Son nom vient de la « Pierre Scize » ou « Pierre Incise », une émergence du socle cristallin (granite) du massif Central qui s'avançait autrefois jusque dans le milieu de la Saône et qui a été taillée (« incisée ») pendant l'Antiquité pour faire passer une voie - celle du futur quai Pierre Scize. Le château de Pierre Scize a été construit sur l'éperon arasé.
Il dessert deux passerelles, avec d'aval en amont la passerelle Saint-Vincent et la passerelle de l'Homme de la Roche. Le pont de la Feuillée est à environ 128 m de l'extrémité Est du quai, et le pont Kœnig à environ 221 m de son extrémité ouest[n 1].
La rue Pierre Scize ou du Bourgneuf est attestée en 1659[6].
Au milieu du XVIIe siècle, la rive gauche de la Saône est bordée de quais mais ils sont trop étroits, s'éboulent fréquemment et sont toujours inondables. Elle est surtout bordée de maisons, qui sont construites au ras de l'eau, plus encore en rive droite qu'en rive gauche sauf au quai de la Baleine dont la construction remonte à 1640[7].
« La Veue de Lion descendat par la Saosne » (« La vue de Lyon descendant par la Saône ») (1649-1650), Israël Sylvestre
Vue vers l'aval. Contre le bord gauche, le fort Saint-Jean et sur la Saône la chaîne de Sainte-Marie-aux-chaînes[n 5]. En arrière-plan, quai Pierre Scise et toutes ses maisons au ras de l'eau.
À la fin de l’Ancien Régime naît le projet de créer une ligne de quais élargis pour améliorer la circulation et surélevés contre les inondations. L'idée est d'abord proposée par J.-A. Morand (plan général de 1763), puis reprise en 1780 par l’Intendant de Lyon J. de Flesselles. Mais le projet exige la démolition des maisons construites au bord de l'eau, et d'en indemniser les propriétaires. La dépense fait reculer. Mais fin XVIIIe s. le quai de la Baleine s'affaisse ; et entre-temps est intervenue la Révolution, période expéditive s'il en est. Les pouvoirs publics décident d'aménager toute la rive droite et l'arrêté des 6 pluviôse et 6 ventôse de l'an II (1794) ouvre la porte aux premières destructions. Les quais existants sont élargis en prenant sur la Saône, et exhaussés - ce qui fait que le rez-de-chaussée des maisons anciennement situées du côté droit de la rue intérieure est à moitié enseveli sous l'exhaussement. Des ports en gradins sont bâtis comme ceux en rive gauche[7].
Dans cette grande vague de construction et d'aménagement des quais, le quai Pierre Scize, demandé par les habitants dès 1801, est construit de 1811 à 1828 - en même temps que le quai de Bondy[7],[n 6] qui le prolonge vers l'aval.
Les quais depuis le pont de la Feuillée jusqu'au pont de Serin, c'est-à-dire le quai du Bourneuf, le quai du Puits de Sel et le quai de la Peyrollerie[6], sont réunis pour devenir le quai Pierre Scize en 1854 (délibération du Conseil municipal du 4 août 1854, approuvée le 17 février 1855)[6],[10].
Le quai de la Peyrollerie[1],[11],[n 7] est aussi appelé « quai d'Occident »[n 8].
La partie depuis la montée de l'Observance jusqu'à une vingtaine de mètres en aval du pont de Serin (actuel pont Koenig) devient le quai Chauveau en 1919[6].
[Clerjon 1830] Clerjon, Histoire de Lyon, depuis sa fondation jusqu'à nos jours, vol. 3, Lyon, Théodore Laurent, , 480 p., sur archive.org (lire en ligne)
[Combe 2007] Claire Combe, La ville endormie ? Le risque d’inondation à Lyon — Approche géohistorique et systémique du risque de crue en milieu urbain et périurbain (thèse de doctorat en Géographie, aménagement et urbanisme), Université Lumière Lyon 2, , sur theses.univ-lyon2.fr (présentation en ligne, lire en ligne)
Notes et références
Notes
↑ ab et c« Quai Pierre Scize, quai Chauveau et montée de l'Observance à Lyon, carte interactive » sur Géoportail. Vous pouvez bouger la carte (cliquer et maintenir, bouger), zoomer (molette de souris ou échelle de l'écran), moduler la transparence, désactiver ou supprimer les couches (= cartes) avec leurs échelles d'intensité dans l'onglet de "sélection de couches" en haut à droite, et en ajouter depuis l'onglet "Cartes" en haut à gauche. Les distances et surfaces se mesurent avec les outils dans l'onglet "Accéder aux outils cartographiques" (petite clé à molette) sous l'onglet "sélection de couches".
