Rallye de Grande-Bretagne 1972
Le Rallye de Grande-Bretagne 1972 (28th Daily Mirror RAC Rally), disputé du 2 au [1], est la vingt-cinquième manche du Championnat international des marques (IRC) courue depuis 1970[Note 1] et la neuvième et dernière manche du Championnat international des marques 1972. Contexte avant la courseLe championnat international des rallyes pour marquesAlors que le championnat d'Europe des rallyes pour conducteurs fut créé en 1953, ce n'est que quinze ans plus tard, en 1968 qu'apparut le championnat d'Europe des rallyes pour marques (ERC), Ford devenant cette année-là le premier constructeur titré dans la discipline. En 1970, le championnat devint intercontinental et fut rebaptisé championnat international des rallyes pour marques (IRCM) en intégrant une épreuve africaine, le Safari, le Rallye du Maroc venant s'ajouter à son calendrier dès l'année suivante. Après l'annulation récente de la Coupe des Alpes, faute de participants, le calendrier 1972 ne comprend plus neuf manches (six en Europe, deux en Afrique et une en Amérique du Nord). Le barème d'attribution des points a été modifié cette année, correspondant à celui prévu pour le futur championnat du monde des rallyes qui sera mis en place en 1973. Les épreuves sont réservées aux catégories suivantes :
Victorieuse de trois des huit manches déjà disputées, la Scuderia Lancia a d'ores et déjà remporté le championnat 1972. Et, en l'absence de Porsche, Fiat s'est assuré la place de dauphin. Outre le prestige d'une victoire au RAC, l'enjeu de l'ultime manche de la saison concerne la dernière marche du podium, convoitée par la marque japonaise Datsun qui a pour objectif de placer une de ses voitures parmi les trois premières. L'épreuveCréé en 1932 par le Royal Automobile Club (RAC), le Rallye de Grande-Bretagne était à l'origine une épreuve de maniabilité et d'orientation. Après guerre, il évolua en rallye de régularité avant de devenir dès le début des années 1960 une véritable épreuve de vitesse, avec secteurs chronométrés sur parcours tenu secret jusqu'au moment du départ. Les équipages locaux, ainsi que bon nombre de pilotes nordiques habitués des rallyes nationaux britanniques, ont cependant une bonne connaissance des pistes empruntées, palliant l'absence de reconnaissances. Depuis 1960, seuls des pilotes finlandais ou suédois s'y sont imposés. Le record de succès au «RAC» est détenu par Erik Carlsson, avec trois victoires consécutives entre 1960 et 1962. Le parcours
Première étape
Deuxième étape
Les forces en présence
La Scuderia Lancia, déjà assurée du titre 1972, a engagé deux Fulvia HF groupe 4 pour Harry Källström/Gunnar Häggbom et Simo Lampinen/Sölve Andreasson. Ces coupés pèsent 870 kg et sont dotés d'un moteur V4 de 1584 cm3 développant 160 chevaux. La transmission aux roues avant est assurée par une boîte cinq vitesses. Les Lancia utilisent des pneus Pirelli[3].
Le premier constructeur italien aligne trois 124 Spider Groupe 4 pour Håkan Lindberg/Ingvar Carlsson, Raffaele Pinto/Gino Macaluso et Alcide Paganelli/Ninni Russo. Préparées par Abarth, ces voitures à transmission classique pèsent 960 kg. Leur moteur quatre cylindres de 1755 cm3 fournit 170 chevaux. La boîte cinq vitesses est positionnée derrière le moteur. Les Fiat sont chaussées de pneus Pirelli[3].
Nissan Europe a préparé quatre Datsun 240Z Groupe 4, confiées aux équipages Rauno Aaltonen/Paul Easter, Tony Fall/Mike Wood, Shekhar Mehta/Martin Holmes et Roy Fidler/Barry Hughes. Ces coupés à transmission classique pèsent un peu plus d'une tonne. Leur moteur six cylindres en ligne de 2393 cm3 a une puissance de 230 chevaux. Ils sont équipés de pneus Dunlop[3].
