Son père, conseiller au présidial de Caen, et qui lui destine sa charge, envoie Malouin étudier la jurisprudence à Paris. Mais le jeune préfère étudier la médecine et se fait recevoir docteur à Reims en 1724 et à Paris en 1730[2]. Il devient professeur de médecine au Collège de France et médecin ordinaire de la reine.
Malouin se fait une réputation d’homme instruit et laborieux, exerçant sa profession avec cœur et conscience, mais intraitable envers quiconque se permet de railler la médecine et les médecins[3]. Il est nommé membre de l’Académie des sciences en 1744[4] et professeur de chimie au Jardin du roi en 1745. Il devient membre de la Royal Society en 1753[5].
Aussi économe que désintéressé, il quitte Paris après deux ans d’une pratique lucrative, pour aller à Versailles, où il voit peu de malades ; je me suis, dit-il, « retiré à la cour ».
Antoine Parmentier ayant lu à l’Académie des sciences un nouveau traité de l’art du boulanger dans lequel il contredisait sur plusieurs points son vieux collègue, n’osait le regarder ; mais à peine sa lecture était-elle finie que Malouin vient lui dire : « Recevez mon compliment ; vous avez vu mieux que moi. »
Malouin s’était imposé un régime sévère ; il eut une vieillesse sans infirmité et mourut d’une attaque d’apoplexie. Il fit un legs à la faculté de médecine de Paris, à la condition de tenir tous les ans une assemblée publique pour rendre compte de ses travaux et de ses découvertes. Nommé professeur au Collège royal, en 1776, il occupa la chaire de médecine jusqu’à sa mort au mois de [6].
Contributions
La principale publication de Malouin est un Traité de chimie, contenant la manière de préparer les remedes qui sont le plus en usage dans la pratique de la médecine, paru en 1734 et dédié au comte de Maurepas. Le titre est précisé en 1750, « chimie médicinale », et 1755, « pharmacopée chimique ».
De 1746 à 1754[8] il écrit pour l'Académie la série Histoire des maladies épidémiques observées à Paris en même temps que les différentes températures de l’air. Les statistiques qu'il tient pour chaque mois sont : température, pression barométrique, direction du vent, quantité de pluie, maladies, nombre d'entrées et nombre total de malades à l'hôtel-Dieu, nombre de morts et de naissances (par sexe), nombre d'enfants abandonnés (par sexe), nombre de mariages. Pour lui, c'est l'air qui a un rôle déterminant : « Nous sommes continuellement dans l'air comme dans un bain, qui, soit qu'il soit sec, soit qu'il soit humide, contribue beaucoup à l'état de notre santé. » Il sait déjà, statistiques à l'appui, qu'il naît plus de garçons que de filles[9].
Pour la Description des Arts et Métiers de l’Académie des sciences, il écrit en 1767 une Description et détails des arts du meunier, du vermicelier et du boulenger, avec une histoire abrégée de la boulengerie et un dictionnaire de ces arts[10].
Il a présidé les jurys de soutenance, entre autres, de Joseph de Jussieu (1733)[11], César Coste, Joseph-Jacques Gardane et Louis-René Marteau.
Publications
Ouvrages
La Bibliothèque nationale de France donne une liste exhaustive[12].
(la) An sagou phthisicis prodest ?, 1729 — Thèse, soutenue devant Urbain Leaulté.
(la) An educendo calculo, caeteris anteferendus apparatus lateralis ?, Paris , 1730 — Thèse, soutenue devant Camille Falconet[13].
(la) An semper in inflammationibus revulsio ?, 1730 — Thèse, soutenue devant Jean-Baptiste Silva.
Traité de chimie, contenant la manière de préparer les remèdes qui sont le plus en usage dans la pratique de la médecine, Paris, Cavelier, 1734, in-12 — Ce traité a connu seize éditions[14].
Lettre en réponse à la critique du Traité de chimie, Paris, 1735, in-12.
Chimie médicinale : contenant la manière de préparer les remèdes les plus usités, et la méthode de les employer pour la guérison des maladies, 1750
« M. Malouin fait voir qu'on peut blanchir superficiellement le fer et le cuivre par une couche de zinc, comme on les blanchit ou qu'on les étame avec l'étain » (p. 45).
« Sur le zinc », dans Histoire de l'Académie royale des sciences [pour l'année 1743], 1746, p. 70
« Sur le zinc », dans Histoire de l'Académie royale des sciences [pour l'année 1744], 1748, p. 394
« Lettre de M. Morand en réponse à la critique d'un discours qu'il avoit prononcé aux Écoles de Chirurgie », dans Journal de médecine, de chirurgie et de pharmacie, XVIII–93[15].
On voit souvent une thèse Quaestio medica An ad sanitatem musici ? lui être attribuée. Comme le faisait déjà remarquer François-Joseph Fétis[16], cette publication est une thèse, soutenue devant Malouin, mais due à César Coste, d'Arles[17]. De même, la thèse de Joseph de Jussieu[11] lui est attribuée et il n'a que présidé le jury[18].
