Fils d'un avocat puis greffier au tribunal d'Issoire[2], Pierre-François Fournier suit des études de médecine, réussissant le concours de l'externat de la faculté de médecine de Paris. Il renonce néanmoins à la médecine pour intégrer l'École des chartes[3] où il soutient en 1911 une thèse sur l'administration d'Alphonse de Poitiers en Auvergne[4]. Inédite, elle a été publiée par les Presses universitaires Blaise Pascal en 2017[5]. Surnuméraire à la Bibliothèque nationale de France pendant dix ans, ses compétences de médecin lui valent d'être mobilisé comme médecin auxiliaire durant la Première Guerre mondiale. Il fut prisonnier au cours du conflit[6]. Démobilisé en 1919, il reçoit la croix de guerre 1914-1918 et la légion d'honneur[7]. Ses photographies et ses souvenirs de guerre sont accessibles en ligne[8].
Archiviste départemental de Haute-Loire en 1922[9], il succède à Gilbert Rouchon au poste d'archiviste du Puy-de-Dôme en 1924[10] Il reste à ce poste vingt-cinq ans, jusqu'en 1949[7]. Pendant cette période, il a également la responsabilité des musées du Ranquet[11] et Bargoin entre 1947 et 1955[7]. Premier directeur des Antiquités historiques de la circonscription archéologique Auvergne-Limousin (1942-1964), également conservateur des Antiquités et objets d'art du Puy-de-Dôme entre 1942 et 1965[12],[7].
Son fils Gabriel Fournier est également médiéviste, ancien professeur d'histoire médiévale à l'université Blaise Pascal, spécialiste de l'Auvergne et particulièrement de son peuplement.
Recherches
Par ses recherches, Pierre-François Fournier s'inscrit dans la ligne de l'école méthodique[15], tout en restant ouvert à l'évolution de la science historique (école des Annales).
Chercheur éclectique, Pierre-François Fournier s'intéresse à une multitude de disciplines pouvant nourrir le discours historique : archéologie, onomastique, toponymie... Dans le domaine de l'épigraphie, Bernard Rémy n'a pas hésité à le qualifier de « véritable successeur d'Otto Hirschfeld [en Auvergne] »[16]. Robert-Henri Bautier écrit en 1986 : « Mais à quoi ne vous êtes-vous pas intéressé dès lors que votre Auvergne était en cause[17] ? » Particulièrement attaché à son Auvergne natale, Pierre-François Fournier se fait notamment remarquer pour la défense de la localisation du site de Gergovie[18] mais aussi pour les prospections pédestres qu'il mène avec son fils Gabriel Fournier[19]. Les travaux menés dès la fin des années 1990 par Frédéric Trément prennent pour point de départ les recherches de Pierre-François et Gabriel Fournier[20]. Il est le premier à calquer les limites de la cité des Arvernes sur celles de l'ancien diocèse de Clermont, méthode depuis confirmée[21]. En tant que directeur des Antiquités historiques, il est également chargé de la rédaction des notices d'actualités archéologiques de la revue Gallia.
Ses recherches ont porté également sur les chartes de franchises, la magie et la sorcellerie[22], les sarcophages, l'hagiographie[23],[24]...
Les publications de Pierre-François Fournier totalisent plus de trois-cents articles, contributions et ouvrages. Plusieurs inventaires en ont été faits[26].