L'équipe britannique, dirigée par Stuart Turner, a engagé quatre Escort RS1600 Groupe 2. Les équipages Roger Clark/Tony Mason et Timo Mäkinen/Henry Liddon disposent d'une version deux litres du quatre cylindres Cosworth BDA, avec bloc en aluminium, Hannu Mikkola/John Davenport et Andrew Cowan/Brian Coyle d'une version 1850 cm3 (bloc en fonte). Le moteur expérimental de la voiture de Clark bénéficie d'une distribution à 16 soupapes et d'un nouveau système d'injection développé par Lucas, la puissance maximale étant de l'ordre de 240 chevaux, soit 40 de plus que les versions 1850 cm3 / 8 soupapes de Mikkola et Cowan[4]. Ces berlines deux portes à transmission classique pèsent 800 kg et sont équipées de pneus Dunlop. Au côté des Ford officielles, on dénombre une soixantaine d'Escort privées au départ, les plus performantes étant celles de Chris Slater/Howard Scott et de l'équipage féminin Rosemary Smith/Pauline Gullick.
Vainqueur de l'épreuve l'année précédente, le constructeur suédois aligne trois coachs 96 Groupe 2 pour Stig Blomqvist/Arne Hertz, Per Eklund/Bo Reinicke et Carl Orrenius/Lars Persson. Ces tractions de 850 kg sont animées par un V4 Ford de 1854 cm3 fournissant 140 chevaux. Elles sont chaussées de pneus Dunlop[3].
L'association de concessionnaires suédois GM dealers a engagé quatre Ascona Groupe 2, des berlines deux portes à transmission classique avec moteur quatre cylindres de 1897 cm3. La puissance de ces voitures de 800 kg est de 190 chevaux. Elles sont aux mains de Gunnar Blomqvist/Ingelöv Blomqvist, Anders Kulläng/Donald Karlsson, Ove Eriksson/Lars-Erik Carlström et Lillebror Nasenius/Björn Cederberg. Tous utilisent des pneus Pirelli[3]. Henri Greder, navigué par Peter Jopp, s'aligne sur un modèle identique, son équipe ayant également engagé une Ascona Groupe 1 pour Marie-Claude Beaumont/Christine Giganot, qui visent le Coupe des dames.
Navigué par Claes Billstam, Leif Asterhag a engagé sa BMW 2002 Ti Groupe 2, une berline de 950 kg dotée d'un quatre cylindres de deux litres alimenté par deux carburateurs double corps et développant plus de 200 chevaux[3].
Jusqu'alors pilier d'Alpine, Ove Andersson vient d'être remercié par le constructeur français après son rachat par Renault qui a décidé de n'employer que des pilotes français. Le champion suédois a préparé lui-même un coupé Celica, homologué en Groupe 2. Proche de la série, cette voiture est chaussée de pneus Dunlop[1].
Le premier constructeur suédois a préparé deux 142 S Groupe 2 (1100 kg, transmission classique, moteur quatre cylindres de deux litres, 180 chevaux) pour Markku Alén/Atso Aho et Eeva Heinonen/Elizabeth Crellin. Déroulement de la coursePremière étapeYork - MachynllethLes 188 concurrents s'élancent de York le samedi matin. La première épreuve chronométrée a lieu dans le parc de Bramham et, pour sa première participation au «RAC», le jeune Suédois Leif Asterhag crée la surprise en dominant les ténors de la discipline, hissant sa BMW en tête du rallye avec six secondes d'avance sur la Saab de Stig Blomqvist et sept sur les Ford Escort de Roger Clark et de Timo Mäkinen. Il conserve la première place à l'issue du secteur suivant, mais Clark s'est montré plus rapide et s'est rapproché à quatre secondes de lui. Le Britannique récidive dans la troisième spéciale et s'empare du commandement de la course, devant ses coéquipiers Mäkinen et Hannu Mikkola. Après une liaison de plus de cent cinquante kilomètres, les équipages rejoignent le Pays de Galles, cœur de la première étape. Les Ford ne monopolisent pas longtemps les trois premières places : si à Prestatyn, alors que son coéquipier Andrew Cowan renonce à cause d'un problème d'allumage, Clark confirme sa bonne forme et accroit légèrement son avance, Mäkinen est retardé par une sortie de route. Deuxième à une dizaine de secondes de son coéquipier, Mikkola est talonné par Blomqvist. Tous deux vont perdre du temps sur Clark dans le secteur de Llandudno, alors que Håkan Lindberg, parti prudemment, hausse progressivement le rythme et remonte au classement général : après Colwyn Bay, le pilote Fiat est revenu en quatrième position, six secondes derrière Blomqvist, et va dès lors enchaîner une série de meilleurs temps. Blomqvist puis Mikkola sont débordés. Dans le dixième secteur chronométré, Lindberg écrase littéralement la concurrence et se rapproche à cinq secondes de Clark. Dans le suivant, il