Antoine
Au no 24, l'architecte Georges Debrie est l'auteur de l'immeuble de quatre étages augmenté d'un étage terminal d'appartements mansardés dans le style haussmannien (1898), avec balcons ouvragés.
Ancienne boucherie chevaline.
Maison Bouillet, restaurant en 1913.
Le Cabaret du Gros-Pavé en 1910, par Eugène Atget.
Le peintre et poète breton Albert Clouard (1866-1952) a habité dans un immeuble de cette rue l'année de son arrivée à Paris en 1888[12].
Littérature
Le titre du roman, Les Gamins du Roi-de-Sicile, de René Masson, paru en 1950, fait référence à cette voie.
Notes et références
↑Danielle Chadych, Le Marais : évolution d'un paysage urbain, Paris, Parigramme, , 638 p. (ISBN2-84096-188-1), p. 390.
↑Marc POUPON, « Le Musicien de Saint-Merry », Cahiers de l'Association internationale des études francaises, vol. 23, no 1, , p. 211-220 (ISSN0571-5865, DOI10.3406/caief.1971.983, lire en ligne, consulté le ).
↑Jules-Édouard Alboize de Pujol, Les Prisons de l'Europe. Bicêtre, la Conciergerie, la Force, la Salpêtrière, le For-l'Évêque, Saint-Lazare, le Châtelet, la Tournelle, l'Abbaye, Sainte-Pélagie, Pierre en Cize, Poissy, Ham, Fenestrelles, le château d'If, Château Trompette, le Mont-Saint-Michel, Clairvaux, les îles Sainte…, Administration de librairie, , p. 31.
↑Alexandre Gady, Le Marais: guide historique et architectural, Carré, (ISBN978-2-908393-09-5).
↑Bruno Belleil, « Albert Clouard (1866-1952), l'ami oublié de Sérusier et de Maurice Denis », Ar Men, no 31, novembre 1990, pp. 60-75.