Proposition relativeEn grammaire, la proposition relative est une proposition subordonnée servant le plus souvent d'expansion nominale. Dotée obligatoirement d'un verbe, elle est introduite au moyen d'un pronom relatif. Exemples :
FrançaisOn détaillera ici quelques spécificités des relatives en français. Il va de soi que d'autres langues connaissent des procédés similaires. GénéralitésFonctionnement
Fonctions du pronom relatif :
AutonomieEn tant qu'expansion du nom, la proposition relative n'est pas un complément essentiel : on peut la supprimer sans rendre la phrase agrammaticale, même quand elle est enchâssée dans la principale : « [Ce chat, [qui est énorme], se nomme Boubou] » ⇒ « [Ce chat se nomme Boubou] ». Inversement, on ne peut pas la conserver seule : qui est énorme n'est pas une proposition autonome. Il existe cependant des propositions relatives non supprimables, qui ne sont pas des expansions d'un nom :
Mode du verbe de la relativeLe mode non marqué dans la relative est l'indicatif. Le subjonctif peut cependant être employé. Il apporte dans ce cas une valeur subjective ou hypothétique à la relative :
Pour étudier les différents types de relatives, il convient d'opérer au préalable une distinction entre les relatives avec antécédent et les relatives sans antécédent. Ce tour rapide de l'utilisation des relatives en français ne se veut bien sûr pas exhaustif. Il cache en effet par sa brièveté de nombreuses difficultés d'analyse. Relative sans antécédent (substantive)Une relative sans antécédent (ou relative substantive) est une proposition subordonnée relative dont le pronom relatif est employé sans antécédent, et qui équivaut à un nom (un substantif) ou à un élément nominalisé :
Relative avec antécédentUne relative avec antécédent est une proposition subordonnée relative dont le pronom relatif est employé avec un antécédent. Plus communes que les précédentes, les relatives avec antécédent sont de deux sortes, selon qu'elles participent ou non à l'actualisation de cet antécédent : elles sont appelées déterminatives dans le premier cas et explicatives dans le second. Les relatives attributives constituent un cas un peu à part. Relative déterminativeUne relative déterminative (ou relative restrictive) est une proposition subordonnée relative avec antécédent qui permet d'identifier (partiellement ou totalement) le référent désigné par l'antécédent du pronom relatif introducteur :
Le maçon en question n'est pas totalement déterminé (on n'est même pas sûr qu'il existe), mais on est sûr d'une chose : il ne peut s'agir de n'importe quel maçon, mais d'un « maçon qui sache travailler à l'ancienne ». Permettant de spécifier une sous-classe dans un ensemble donné, une relative déterminative a donc un caractère indispensable et ne peut être supprimée (sa suppression, possible d'un point de vue purement syntaxique, ne permettrait pas l'actualisation du référent, celui-ci ne pourrait donc plus être identifié). Elle a la valeur d'une épithète :
Si l'on supprime la relative (« La rue est barrée pour cause de travaux. »), il devient impossible d'identifier le référent, c'est-à-dire, de dire de quelle rue il s'agit (sauf, bien sûr, si l'on sous-entend qu'il s'agit de la rue dans laquelle se déroule l'énonciation). Relative explicativeUne relative explicative (ou relative non déterminative ou relative non restrictive) est une proposition subordonnée relative avec antécédent qui ne joue aucun rôle dans l'identification du référent :
Le destinataire n'a qu'une seule voiture, laquelle ne possède que quatre (ou cinq) pneus. Les pneus en question sont parfaitement identifiés même en l'absence de la relative (« Tu devrais changer les pneus de ta voiture. »). La relative explicative apporte donc un certain nombre d'informations complémentaires non indispensables à l'identification du référent. À l'oral, elle est souvent séparée de son antécédent par une pause syntaxique (des virgules à l'écrit). Elle peut plus facilement être supprimée qu'une déterminative. Sa suppression consiste donc en une simple perte sémantique, ne modifiant pas l'actualisation du référent. Souvent porteuse de valeurs circonstancielles et logiques, elle a la valeur d'une apposition :
La relative sert à ajouter une information logique et à expliquer le contenu de la principale (« C'est parce que mon voisin est une personne sympathique, que celui-ci m'a souvent rendu service »). La différence sémantique entre la relative explicative et la relative déterminative mérite quelques observations. Toutes deux sont supprimables d'un simple point de vue syntaxique, mais la suppression de la subordonnée déterminative, elle, met en péril l'actualisation de l'antécédent. Ce qui signifie qu'un énoncé donné n'aura pas le même sens selon qu'il prend la forme d'une relative explicative ou d'une relative déterminative :
