Protectorat italien sur l'AlbanieRépublique d'Albanie
Republika Shqiptare 1917–1920
Entités précédentes : Entités suivantes : Le protectorat italien sur l'Albanie fut mis en place par le royaume d'Italie pendant la Première Guerre mondiale afin de placer de jure l'Albanie indépendante sous contrôle italien. Il exista du jusqu'à l'été 1920. HistoireLe royaume d'Italie occupait le port de Vlora en et la région du sud de l'Albanie à l'automne 1916[1], tandis que l'armée française occupait Korçë et ses environs le . Les Italiens (dans Gjirokastër) et des forces françaises (à Korçë), principalement à cause du développement du front des Balkans, entrèrent dans la zone de l'ex-république autonome d'Épire du Nord (contrôlé par la minorité grecque) à l'automne 1916, après l'approbation de la Triple Entente. La création de la république autonome albanaise de Korça fut faite le par les autorités françaises avec un protocole, selon lequel une province autonome serait établi sur le territoire de Korçë, Bilisht, Kolonja, Opar et Gora dans l’est de l'Albanie. Le , l'Italie demanda des explications au Quai d'Orsay, par son ambassadeur, parce que l'établissement de la république autonome albanaise de Korça violait le traité de Londres[2]. L'Autriche-Hongrie utilisa le précédent français à Korçë pour justifier la proclamation de l'indépendance de l'Albanie sous son protectorat, le à Shkodra. Le royaume d'Italie fit de même lorsqu’il proclama l'indépendance de l'Albanie sous son protectorat le à Gjirokastra[3]. Le général Ferrero proclama ce jour-là le protectorat italien et les semaines suivantes occupa Ioannina en Épire[4]. Ni la Grande-Bretagne, ni la France ne furent consultées auparavant, et ils ne donnèrent pas de reconnaissance officielle au protectorat italien[5]. Cette république albanaise sous la direction de Turhan Përmeti, protégés par 100 000 soldats de l'armée italienne, adopta officiellement un drapeau rouge avec un aigle noir au milieu, mais souleva une tempête de protestations, même au parlement italien[6]. En automne 1918, les Italiens étendirent leur protectorat (sans rien ajouter officiellement à l'Albanie) à des zones du nord de la Grèce (autour de Kastoria) et en Macédoine occidentale (autour de Bitola), conquis sur les Bulgares et les Ottomans. Le , la 35e division italienne atteignit et occupa Kruševo profondément à l'intérieur de la Macédoine occidentale[7]. En , le XVIe Corpo d'Armata (près de quatre divisions italiennes, avec même deux bataillons de volontaires albanais) conquit tout le centre nord de l'Albanie sur les Autrichiens : du 10 au 14 Durrës est pris, le lendemain Tirana et du 10 au 31 Scutari ; enfin le Ulcinj et Bar, sur la cote de l’actuel Monténégro, sont conquises[8]. En , lorsque la Première Guerre mondiale s’acheva, presque tout ce qui constitue maintenant l'Albanie contemporaine était sous protectorat italien, après le retrait de l'expédition française de la région de Korçë (la France mit fin «officiellement» à la République autonome albanaise de Korça le ). Depuis lors et pendant près de deux ans, jusqu'à l'été 1920, le protectorat italien sur l'Albanie fut administré par le gouvernement italien : dans un pays qui manquait presque tout, après des siècles de domination ottomane, furent construits 546 km de nouvelles routes, 110 km de nouvelles voies ferrées, 3 000 km de lignes télégraphiques, 9 téléphériques, quelques hôpitaux et des bâtiments administratifs modernes[9]. Après la Première Guerre mondialeUne délégation envoyée par l’assemblée nationale albanaise d’après-guerre, qui s'était réunie à Durrës en , défendit les intérêts albanais à la conférence de paix de Paris, mais la conférence rejeta toute représentation officielle de l'Albanie. L'Assemblée nationale albanaise, soucieuse de garder l'Albanie intacte, exprima sa volonté d'accepter la protection italienne, et même un prince italien comme souverain, aussi longtemps qu’elle ne perdait pas de territoire. Mais en , à la conférence de paix de Paris, les négociateurs français, anglais, italiens et grecs décidèrent de diviser l'Albanie entre la Yougoslavie, l'Italie et la Grèce comme un expédient diplomatique visant à trouver une solution de compromis au conflit territorial entre l'Italie et la Yougoslavie. L'accord (avec le territoire de Valona et les zones du centre sud de l'Albanie donnés à l'Italie) fut conclu dans le dos des Albanais et en l'absence d'un négociateur américain. Cet accord a créé un énorme ressentiment anti-italien chez de nombreux Albanais, et en les Italiens (en raison de la démobilisation de leurs troupes après la fin de la Première Guerre mondiale) se retirèrent de plusieurs villes importantes (Durazzo, Scutari, Tirane, Valona, Tepelani et Clisura) et des zones environnantes. Les Italiens durent faire face à la guerre de Vlora. Les mouvements révolutionnaires[10] en Italie rendirent la présence des 20 000 derniers soldats de l'armée italienne en Albanie fondamentalement impossible. Le , 1920, le protocole albano-italien fut signé, à la suite duquel l'Italie se retira de l'Albanie (se maintenant uniquement sur l'île de Saseno). Cela a mis fin aux prétentions italiennes pour Vlora et pour un mandat sur l'Albanie, sauvant le territoire de l'État albanais d’une nouvelle partition[11]. Le désir de compenser cette retraite serait l'un des principaux motifs de Benito Mussolini pour envahir l'Albanie en 1939[12]. Voir aussi
Références
Bibliographie
Liens externes
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