Robe de la chèvre

Troupeau de chèvres de différentes couleurs de robe.

La robe de la chèvre est la ou les couleurs d'une chèvre, c'est-à-dire de ses poils, selon les gènes hérités de ses parents et s'exprimant par des mécanismes mal connus.

Ces couleurs vont du noir au blanc, en passant par toutes les gammes du « marron ».

En 1994, Stefán Aðalsteinsson et al. ont observé dix patrons de robe chez les chèvres, postulant qu'elles soient déterminées par dix allèles du gène agouti, la onzième robe, le noir, résultant des allèles récessifs pour agouti[1]. En 2015, l'étude chinoise de Yang Ding et al. détermine l'implication de 13 allèles dans la couleur de robe des chèvres[2].

Description

Les robes et particularités du pelage des chèvres sont : blanc ou tan (Awt), masque noir (Abm), bezoar (Abx), blaireau (Ab), gris ou rouan (Ag), ventre clair ou noir et feu (Ajb), marques suisses (Aam), rayures latérales (Ajo), mahogany (Amh), joues rouges (Arc), et non-agouti (Aa)[3].


Blanc - Awt

Détail sur la tête d'une chèvre blanche.

L'allèle dominant Awt est à l'origine de la couleur blanche ou crème chez les chèvres[4]. Cette robe est universellement décrite comme blanche ou crème très clair, avec de possibles poils légèrement roux[4]. Les chèvres blanches ne sont pas albinos, car leur pelage et leur peau conservent des pigments localisés, et leurs yeux ne sont pas rouges ou roses[5].

La robe blanche est notamment présente chez les chèvres de race Saanen[6]. Une étude chez la Saanen, publiée en 1971, montre une transmission autosomique dominante de cette robe[7].

Les chèvres des Boers, majoritairement blanches conservent à minima des pigments au niveau de la peau et des sabots, afin de résister au soleil[5].


Masque noir - Abm

Détail sur la tête d'une chèvre exprimant la mutation Abm.

La robe « masque noir » est due à l'allèle Abm. Elle se caractérise par la présence d'une rayure dorsale noire ou blanche, d'un type général primitif, et d'une possible couleur plus claire sur le ventre[4].

Bezoar - Abx

Capra aegagrus creticus.

La robe bezoar est très proche phénotypiquement de celle de la chèvre sauvage (Bezoar Ibex - Capra aegagrus aegagrus)[8]. L'allèle Abx a été décrit pour la première fois en 1994[8].

Blaireau - Ab

Détail sur la tête d'une chèvre exprimant la mutation Ab.

La mutation blaireau[9] donne, comme son nom l'indique, un marquage en tête similaire à celui des blaireaux. Ce marquage chez la chèvre semble très proche génétiquement du marquage phénotypiquement comparable trouvé chez les moutons[10].

Chez les chèvres de race Gurguéia, cette particularité a sans doute été héritée des croisements avec la chèvre alpine[11].

Gris ou rouan - Ag

Bouc gris ou rouan.

Le gris est confondu avec le rouan dans les descriptions[8]. C'est un mélange de poils blancs à une autre couleur de base de la chèvre, stable dans le temps.

Ventre clair / noir et feu - Ajb

Chèvre naine noir et feu.

Cette robe a été nommée noir et feu, avec une notation Ajb, par le chercheur français J. J. Lauvergne en 1978[9]. Elle est aussi nommée « noir et feu poitevin » chez la chèvre poitevine[9].

Marques suisses - Aam

Rayures latérales - Ajo

Mahogany - Amh

Joues rouges - Arc

Non-agouti - noir - aa

Bouc noir.

Les chèvres qui n'expriment pas l'allèle dominant d'Agouti (aa) présentent un pelage totalement noir : il s'agit d'une robe récessive, également nommée « noir récessif »[9].

Robes à plages blanches

Les robes à plages blanches des chèvres consistent en des zones blanches irrégulières sur des robes pigmentées, à transmission vraisemblablement dominante[3]. Deux allèles hypothétiques sont référencés, notés S pour spotting : S+ pour le type sauvage, et Sc[3].

