Philibert ChabertPhilibert Chabert
Philibert Chabert, né à Lyon le et mort à Maisons-Alfort le , est un vétérinaire français, professeur puis successivement directeur de l'École vétérinaire d'Alfort et inspecteur des Écoles vétérinaires. BiographieFils de maréchal-ferrant, Philibert Chabert apprend à son tour ce métier. Il vient à Paris travailler chez le père de Philippe-Etienne Lafosse, qui y exerçait la maréchalerie[1]. Il entre ensuite au service de l'armée où il fait, comme maréchal-ferrant, la guerre de sept ans (campagne du Hanovre) dans les armées du prince de Condé, où le Maréchal de France Frédéric de Montmorency remarque ses qualités. Lors de la paix survenue en 1763, après le Traité de Hubertsbourg, Montmorency le recommande à Claude Bourgelat, écuyer du roi Louis XV, et fondateur de la première école vétérinaire en 1761[2]. Il entre ainsi au Collège Royal vétérinaire de Lyon, puis en 1766 à l'École vétérinaire d'Alfort que Bourgelat venait de fonder avec le concours du secrétaire d'État Bertin. Il y dirigea les forges et les hôpitaux. Chabert faisait fréquemment référence à son expérience de maréchal-ferrant[3]. En 1780, il succéda à Bourgelat à la direction de l'École vétérinaire d'Alfort, puis comme Inspecteur général des Écoles royales vétérinaires. En 1783, il fut élu membre de la Société d'agriculture de la généralité de Paris[4]. Sous la Révolution, Chabert reste fidèle à la famille de Montmorency qui l'avait favorisé au début de sa carrière. Il abrite la Duchesse de Montmorency-Luxembourg plusieurs semaines à Alfort. Ce qui lui vaut d'être dénoncé sous la Terreur et arrêté le . Il est emprisonné à Picpus. Un de ses étudiants, Jean Girard[5], proche du Comité de sureté générale, chercha d'abord à le faire libérer. Il fit appel à Couthon, mais ce dernier lui indiqua qu'il était plus sûr pour Chabert de rester à Picpus, plus ou moins incognito, en attendant des jours meilleurs, que d'être libéré en pleine lumière. Girard effaça donc toute trace de ses demandes de libération. Chabert est libéré le , quelques jours avant la chute de Robespierre[2]. Sa place de directeur des écoles vétérinaires est confirmée. Il enseigne la maréchalerie et la jurisprudence vétérinaire jusqu'en 1806. Il était aussi membre honoraire du Comité des haras, membre de la Société de médecine de Paris, et correspondant de l'Institut de France pour la classe des sciences[6]. Il fut nommé Chevalier de la Légion d'honneur par décret du . TravauxPhilibert Chabert écrivit de nombreux articles pour La Feuille du Cultivateur, les Mémoires de la Société royale d'Agriculture de Paris, ceux de la Société royale de Médecine, ainsi que dans le Journal d'agriculture et les Instructions vétérinaires. Il a donné d'utiles travaux sur les maladies des animaux (charbon, gale, dartre, morve, etc.). Ses nombreuses publications, et sa position dominante, lui confèrent une grande influence sur la médecine vétérinaire jusqu'au début du XIXe siècle. Ces écoles françaises sont les premières du genre, et de nombreux savants étrangers viennent les visiter pour s'en inspirer, notamment l'anglais Arthur Young ou l'allemand Karl Rudolphi. Les idées de Chabert se diffusent ainsi dans toute l'Europe[7]. En 1783, il ajoute quatre postes d'enseignement à l'école vétérinaire d'Alfort : deux en économie rurale, un en anatomie et un en chimie. Il refuse la venue de chirurgiens comme enseignants, craignant que cela ne détourne les étudiants de la médecine vétérinaire vers la chirurgie humaine. Selon Rudolphi : « Il me semble juste de dire que si Bourgelat a fondé les écoles vétérinaires, c'est Chabert qui a créé la science vétérinaire[8]. » A partir d'un savoir ancien hippiatrique, Chabert fait le lien avec la science de son temps, et surtout avec les préoccupations économiques. La nouvelle science vétérinaire a pour but la prospérité de l'élevage en évitant la perte des animaux. Chabert insiste sur la nécessité de mieux comprendre les maladies afin de mieux lutter contre elles[2]. Cependant Chabert lui-même, ancien maréchal-ferrant, n'avait pas de véritable formation académique. Il s'intéresse aux maladies parasitaires et publie beaucoup en fournissant données et observations utiles à une époque où l'on ignorait presque tout de l'origine des parasites, de leur cycle de vie et de leur rôle pathogène. Son apport strictement scientifique reste plutôt limité. Il découvre plusieurs parasites en les décrivant grossièrement, mais ces découvertes seront attribuées à ses élèves ou successeurs qui sauront les caractériser avec plus de précision. Il est moins imprécis dans ses études sur les ectoparasites[2]. Plusieurs ouvrages dans ces domaines ont été des classiques en leur temps et traduits en plusieurs langues (anglais, allemand, espagnol, italien) comme De la pourriture des bêtes à laine, Traité de la gale et des dartres des animaux, Traité des maladies vermineuses dans les animaux, publiés en 1782 et 1783. Il essaie les remèdes proposé à son époque, mais sans succès. Il invente alors une « huile empyreumatique » destinée à éliminer les vers parasites. Sa préparation est décrite dans son Traité des maladies vermineuses : « Au début, il faut distiller de la corne de pied de cheval ou de pied de bœuf jusqu'à l'obtention d'une huile noire, puis cette huile noire est de nouveau distillée et on y ajoute de la térébenthine[9]... » Dans la deuxième édition de son Traité (1787), il indique les résultats. Son remède élimine le ténia chez le chien et gastrophilus chez le cheval. Ce remède restera en usage jusqu'au milieu du XIXe siècle[2]. Son ouvrage le plus notable est son Traité du Charbon ou Anthrax dans les Animaux (1779), où il distingue les caractéristiques de la maladie selon les différentes espèces d'animaux domestiques, en insistant sur le plus grand risque pour l'homme de s'exposer à un animal charbonneux, plutôt qu'à un autre homme charbonneux. L'ouvrage fera aussi référence jusqu'au milieu du XIXe siècle[10]. Dans l'une des fermes de Maisons, Philibert Chabert entretenait le premier troupeau de moutons mérinos importés d'Espagne en France en 1786. Il joua un rôle déterminant dans l'acclimatation de cette race ovine[11]. En 1909, son nom a été donné à une espèce de ver nématode fréquemment retrouvé dans le gros intestin du mouton : Chabertia ovina. PublicationsPhilibert Chabert n'a jamais bien appris à écrire, et son orthographe était déplorable. Cela ne l'empêcha pas d'écrire de nombreux ouvrages, parfois en collaboration avec des collègues.
La plupart de ces textes ont été repris dans Instructions et Observations sur les maladies des animaux domestiques, etc., avec Flandrin et Huzard, Paris, 1812-1824, 6 vol. in-8º. Certains ont été traduits en allemand, en espagnol et en italien. Il a également participé au Supplément du cours d'agriculture de l'abbé Rozier. Bibliographie
Notes et références
Liens externes
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