QQOQCCPCinq W QQOQCCP (pour « Qui ? Quoi ? Où ? Quand ? Comment ? Combien ? Pourquoi ? ») est un sigle résumant une méthode empirique de questionnement d'origine aristotélicienne[1]. Sa simplicité, son caractère logique et systématique en font un cadre descriptif d'analyse classique. Ce concept est notamment utilisé en journalisme. En anglais, cette méthode est abrégée en Five W's (« cinq W », pour « Who, What, Where, When, Why ? », ou « who did what, where, when, and why » c'est-à-dire : « qui a fait quoi, où, quand et pourquoi ? »[2]). Les cinq W sont particulièrement utilisés en agence de presse[3], qui exige que les réponses aux cinq questions soient données dès le début de la dépêche, ce qui permet un découpage de l'information par priorité. Cette méthode est également utilisée de façon courante dans l'éducation pour l'étude de documents, ainsi qu'en gestion de la qualité, comme première étape d'une analyse de cause racine de problèmes. Origine et histoireChez Aristote et les scolastiquesLe sigle a pour origine un moyen mnémotechnique latin (« Quis, Quid, Ubi, Quibus auxiliis, Cur, Quomodo, Quando ») utilisé par les savants scolastiques pour la mémorisation des particularités d'un acte telles que définies par Aristote[4],[5]. Ces particularités de l'acte permettant de qualifier la responsabilité morale de son auteur[6]. Plusieurs autres utilisations ont ensuite assuré la persistance de l'expression jusqu'à aujourd'hui :
Redécouverte et utilisation par le journalismeLes cinq W sont assimilés aux « règles fondamentales du reportage », à partir du « journalisme américain du XXe siècle ». Elle est mise en évidence pour témoigner de l'apparition d'un style journalistique bien différent du style littéraire, à une époque où la professionnalisation des journalistes s'accentue[8]. La règle des « Cinq w du journalisme » était en particulier exigée par Roy W. Howard[9], rédacteur en chef et président, de 1912 à 1923, de l'United Press[10], la seconde agence de presse américaine et mondiale[11]. En 1917, cette méthode d'écriture, consistant à inclure les cinq W dans le premier paragraphe d'une dépêche, est enseignée dans les plus prestigieuses écoles de journalisme [12]. La méthode des cinq W oblige le journaliste à une hiérarchisation de l'information sous la forme de la description d'un événement. Elle le contraint à faire un choix. Elle peut se révéler réductrice dans les cas d'une réalité plus diffuse ou plus complexe. Il est dans ce cas prévu d'apporter des développements dans les paragraphes suivants. Le cinquième W, qui répond à la question « pourquoi », s'inscrit à la charnière du récit de l'événement lui-même et des éléments de contexte qui suivent. Cette charnière permet d'expliquer, de comprendre, et de savoir en quoi cet événement modifie la donne, apporte quelque chose de nouveau[9]. Lorsque l'événement est d'une importance relative, une dépêche d'agence de presse doit pouvoir être coupée après le 1er paragraphe, pour faire l'objet d'une « brève » de quelques lignes dans un journal quotidien ou un journal radio. Les cinq W sont à l'origine du nom de Revista 5W (ca), une revue d'actualité internationale publiée en espagnol à Barcelone (Catalogne, Espagne). Redécouverte et utilisation en communication et conduite de projetLe modèle est simplifié et adapté à une approche fonctionnaliste de la communication par Harold Dwight Lasswell dans les années 1930 où les 5W signifie « Who says What to Whom in Which channel with What effect » soit « Qui (dit) quoi (à) qui (par) quel moyen (avec) quel effet ». Il s'apparente à un modèle « propagandiste » ou « publicitaire ». Ce questionnement est sous-jacent dans les modèles de conduite de projet de W. Edwards Deming à partir des années 1950. Toutefois la méthodologie projet de ce dernier étant circulaire, il convient d'associer les QQOQCCP et les approches de Deming avec prudence. Utilisation de la méthodeToute démarche d'analyse implique en effet une phase préalable de « questionnement systématique et exhaustif » dont la qualité conditionne celle de l'analyse proprement dite, en vue de collecter les données nécessaires et suffisantes pour dresser l'état des lieux et rendre compte d'une situation, d'un problème, d'un processus. Faire le tour d'une question conduit à se poser et à répondre à de nombreuses questions — de 5 à 10 suivant les auteurs —, telles que : « Que fait-on ? Avec quoi le fait-on ? Qui est concerné ? Qui le fait ? Et pourquoi cette personne ? Où le fait-on ? Quand le fait-on ? Avec quelle quantité ? Combien ça coûte ? Comment le fait-on ? Pourquoi ? Pourquoi y a-t-il ce problème ? Pourquoi agit-on ainsi ? Pourquoi est-ce important ? Pourquoi est-ce situé ici ou là ? », etc. Présentation sous forme de listeD'où l'idée de résumer et d'ordonner ce questionnement – au premier abord désordonné parce que foisonnant en tous sens – en une liste méthodique et mnémotechnique :
Sous forme de tableauUne variante d'utilisation structure le questionnement non plus sous forme de liste, mais sous forme de tableau. En ligne, les 4 questions de base. En colonne, la réponse à ces 4 questions est complétée par la réponse aux 3 modalités : Comment ? Combien ? et Pourquoi[13]?
Exemples d'applicationLa méthode est utilisée dans un grand nombre de domaines :
Notes et références
Voir aussiLiens externes
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