Pierre-François Fournier, Étude sur l’administration d’Alfonse de Poitiers dans la terre d’Auvergne : édition critique de la thèse soutenue par l’auteur à l’École nationale des chartes en janvier 1911, Clermont-Ferrand, Presses Universitaires Blaise Pascal, coll. « Histoires croisées », (1re éd. 1911 : thèse), 243 p. (ISBN978-2-84516-767-4)
Pierre-François Fournier, Conseils pratiques pour le classement et l'inventaire des archives et l'édition des documents historiques écrits, Paris, Honoré Champion, coll. « Publications de la Société des études locales / Section de la Haute-Loire » (no 4), (BNF32121948)
Pierre-François Fournier, Les Ouvrages de pierre sèche des cultivateurs d'Auvergne et la prétendue découverte d'une ville aux côtes de Clermont, Clermont-Ferrand, Imprimerie générale, (BNF34090235)
Pierre-François Fournier, Les fouilles de Gergovie depuis le XVIIIe siècle jusqu'à la constitution du comité "Pro Gergovia", leur histoire, leurs résultats, Clermont-Ferrand, Editions du comité Pro Gergovia, (BNF34092854)
Pierre-François Fournier, Le Bourbonnais, Paris, Boccard, (BNF32121945)
Pierre-François Fournier, Issoire, esquisse historique, Issoire, A. Vessely, (BNF32121955)
Pierre-François Fournier, La conquête de l'Auvergne pour Philippe Auguste 1211-1212. Récit de Guillaume le Breton, Clermont-Ferrand, Imprimerie générale, (BNF35722278)
Émile Desforges, Pierre-François Fournier, Jean-Jacques Hatt et Franck Imberdis, Nouvelles recherches sur les origines de Clermont-Ferrand, Clermont-Ferrand, Institut d'études du Massif central, (BNF35290022)
Pierre-François Fournier, « Anciennes routes de Clermont au Gévaudan par la région de Brioude », Almanach de Brioude, Brioude,
Arsène Bonnefoi et Pierre-François Fournier, « Le souterrain de la Roche Cavée à Agnat », Almanach de Brioude, Brioude,
Pierre-François Fournier, Magie et sorcellerie : essai historique, Moulins, Ipomée, , 453 p. (ISBN2-86485-008-7)
Pierre-François Fournier, « Recherches sur l’histoire de l’Auvergne, 2/ Ruines de villages bâtis à pierre sèche et abandonnés », Bulletin historique et scientifique de L’Auvergne, t. 89, , p. 265-311
Gabriel Fournier et Pierre-François Fournier, « La vie pastorale dans les montagnes du Centre de la France. Recherches historiques et archéologiques », Bulletin historique et scientifique de l'Auvergne, t. 91, no 676, , p. 199-358 (ISSN1153-2602)
Pierre-François Fournier et Pascal Guébin (éd.), Enquêtes administratives d'Alfonse de Poitiers : arrêts de son Parlement tenu à Toulouse et textes annexes : 1249-1271, Paris, Imprimerie nationale, coll. « Collection de documents inédits sur l'histoire de France » (OCLC715690235)
↑Yves Soulingeas, Guide des Archives de la Haute-Loire, Le Puy, Archives départementales de la Haute-Loire, (lire en ligne), p. 24.
↑Il rédige la nécrologie de son prédécesseur qui est resté quarante-deux ans en poste, ainsi que l'inventaire de ses papiers après sa mort en 1939 : Pierre-François Fournier, « Nécrologie - Gilbert Rouchon », Bibliothèque de l'école des chartes, t. 100, , p. 218-221 (ISSN1953-8138, lire en ligne, consulté le ).
↑« Séance du samedi 8 novembre 1986 », Bulletin de la société française de numismatique, vol. 41, no 9, , p. 114 (ISSN0037-9344, lire en ligne, consulté le ).
↑Frédéric Trément, « Le peuplement des campagnes d'Auvergne à l'époque romaine », dans Daniel Martin, L'identité de l'Auvergne, Nonette, Créer, (ISBN2-909797-70-8, lire en ligne), p. 85-86.
↑Frédéric Trémentet al., « Le territoire des Arvernes : limites de cité, tropismes et centralité », dans Christine Mennessier-Jouannet et Yann Deberge, L'archéologie de l'âge du fer en Auvergne, Lattes, Association pour le développement de l'archéologie en Languedoc-Rousillon, coll. « Monographies d'archéologie méditerranéenne », (ISBN978-2-912369-13-0, lire en ligne), p. 99-110
↑Notamment Pierre-François Fournier, « Saint Austremoine, premier évêque de Clermont : son épiscopat, ses reliques, ses légendes », Bulletin historique et scientifique de l'Auvergne, t. 89, , p. 417-471.
Rémy Roques, Gabriel Fournier et Bernadette Fizellier-Sauget, « Remarques préliminaires des éditeurs », dans Fournier 2017 (lire en ligne), p. 7-28
Anne-Marie Chagny-Sève, « Pierre-François Fournier (1885-1986) », Bibliothèque de l'École des chartes, t. 145, no 2, , p. 518-521 (ISSN1953-8138, lire en ligne, consulté le )
Francine Leclercq, « Pierre-François Fournier (1885-1986) », Bulletin historique et scientifique de l'Auvergne, t. XCIII, nos 692-693, , p. 215-240 (ISSN1153-2602)
J. Thirion, « Éloge funèbre de M. Pierre Fournier », Bulletin de la Société nationale des Antiquaires de France, , p. 19
Robert-Henri Bautier, « Allocution pour associer l'Académie à la célébration du centenaire de M. François-Pierre Fournier, Correspondant de l'Académie », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, no 130, , p. 51-55 (ISSN1969-6663, lire en ligne, consulté le )