On peut faire glisser la vue vers la gauche ou la droite (placer le curseur sur le côté droit ou gauche de la vue, cliquer sur le bouton gauche de la souris, maintenir le bouton appuyé et faire glisser la vue vers la gauche ou la droite) ; faire avancer la caméra en cliquant sur la route ; et repositionner la caméra ailleurs en plaçant la souris dans la carte en encart en bas à gauche de la fenêtre, puis en cliquant sur un des traits bleus qui apparaissent.
↑Sainte-Marie-aux-chaînes est le nom d'un quai de rive gauche situé immédiatement en aval du fort Saint-Jean, qui a par la suite été absorbé par le quai Saint-Vincent. C'est aussi le nom du couvent plus tard devenu « la Manutention » puis le centre culturel « les Subsistances ». Le nom de « Sainte-Marie-aux-chaînes » vient de ce que les douaniers disposaient alors, en amont de la Saône, des chaînes en travers de la rivière pour empêcher les contrebandiers de s'introduire dans Lyon par voie fluviale.
« En 1418 le consulat, qui attend une attaque de Bourguignons, fait renforcer plusieurs fortifications et fait tendre les chaînes sur la Saône[8]. En 1434, « si l'ennemi approche davantage, on tendra la chaîne de Saint-George pour obvier que les blés et tous vivres ne s'en aillent de la cité ; de même celle de dessous Pierre Scise » »
Les chaînes sont portées par des alignements de bateaux[9]. Celle proche de Pierre Scise donne son nom au quai de « Sainte Marie aux chaînes », futur quai de Serin puis quai Saint-Vincent[8].
↑D'amont en aval, sont construits : les quais de l’Observance et de la Chana (1838-1841), le quai Pierre Scize (1811-1828, demandé par les habitants dès 1801), le quai de Bondy (1811-1828), les quais Humbert (1800) et de la Baleine (1803), le quai et le port de Roanne (1821-1826), le quai de l’Archevêché (1810). A l’aval, la construction du quai Fulchiron est décidée dès 1838 mais à cause du grand nombre de maisons qui bordent la rive, les travaux ne commencent qu’en 1843 et durent jusqu’en 1858, après avoir hésité entre empiéter sur la Saône ou détruire les maisons riveraines - cette dernière solution étant finalement retenue en 1838 après avoir consulté la population[7].
↑La perrollerie était l'art de fabriquer les articles de vaisselle[1].
↑Le nom de « quai d'Occident » pour le quai de la Peyrollerie, est utilisé entre autres sources dans un article du 12 décembre 1852 dans le quotidien lyonnais Le Salut public[12].
↑[Vingtrinier 1901] Emmanuel Vingtrinier (ill. Joannès Drevet), Le Lyon de nos pères, Lyon, éd. Bernoux, Cumin & Masson, , 352 p., sur gallica (lire en ligne), « Ancienne porte de Pierre Scise (XVIIIe s.) », p. 296bis, planche 19.
(Les autres eaux-fortes dans le livre, du même artiste, sont listées dans la page « Classement des eaux-fortes », avec une catégorie sur Commons des œuvres dans ce livre.)
↑ abc et d[Vanario 2002] Maurice Vanario et Henri Hours (dir.) (préf. Gérard Collomb), Rues de Lyon à travers les siècles : XIVe – XXe siècles, Lyon, Éd. lyonnaises d'art et d'histoire, . Cité dans « Métiers d'autrefois Pierre Scize », sur guichetdusavoir.org, (des bibliothécaires de la bm de Lyon répondent aux questions posées), (consulté le ).
↑André Steyert, Nouvelle histoire de Lyon et des provinces de Lyonnais - Forez - Beaujolais - Franc-Lyonnais et Dombes, t. Premier : Antiquité, depuis les temps préhistoriques jusqu’à la chute du royaume Burgonde (534), Lyon, Bernoux et Cumin éditeurs, , 614 p. (lire en ligne), p. 303
↑Nathalie Chifflet, Lyon mis en scènes, Paris, Espaces & signes, (ISBN979-10-94176-91-7), p. 74.