La pavane est une danse de cour lente du XVIe siècle, dansée près du sol par des couples disposés en cortège[1].
Son nom évoque la ville de Padoue dont elle serait originaire ou, selon d'autres sources, elle dériverait de l’espagnolpavo real qui signifie « paon »[1] ou bien du verbe se pavaner car cette action se fait avec lenteur. Si la danse disparaît avec le XVIe siècle, la forme musicale subsiste jusque vers 1660. Associée à la saltarelle et surtout à la gaillarde, elle est décrite par Thoinot Arbeau dans son Orchésographie (1589) comme une danse binaire formée d'une longue et de deux brèves. Il y décrit la pavane Belle qui tiens ma vie et une Pavane d'Espagne qu'on danse « en marchant lentement en avant pour le premier passage », puis en reculant.
La pavane consiste en deux simples et un double en avant (marche), suivis des mêmes en arrière (démarche). On peut également continuer à avancer sur la deuxième partie, parcourant ainsi la salle en cortège de couples.
Les pavanes les plus marquantes du XVIe siècle sont celles de William Byrd. Elles sont suivies par une danse rapide, la gaillarde.
« Le Gentil-homme la peult dancer ayant la cappe & lespee: Et vous aultres vestuz de vos longues robes, marchants honnestement avec une gravité posee. Et les damoiselles avec une contenance humble, les yeulx baissez, regardans quelquesfois les assistans avec une pudeur virginale. Et quant à la pavane, elle sert aux Roys, Princes & Seigneurs graves, pour se monstrer en quelque jour de festin solemnel, avec leurs grands manteaux & robes de parade. Et lors les Roynes, Princesses, & Dames les accompaignent les grands queües de leurs robes abaissees & traisnans, quelquesfois portees par damoiselles. Et sont lesdites pavanes jouees par haulbois & saquebouttes qui l'appellent le grand bal, & la font durer jusques à ce que ceux qui dancent ayent circuit deux ou trois tours la salle si mieulx ils n'ayment la dancer par marches & desmarches. On se sert aussi desdictes pavanes quant on veult faire entrer en une mascarade chariotz triumphantz de dieux & deesses, Empereurs ou Roys plains de majesté. »
Paroles tirées de l'Orchésographie (1589) de Jehan Tabourot (1520–1595), dit Thoinot Arbeau. Ces paroles sont attribuées au roi François Ier, cette musique est à l'origine un choral religieux.
Belle qui tiens ma vie
Captive dans tes yeux,
Qui m’as l’âme ravie
D’un sourire gracieux,
Viens tôt me secourir
Ou me faudra mourir.
Pourquoi fuis-tu mignarde
Si je suis près de toi,
Quand tes yeux je regarde
Je me perds dedans moi
Car tes perfections
Changent mes actions.
Tes beautés et ta grâce
Et tes divins propos
Ont échauffé la glace
Qui me gelait les os,
Et ont rempli mon cœur
D’une amoureuse ardeur.
Mon âme soulait être
Libre de passions,
Mais amour s’est fait maître
De mes affections,
Et a mis sous sa loi
Et mon cœur et ma foi.
Approche donc ma belle
Approche-toi mon bien,
Ne me sois plus rebelle
Puisque mon cœur est tien
Pour mon mal apaiser,
Donne-moi un baiser.
Je meurs mon Angelette
Je meurs en te baisant,
Ta bouche tant doucette
Va mon bien ravissant
À ce coup mes esprits
Sont tous d’amour épris.
Plutôt on verra l’onde
Contre mont reculer
Et plutôt l’œil du monde
Cessera de brûler,
Que l’amour qui m’époint
Décroisse d’un seul point.
Notes et références
↑ a et bEugène de Montalembert et Claude Abromont, Guide des genres de la musique occidentale, Fayard-Lemoine, , 1309 p. (ISBN9782213634500), p. 960-963.