Né à Porto-Novo dans une famille Goun, il est l'élève de Paul Hazoumé et du père Francis Aupiais, Supérieur de la Mission de Porto-Novo[2].
En 1924, il est engagé par la firme SEDEC (filiale commerciale de Lever) au siège de Léopoldville – qui prendra le nom de Kinshasa en 1966 – et y reste plusieurs années, puis reçoit une bourse pour poursuivre ses études à Louvain (Belgique) où il obtient une licence ès lettres[3].
En 1949, il fonde à Bruxelles l'hebdomadaire L'Afrique et le Monde (plutôt favorable à Patrice Lumumba[5]), et publie quelques livres[2].
Paul Fabo est en particulier l'auteur d'une unique pièce de théâtre, Ombrages (1948), atypique dans le paysage littéraire du continent. Lui-même Noir africain, il met en scène un drame bourgeois situé dans le cadre somptueux d'un château en Belgique. Guy Ossito Midiohouan analyse cette œuvre « qu'aurait pu écrire un dramaturge blanc européen et qui connaîtrait un grand succès à Au Théâtre ce soir » et tente de comprendre les motivations d'un auteur « ne manifestant aucune conscience politique, aucun esprit critique ». Il y voit les effets de la colonisation : « faire du colonisé un homme qui mette toutes ses forces à ressembler à son maître, à se confondre avec son image, c'est-à-dire à se renier, à être étranger à soi-même », ce mimétisme recouvrant « l'amnésie et l'indifférence à soi ». Comme le dramaturge poursuit par ailleurs une ambition personnelle dans le monde des affaires, puis de la diplomatie, il semble clair, selon Midiohouan, qu'il cherche avant tout à « accéder à la bourgeoisie blanche qui exerçait sur lui une puissante fascination ». Son cas n'étant pas isolé, la pièce mérite l'attention car elle illustre un phénomène commun à toute une génération[6].
La référence du critique béninois au théâtre de boulevard pourrait s'avérer d'autant plus pertinente si l'on considère que Paul Fabo joua un petit rôle (Bamba) dans un film belge réalisé par Émile-Georges De Meyst l'année précédente, Le Cocu magnifique[7]. L'hypothèse du mimétisme s'en trouverait renforcée.
Avec l'indépendance du Dahomey, Paul Fabo est rappelé dans son pays et devient chargé d'affaires à la légation du Dahomey à Léopoldville (1961-1963), qui est érigée en ambassade le . Il y est alors nommé « délégué dans les fonctions d'ambassadeur, pour compter de et nommé ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire, à dater du [8] ». Il reste ambassadeur jusqu'en 1971[3].
Il se retire de la vie publique en 1973 et meurt à Cotonou la même année[2].
Notes et références
↑Annonce du décès dans Élima (Kinshasa), no 119, 11 décembre 1973
↑ ab et c(en) Mathurin C. Houngnikpo et Samuel Decalo, « Fabo, Paul (1906-1973) », in Historical Dictionary of Benin, The Scarecrow Press, Lanham, Toronto, Plymouth, 2013 (4e éd.), p. 161 (ISBN9780810871717)
↑ a et bAfrique contemporaine, Documentation française, 1973, p. 104
↑(en) Janheinz Jahn, Ulla Schild, Almut Nordmann Seiler, Who's who in African Literature: Biographies, Works, Commentaries, Horst Erdmann Verlag, 1972, p. 128 (ISBN9783771101534)
↑Jean Tshonda Omasombo, Jean Omasombo Tshonda, Benoît Verhaegen, Patrice Lumumba, acteur politique : de la prison aux portes du pouvoir, volume 2, L'Harmattan, 2005, p. 29
↑Décret no 85, in Journal officiel de la République du Dahomey, 1964, p. 474
Annexes
Bibliographie
(en) Mathurin C. Houngnikpo et Samuel Decalo, « Fabo, Paul (1906-1973) », in Historical Dictionary of Benin, The Scarecrow Press, Lanham, Toronto, Plymouth, 2013 (4e éd.), p. 161 (ISBN9780810871717)
Adrien Huannou, La Littérature béninoise de langue française : des origines à nos jours, Paris, 1984
(en) Janheinz Jahn, Ulla Schild, Almut Nordmann Seiler, Who's who in African Literature: Biographies, Works, Commentaries, Horst Erdmann Verlag, 1972, 406 p. (ISBN9783771101534)