Histoire

La diversité des robes chez les chèvres s'est accrue à la suite de la domestication[2]. Les premières études sur l'héritabilité de la pigmentation de la chèvre sont conduites en 1928[12] et 1941 (en Russie)[13], et permettent de conclure à la dominance du pigment marron sur le pigment noir[3]. Cette hypothèse est confirmée en 1950, quand paraît une étude à propos d'un célèbre bouc britannique de pelage marron, réputé pour n'avoir jamais donné naissance à un chevreau noir[14].

Les études sur la diversité des robes de la chèvre n'ont été conduites qu'à partir des années 1989 et 1990, sur la base de l'observation des couleurs enregistrées dans un registre généalogique[3].

Notes et références

  1. Adalsteinsson et al. 1994.
  2. a et b Dong et al. 2015.
  3. a b c d et e Adalsteinsson et al. 1994, p. 267.
  4. a b et c Adalsteinsson et al. 1994, p. 268.
  5. a et b (en) Fred Homeyer, « How White is White? », Ranch and Rural Living, San Angelo, vol. 87, no 6,‎ , p. 17-18.
  6. « Copy Number Variation and Missense Mutations of the Agouti Signaling Protein (ASIP) Gene in Goat Breeds with Different Coat Colors », Cytogenetic and Genome, vol. 126, no 4,‎ (DOI 10.1159/000268089, lire en ligne, consulté le ).
  7. G. Ricordeau, J-J. Lauvergne et P. Guillimin, « Déterminisme héréditaire de la couleur blanche de la chevre Saanen », Genetics Selection Evolution, vol. 3, no 4,‎ , p. 425 (ISSN 1297-9686, DOI 10.1186/1297-9686-3-4-425, lire en ligne, consulté le ).
  8. a b et c Adalsteinsson et al. 1994, p. 272.
  9. a b c et d Lauvergne 1978, p. 181.
  10. Société française de dermatologie et de syphiligraphie, Association des dermatologistes et syphiligraphes de langue franc̜aise, Annales de dermatologie et de vénéréologie, vol. 106, Masson, , p. 411.
  11. Porter et al. 2016, p. 365.
  12. (en) S. A. Asdell et A. D. Buchanan Smith, « Inheritance of color, beard, tassels and horns in the goat », Journal of Heredity, vol. 19,‎ , p. 425-430.
  13. (ru) E. V. Eldregevic, « Une contribution au problème de la morphogenèse et de l'évolution de la pigmentation de la chèvre », Tr Buryat-Mong Zoovet Inst, Ulan-Ude, vol. 2,‎ , p. 173-187.
  14. (en) E. R. Hards, « The inheritance of coat characteristics in the goats of the British Isles », dans British Goat Society's Year Book, , 67-69 p..

Annexes

  • [Adalsteinsson et al. 1994] (en) S. Adalsteinsson, D. P. Sponenberg, S. Alexieva et A. J. F. Russel, « Inheritance of Goat Coat Colors », Journal of Heredity, vol. 85, no 4,‎ , p. 267–272 (ISSN 0022-1503, DOI 10.1093/oxfordjournals.jhered.a111454, lire en ligne, consulté le )
  • [Dong et al. 2015] Yang Dong, Xiaolei Zhang, Min Xie et Babak Arefnezhad, « Reference genome of wild goat (capra aegagrus) and sequencing of goat breeds provide insight into genic basis of goat domestication », BMC Genomics, vol. 16, no 1,‎ , p. 431 (ISSN 1471-2164, PMID 26044654, PMCID PMC4455334, DOI 10.1186/s12864-015-1606-1, lire en ligne, consulté le )
  • [Lauvergne 1971] J. J. Lauvergne, « Gènes de coloration du pelage de chèvres Alpines chamoisées et Poitevines », Genetics Selection Evolution, vol. 10, no 2,‎ , p. 181 (ISSN 1297-9686, DOI 10.1186/1297-9686-10-2-181, lire en ligne, consulté le )
  • [Porter et al. 2016] (en) Valerie Porter, Lawrence Alderson, Stephen J. G. Hall et Dan Phillip Sponenberg, Mason's World Encyclopedia of Livestock Breeds and Breeding, CAB International, , 6e éd., 1 107 p. (ISBN 1-84593-466-0, OCLC 948839453). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.Voir et modifier les données sur Wikidata
  • [Sponenberg 1990] (en) D. P. Sponenberg, « Inheritance of colour (as a fault) In sheep and goats », dans Proceedings of the 4th World Congress on Genetics applied to livestock production, vol. 15, Edinburgh, , p. 177-180.