Roff (langage informatique)roff est un langage de formatage de texte historiquement lié à UNIX et à ses dérivés (BSD, Linux…). DescriptionComme le langage LaTeX, roff est un langage de formatage de texte reposant sur un système de balises. Sa légèreté (il alourdit très peu les textes), le fait qu'il soit interprété (contrairement à LaTeX qui est compilé) font de roff un langage très populaire dans le monde UNIX et ses dérivés (*BSD, Linux, etc.). Il sert en particulier au formatage des pages de manuel. Il possède ses adeptes inconditionnels (tel Andrew Tanenbaum[1]), qui le préfèrent :
Historiqueroff a connu trois étapes majeures :
CTSS et Multics : runoffCTSSL'ancêtre de la série des roff est le programme runoff qui fut conçu en 1961 par Jerry Saltzer sur le système d'exploitation CTSS ; ce programme était écrit en PL/I, puis en BCPL. Le nom du programme signifie « écrire à la va-vite », car son objectif est de permettre d'écrire rapidement et facilement des documents d'une bonne qualité typographique. MulticsEn 1963, lorsque CTSS évolua en Multics, runoff devint le principal programme de mise en page, servant en particulier pour les pages d'aide, fonction qui lui reste encore principalement attachée aujourd'hui. UNIX : nroff, troff, ditroffAvec UNIX apparut un couple de programmes destiné à une grande popularité : nroff et troff. Au Massachusetts Institute of Technology, on ressentit le besoin de piloter depuis le PDP-11 une photocomposeuse, périphérique de sortie graphique ; or, runoff n'y suffisait pas. Aussi Joseph Ossanna, l'un des principaux développeurs de MULTICS et programmeur de plusieurs ports de runoff, écrivit-il un ensemble de trois programmes, décrivant les fonctionnalités de base dont toute implémentation du langage est encore largement redevable aujourd'hui :
Ces programmes furent écrits sous plusieurs langages successifs :
Après le décès d'Ossanna en 1977, Kernighan continua le projet et écrivit le programme ditroff convertissant un fichier ASCII en un fichier binaire indépendant du périphérique (Device Independant). troff dispose de plusieurs jeux de macro commandes[2] pour rédiger les pages de manuel (man) des lettres ou des articles. On peut citer
Plusieurs préprocesseurs[5],[4] sont disponibles pour formater des tables (tbl) des équations (eqn), des formules chimiques (chem) ou insérer des références bibliographiques (refer). Le préprocesseur[5] pic permet d'insérer des diagrammes décrits par un langage de commande, et grap permet de créer des graphes[5] à partir de données numériques. On enchaîne les préprocesseurs en se servant des pipes Unix pour générer un fichier à partir du fichier source, comme dans cet exemple: refer fichier.ms| tbl | eqn | groff-ms -Tpdf > fichier.pdf
Utilisation pour la publication scientifique et techniqueInitialement, Troff était utilisé à Bell Labs pour la préparation des demandes de brevet. Il a ensuite a été utilisé par la Société américaine de physique pour publier Physical Review dans les années 1980. Une première expérience en 1977 avait montré que la saisie et la correction d'articles contenant des tables et des équations pouvait être entre une fois et demie et trois fois plus rapide en utilisant troff et que le coût de préparation par page pouvait être divisé par trois[7]. Un jeu de macros avait été écrit par Mike Lesk pour reproduire le format des articles de Physical Review[8]. Le premier article[9] photocomposé avec troff est apparu dans Physical Review B dans le numéro du 1er avril 1977. Le premier numéro entièrement photocomposé a été publié le 1er avril 1978. En 1980, la société américaine de physique a décidé de photocomposer entièrement Physical Review en utilisant troff pour commander les machines. L'utilisation de troff a commencé en octobre 1981[9],[10] à l'unité de production de l'American Institute of Physics à Woodbury et s'est poursuivie jusque vers le milieu des années 1990. À cette époque, les différents volumes de Physical Review réalisaient un total de 50000 pages par an. Les auteurs pouvaient soumettre leur manuscrit rédigé avec troff, TeX ou RevTeX sous forme électronique[11]. En 1987, la revue Complex Systems, lancée par Stephen Wolfram acceptait les manuscrits électroniques rédigés avec LaTeX ou troff avec les macros '-ms' ou '-me'. La revue Bell System Technical Journal a également utilisé troff pour sa publication à partir de 1989[8]. Un certain nombre d'ouvrages techniques comme Le langage C de Brian Kernighan et Dennis Ritchie, Computer Networks d'Andrew Tanenbaum ont été rédigés à l'aide de troff. Une liste peut être trouvée sur le site de troff. DWB 3.3Le code source original du Documenter's Workbench[12], qui a été publiée par AT&T Software Technology sous une licence Eclipse Public License. Plan 9 troffUne version de troff distribuée avec Plan 9 from Bell Labs. Elle permet d'utiliser l'encodage UTF-8. GNU : groffLe programme groff (GNU roff), écrit par James Clark, est aujourd'hui le clone de roff/troff/ditroff le plus répandu. Il émule tous ces programmes et y ajoute quelques fonctionnalités originales. Heirloom doctoolsIl s'agit d'une version de troff dérivée de programmes publiés sous une licence open source Common Development and Distribution License par Sun Microsystems en 2005[13] et améliorée par Gunnar Ritter[14]. NeatroffUne version de troff développée par Ali Gholami Rudi[15]. Elle permet d'utiliser des polices TrueType et OpenType, et supporte l'écriture bidirectionnelle. Voir aussiLiens externes
Notes et références
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