Notes et références
↑Il existe un autre Malouin, médecin de Caen également, mais un peu plus vieux (il est mort en 1718) ; il est l'auteur d'un Traité des corps solides, et des fluides du corps humain ; ou Examen du mouvement des liqueurs animales dans leurs vaisseaux et d'un Traité de l'usage des langues vivantes dans les sciences, particulièrement de la françoise en médecine ; ces deux traités ont été publiés en un seul volume en 1758. Dujardin-Sailly le mentionne (Liste alphabétique des auteurs morts jusqu'en 1805, 1805, p. 84), mais sans donner de prénom. John Lauris Blake (General Biographical Dictionary, 1853, p. 601) le mentionne aussi, disant qu'il est du même nom et de la même famille. L'auteur en question s'appellerait en effet Paul Jacques selon une fiche de worldcat, mais Charles selon une autre et une troisième.
↑L’Encyclopédie méthodique rapporte que Diderot se permit un jour, devant lui, quelques sarcasmes de cette espèce, qui blessèrent vivement Malouin. Quelque temps après, Diderot tombe dangereusement malade. Malouin en est informé et apprend en même temps la nature du traitement qu’on lui fait suivre ; il court chez le malade : « Vous êtes en danger, lui dit-il, on vous traite mal ; me voici, je vous hais, je vous soignerai, je vous guérirai, et je ne vous verrai de ma vie » ; parole tenue sur tous les points. Quant à Diderot, il prend pendant trois ans, avec un courage à toute épreuve et une parfaite exactitude, tous les remèdes qui lui sont prescrits. Alors qu’il vante, après sa guérison, devant son médecin, la constance avec laquelle il avait exécuté les ordonnances, Malouin l’interrompt tout à coup et l’embrasse avec transport, en lui disant : « Vous êtes digne d’être malade », vol. 147, Paris, Panckoucke, 1808.
↑Sa fortune est alors évaluée à 132 775 livres, 110 000 sous la forme d’obligations d’État et 18 500 investis dans la Compagnie des Indes. Ses biens personnels sont évalués à 3 275 livres : (en) David J. Sturdy, Science and social status : the members of the Académie des sciences, 1666-1750, Woodbridge, Boydell & Brewer, , 461 p. (ISBN978-0-85115-395-7, lire en ligne), p. 402.
↑Malouin a l'antériorité de la découverte. L'histoire du procédé, quant à elle, doit tenir compte des rôles de Luigi Galvani et de Stanislas Sorel. Ainsi lit-on dans les procès-verbaux de la chambre française des représentants au corps législatif : « Le zingage du fer est connu depuis Malouin, mais on ne l'employait pas parce que l'on pensait que le fer n'était préservé de la rouille que sur la partie couverte de zinc. M. Sorel a démontré que le fer était préservé de la rouille sur toutes les parties, par le seul fait de la galvanisation qui résulte de la juxtaposition des deux métaux. » ().
↑(en) James E. McClellan, Specialist control : the publications committee of the Académie Royale, Philadelphie, American Philosophical Society, , 134 p. (ISBN978-0-87169-933-6), p. 62–63.
↑« En Europe, communément il vient au monde plus de garçons que de filles. » (1749, p. 141).
↑Édité sous le titre Descriptions des arts et métiers, par Desaint & Saillant, Paris, 1767. Réédition : Slatkine, Genève, 1984. Partiellement réédité sous le titre L’Art de la boulengerie ou description de toutes les méthodes de pétrir, pour fabriquer les différentes sortes de pastes et de pains. Avec l’explication de leur nature ; & la police, pour la qualité, pour le poids, & pour le prix de cet aliment, le plus commun ou le plus vil, quoique le plus précieux de tous les mets, Saillant & Noyon, Paris, 1779.
↑Journal de médecine, de chirurgie et de pharmacie, , 392 p. (lire en ligne), p. 16.
↑« Malouin », dans Biographie universelle des musiciens, 2e éd., t. 5, 1878, p. 421. On trouve « medice » et « medici ».
↑Notice FRBNF36868774 de la BnF. L'erreur d'attribution est fréquente, au point qu'on peut se demander si Malouin a repris ce titre lui-même ; cela semble peu probable.
↑Ces erreurs viennent de ce que le nom du président du jury apparaissait en première page, et celui du candidat à la dernière, en petits caractères.
Annexes
Bibliographie
Nicolas de Condorcet, Éloge de M. Malouin, dans Histoire de l'Académie royale des sciences - Année 1778, Imprimerie royale, 1781, p. 57-65(lire en ligne).
Amédée Dechambre, Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales, Paris, 1871, 2e série, vol. IV.
Ferdinand Hoefer, Nouvelle biographie générale, t. 33, Paris, Firmin-Didot, 1860, p. 96.