se montre une nouvelle fois le plus rapide et prend la tête de la course, une seconde devant la première Escort, Mikkola étant désormais relégué à plus d'une demi-minute. Attaquant à outrance, Lindberg va sortir de la route dans l'épreuve spéciale de Coed-y-Brenin et s'embourber profondément. La Fiat n'est pas endommagée mais l'équipage va perdre plusieurs minutes avant de pouvoir reprendre la piste. Mikkola, toujours talonné par Blomqvist, retrouve la deuxième place. Les trois leaders réalisent ensuite des performances semblables et c'est dans cet ordre qu'ils rejoignent le parc fermé de Machynlleth, alors que la nuit est déjà tombée. Au sein de l'équipe Fiat, Raffaele Pinto (moteur hors d'usage) et Alcide Paganelli (sortie de route) ont déjà tous deux renoncé, tout comme Mäkinen, qui a abandonné peu après une sévère sortie de piste, la fixation d'une roue arrière ayant cédé. Machynlleth - YorkLes concurrents repartent après quelques heures de pause. Lindberg n'ira pas très loin, un demi-arbre lâchant au cour de la nuit. Mikkola attaque et grignote peu à peu son retard sur Clark. Il est revenu à moins de dix secondes de son coéquipier quand le joint de culasse de son Escort cède. L'abandon est inévitable. Désormais seul à défendre les chances de l'équipe Ford, Clark possède alors près d'une minute et demie d'avance sur Blomqvist, qui a perdu un peu de temps après être avoir heurté un mouton, endommageant son radiateur. Derrière, la lutte pour la troisième place est très intense entre les Lancia d'Harry Källström et de Simo Lampinen, la Saab de Per Eklund, la Datsun de Tony Fall et l'Opel d'Anders Kulläng, l'écart entre ces voitures étant inférieur à la minute. Longtemps le mieux placé des cinq, Källström se fera finalement coiffer sur le fil par Eklund à l'arrivée de l'étape, alors que Clark rallie le parc fermé de York le dimanche soir avec toujours une minute et demie d'avance sur Blomqvist, désormais le seul à pouvoir lui disputer la victoire. Cent-trente-six équipages restent encore en course.
Deuxième étapeLes équipages repartent de York le lundi matin, en direction de Middlesbrough. La pluie fait rage, Clark accentue son avance sur Blomqvist qui, tablant sur une défaillance du moteur expérimental de l'Escort de tête, n'attaque pas au maximum et l'écart entre les deux hommes dépasse bientôt les deux minutes. Alors qu'Eklund se maintient en troisième position, Fall revient rapidement sur Källström et s'apprête à lui prendre la quatrième place mais un filtre à essence bouché va lui faire perdre une dizaine de minutes et le faire rétrograder au classement. Le pilote Datsun perdra peu après un quart d'heure supplémentaire à cause d'un arbre de roue cassé. Malgré des conditions difficiles, avec des zones verglacées, Clark négocie parfaitement les premières épreuves nocturnes, dans les forêts de Redesdale et de Kielder, et c'est avec un avantage de près de trois minutes qu'il aborde la partie écossaise du parcours. À mi-étape, Clark conserve une confortable avance sur les Saab de Blomqvist et Eklund, qui ont cependant haussé le rythme. Après quelques heures de pause, les concurrents doivent affronter les dernières difficultés écossaises avant le retour sur York. Alors que le jour n'est pas encore levé, la course d'Eklund prend fin lorsque le Suédois heurte violemment un pont et ne peut repartir, sa voiture étant sérieusement endommagée. Clark va désormais se contenter de gérer son avance sur Blomqvist. Malgré un roulement de roue endommagé, le Britannique conserve l'avantage et c'est avec près de trois minutes et demie d'avance sur son adversaire suédois qu'il rallie York, sous les acclamations du public, mettant fin à douze ans de domination nordique dans cette épreuve. Auteur d'un sans-faute, Kulläng décroche une belle troisième place, devant les Lancia de Källström et de Lampinen. Sur une Toyota Celica pratiquement de série mais soigneusement préparée par l'usine, Ove Andersson se classe neuvième au terme d'une course sans histoire. Seulement quatre-vingts concurrents ont atteint l'arrivée. Classements intermédiairesClassements intermédiaires des pilotes après chaque épreuve spéciale[3].
Classement général
Équipages de tête
Vainqueurs d'épreuves spéciales
Résultats des principaux engagés
Classement final du championnat
Notes et référencesNotes
Références
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