La première phrase signifie que tous les soldats n'étaient pas fatigués, et que tous ne se sont pas mal battus. La relative — ici, déterminative — restreint l'extension de l'antécédent « soldats » (le référent) : ne sont considérés, parmi tous les soldats, que ceux qui étaient fatigués et non la totalité de l'ensemble. « Certains » soldats étaient fatigués et ce sont ceux-là qui se sont mal battus. La deuxième phrase signifie tout au contraire que « tous » les soldats étaient fatigués, et que par conséquent, « tous » se sont mal battus. La relative (explicative) ne fait qu'apporter une explication subsidiaire : l'antécédent « soldats » (le référent) ne subit aucune restriction, ce sont bien tous les soldats qui se sont mal battus, et cela « parce qu'ils étaient fatigués ». On dit que la relative explicative a une « valeur généralisante ». En résuméEn français, les relatives explicatives sont obligatoirement distinguées des déterminatives par la mise en incise au moyen de virgules : en effet, « les soldats, qui étaient fatigués, se sont mal battus » et « les soldats qui étaient fatigués se sont mal battus » n'ont strictement pas le même sens. Ces virgules marquent la pause faite à l'oral, qui permet précisément de marquer la valeur explicative de la relative. C'est ainsi qu'on distingue donc dans le discours oral :
Relative attributiveUne relative attributive est une proposition subordonnée relative avec antécédent, dont la fonction est attribut, du sujet réel ou de l'objet. Elle constitue un cas particulier s'apparentant aux relatives déterminatives. Elle ne peut exister qu'au sein d'un certain nombre d'expressions figées (quoique très courantes), et constituant le thème de la phrase, pour des raisons purement syntaxiques, elle ne peut jamais être supprimée et elle peut être substituable à un attribut du COD :
La relative est attribut de l'objet « poils ». La phrase entière équivaut à : « Les poils de Boubou sont frisants ».
La relative est attribut du sujet réel « toi ». La phrase entière équivaut à : « Toi seul mérites de réussir ».
La relative est attribut de l'objet « cheveux ». La phrase entière équivaut à : « Mes cheveux grisonnent. »
La relative est attribut de l'objet « la ». La phrase entière équivaut à : « Je vis qu'elle était "en train" de s'approcher »
La relative est attribut du sujet « Ils ». La phrase entière équivaut à : « Ils sont "en train" d'attendre là » Latin et grec ancienUne proposition relative au subjonctif équivaut à une proposition circonstancielle. Le pronom relatif est alors l'équivalent :
Grec moderneÀ l'opposé des langues décrites précédemment, le système relatif du grec moderne apparaît très simple : en effet, il existe un pronom relatif, που pou, invariable, qui sert à tous les emplois. Il ne faut pas le confondre avec πού poú, marqué de l'accent aigu, pronom interrogatif de lieu (« où ? »). C'est d'autant plus notable que le grec moderne est une langue bien plus flexionnelle que le français, par exemple, qui, lui, utilise un pronom relatif composite aux nombreuses formes empruntées à des mots différents. Voici quelques exemples, tous empruntés au poète grec Odysséas Elýtis (l'antécédent est souligné ; on a adopté, contrairement aux usages dans cette encyclopédie propres au grec ancien, une transcription et non une translittération)
Il existe cependant d'autres pronoms relatifs, déclinables en genre, ambiguïtés, ou d'emploi limité, comme όσος, -η, -ο, qui ne sert qu'à la comparaison de quantité (« aussi »), ou όποιος, -α, ο (remplaçables par l'indéclinable ό,τι, avec virgule), pronom relatif indéfini (« qui que ce soit »). AnglaisComme en français, on place une proposition relative anglaise après son antécédent, et entre des parenthèses s'il s'agit d'une proposition non restrictive (c'est-à-dire servant non pas à identifier précisément l'antécédent, mais plutôt à fournir des informations supplémentaires). Le choix d'un pronom relatif repose sur quatre distinctions :
Dans une proposition déterminative, lorsque le pronom relatif sert d'objet au verbe ou a une préposition détachée, le pronom relatif peut être omis. Dans le tableau ci-dessous l'omission est indiquée par Ø. Résumé des relatives avec antécédent
Relatives sans antécédentEn anglais, les relatives sans antécédent sont introduites par des pronoms relatifs particuliers. Il s'agit de what (=that which, « ce qui, ce que »), whatever ou whatsoever (=anything that, « (tout) ce qui, (tout) ce que, quoi que ce soit »), et whoever ou whosoever ou whomever (=anyone who(m), « celui qui / que, tous ceux qui, quiconque, qui que ce soit »). Par exemple :
MandarinEn mandarin il n'y a pas de pronoms relatifs ; le rôle de l'antécédent dans la proposition relative (sujet, objet du verbe, etc.) est implicite par le contexte. La proposition relative est placée avant son nom et elle est suivie directement de la particule 的 (de). Voir aussiArticles connexes |