Querelle de l'athéismeLa querelle de l'athéisme (Atheismusstreit) concerna, de 1798 à 1800, Fichte, alors professeur à l'Université d'Iéna, accusé d'athéisme, et contraint à renoncer à sa chaire de philosophie le . Fichte semble identifier Dieu à l'ordre moral du monde, il retire à Dieu l'être (Sein) objectif. Ses adversaires voient là un athéisme. Il se défend en s'en prenant à la conception traditionnelle de Dieu :
HistoriqueDéjà, en 1792, Fichte avait publié Essai d'une critique de toute révélation, où il réduit le religieux à l'éthique. En , Friedrich Karl Forberg (1770-1848) publie dans le Journal philosophique un article intitulé "Au sujet de l'évolution du concept de religion" (Über die Entwicklung des Begriffs Religion), dans lequel il met en cause l'existence de Dieu et la possibilité de son règne à venir à partir d'arguments pris chez Kant. Fichte préface, dans le même cahier du Journal philosophique, l'article de Forberg. Son article à lui s'intitule : "Le fondement de notre croyance en une divine Providence". Philonenko résume[1] : "Fichte niait l'existence d'un Dieu extérieur à la conscience et comparable à une véritable chose en soi. Dieu était, selon Fichte, non plus une chose, non plus un postulat du devoir ou une hypothèse qui s'y rattache, mais la réalisation du devoir, de la moralité dans l'univers par et dans la chaîne infinie des consciences." En , une anonyme Lettre d'un père à son fils étudiant concernant l'athéisme de Fichte et de Forberg attaque : "Il est véritablement scandaleux que l'athéisme le plus grossier soit enseigné ouvertement dans une université chrétienne. Et pourtant l'on dit que Fichte a un tel succès qu'il a réussi à annihiler un de ses collègues" (cité par Fichte, Sämtliche Werke, t. V, p. 305). Le consistoire de Dresde accuse Fichte d'athéisme. La cour de Weimar chercha un compromis, mais Fichte s'emporta, il menaça de démission, mais on le prit à la lettre et il dut quitter l'Université d'Iéna. En 1799. Forberg justifie dans Apologie de son prétendu athéisme sa foi pratique en une réalité morale. Selon le résumé de R. Kühn, "la seule religion au sens kantien du devoir n'est pas la croyance que Dieu existe, mais le fait d'agir efficacement en ce monde comme si Dieu existait". Fichte, dans Appel au public contre l'accusation d'athéisme (1799) : la croyance en un gouvernement divin du monde n'est pas croyance en un maître du festin, dispensateur du bonheur, mais consiste dans la seule certitude intérieure de l'enchaînement intelligible de mes actions[2]. Fichte, dans Justification juridique contre l'accusation d'athéisme (1799), remarque que sa pensée relève plus de l'acosmisme que de l'athéisme. "pour Fichte, Dieu constitue l'ordre moral du monde, auquel la conscience accède par la notion de devoir. En s'efforçant de réaliser le devoir, le moi, à partir de ce monde qui est son œuvre, tend vers un autre monde, celui de l'ordre moral. La foi en cet ordre, voilà la religion. Au Dieu des dogmatistes Fichte substitue la notion du divin. Nous n'avons plus besoin de concevoir un Dieu, substance indépendante de l'idée d'un ordre moral universel où le bien suprême se réalise dans la vérité et non dans le bonheur. Ceux qui ont la propension et le besoin d'imaginer Dieu, cause d'un tel ordre, comme une entité particulière ne se rendent pas compte qu'il est impossible d'attribuer à Dieu intelligence et personnalité sans en faire un esprit fini semblable au nôtre ; le concevoir comme une substance à part est une superstition en contradiction avec l'idée même de Dieu, car une substance signifie un être doué de sensibilité et, partant, localisé dans l'espace et dans le temps ; nous ne pouvons donc lui attribuer l'existence, qui ne peut convenir qu'à un être doué de sensibilité."[3] Bibliographie
Voir aussiArticles connexes
Liens externes
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