Paul-André Lobstein commence ses études en 1941 à l'université de Strasbourg à Strasbourg puis à Clermont-Ferrand où elle repliée pendant l'occupation[1]. En , il s'engage dans l'Armée secrète de la région de Clermont-Ferrand sous les ordres de son camarade d'études Paul Robert Gandar[2],[3].
Seconde Guerre mondiale et Résistance
Arrestation
L'après-midi du , deux agents de la SD-SiPo ont été abattus au domicile du professeur au lycée Blaise-Pascal, Jean-Michel Flandin, rue Haute Saint André, Clermont-Ferrand. Flandin, chef régional des Mouvements unis de la Résistance (MUR), n'était pas présent[4].Le lendemain, à 1h30, des agents de la SD-SiPo ont encerclé la résidence Gallia, Foyer de l`Université de Strasbourg. Ils ont arrêté 39 étudiants alsaciens et lorrains, dont l'étudiant en médecine Lobstein[5],[6] et Paul Robert Gandar. Il a été emmené avec ses compagnons à la caserne du 92e régiment d'infanterie, où ils ont été divisés en deux groupes l'après-midi, les aryens et les juifs [7]. Le lendemain (26 juin), ils ont été transportés à la prison de La Mal Coiffée à Moulins. 18 juillet les Juifs sont transférés au Camp de Drancy, les « Aryens » au camp de Compiègne.
Compiègne et Buchenwald
Au camp de Compiègne « à part quelques corvées, on ne travaille pas. Les coups sont plus rares qu'en prison. Les livres de la Croix-Rouge
et les paquets sont autorisés », comme l'a décrit son camarade Paul Hagenmuller. La nutrition serait suffisante. « Mais, je tiens à le souligner, c'est en pleine force physique et intellectuelle que les premiers étudiants de l'Université vont partir pour Buchenwald et ses kommandos. Cela n'en rend que plus significative la proportion tragique des morts survenues dans la suite »[8].
Lobstein était l'un des 933 hommes déportés au camp de concentration de Buchenwald par le convoi du [9]. Il est arrivée au KZ Buchenwald le et attribué au Block 26 et reçoit le numéro d'enregistrement 31307[10].
Camp de Dora
Le , Lobstein est transféré au Camp de concentration de Dora, où il est affecté à l'infirmerie (Revier) en Block 39A en tant qu'infirmier. Il y est devenu un témoin important sur les conditions de traitement des détenus atteints de tuberculose en Dora [11],[12]. « Situé à l'écart des autres baraques, en dehors du rythme ordinaire de la vie du camp, le Revier de Dora offrait aux malades et aux médecins un asile provisoire contre l'impitoyable brutalité de l'univers concentrationnaire »[13],[14]. Dans le cadre de ses activités, il a été témoin de la mort de la TBC de Claude Thomas[15],[16],[17], professeur à la Faculté de Droit de Strasbourg, et l'étudiant dès Sciences belge Marcel Lejeune[18],[19]. Lobstein a également pu témoigner que le strasbourgeois Alphonse Emile Heckly[20] avait été victime d'une sélection meurtrière[21],[22],[23].
Camp de Ravensbrück , Camp satellite de Malchow et Marche de la mort
Lobstein a participé au dernier transport ferroviaire de Dora, qui a quitté le camp le avec 4000 prisonniers à destination du Camp de concentration d'Oranienbourg-Sachsenhausen[24]. Le voyage s'est terminé à Osterode, à 40 kilomètres de là. 416 prisonniers trop faibles pour continuer à marcher, les SS les enfermèrent dans un wagon qui a été abandonné sur place. Après une marche de 40 kilomètres, ils furent chargés dans un train à Oker (près de Goslar) et dirigés ver Sachsenhausen, au nord de Berlin. Comme la direction du camp refusait d'accueillir les détenus, les SS les emmenèrent au «Jugendschutzlager» du camp de concentration de Ravensbrück, où le transport est arrivé après dix jours d'un voyage meurtrier. Les détenus devaient creuser des tranchées antichars dans les forêts environnantes afin d'empêcher l'avancée de l'armée soviétique.
Le , les SS ont également fait évacuer ce camp. Ils ont forcé les détenus à se rendre au Camp satellite de Malchow (Mecklembourg). De la une Marche de la mort en direction de Schwerin a été lancée. A partir de Malchow, les colonnes de détenus, qui se dispersaient de plus en plus et se divisaient en petits groupes, n'avaient apparemment plus de destination fixe. Les membres du Volkssturm et les SS qui surveillaient les détenus ont pris la fuite et se sont cachés sous des vêtements civils. Le , les survivants qui avaient quitté le camp de concentration de Mittelbau Dora près d'un mois ont été libérés par l'Armée rouge dans la région de Parchim[25]. Le , il s'est présenté au centre de rapatriement de Lille[26].
Après la guerre
Après la guerre, il a épousé Yvonne Lobstein ( * 1926, née Henry) le , qui étudiait dans la même université et qui avait été libérée après avoir été arrêtée lors de la rafle de [27]. Tous deux ont exercé la profession d'ophtalmologue à Strasbourg. En 1953, il est liquidateur du groupe « Jean Cavaillès », l'« Association des déportés politiques et déportés résistants de l'Université de Strasbourg ». Il a reçu une pension d'invalidité de 100 % et 50 % supplémentaires pour les maladies consécutives à la déportation.
↑Laurent Thiery et Lionel Roux, Le Livre des 9000 Déportés de France à la Mittelbau–Dora : Lobstein, Paul–André, Paris, Cherche Midi, , 2.414 (ISBN978-2-7491-6473-1), p. 1428-1429
↑Laurent Thiery. et Lionel Roux, Le Livre des 9000 Déportés de France à la Mittelbau–Dora : Gandar, Robert, Paris, Cherche Midi, , 2.414 (ISBN978-2-7491-6473-1), p. 907
↑« Robert GANDAR », sur Musée de la Résistance en Ligne, Fondation de la Résistance (Département AERI) - 2010- 2024 (consulté le )
↑(de) Sebastian Hammer, Maelle Lepitre, Témoignages strasbourgois. Berichte französischer Überlebender der Konzentrationslager Buchenwald und Mittelbau-Dora, Göttingen, Anett Dremel, Michael Löffelsender, Jens Christian Wagner, coll. « Buchenwald und Mittelbau-Dora » (no 1), , 390 p. (ISBN978-3-8353-5771-6), p. 387
↑Paul Hagenmuller, Témoignages strasbourgeois : de l'université aux camps de concentration (4e éd., Reprod. en fac-sim.) : La Rafle du 25 Juin 1943 à la Gallia, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, , 598 p. (lire en ligne), p. 1-2
↑Paul Hagenmuller, Témoignages strasbourgeois : de l'université aux camps de concentration (4e éd., Reprod. en fac-sim.) : La Rafle du 25 Juin 1943 à la Gallia, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, , 598 p. (lire en ligne), p. 4
↑André Sellier, « CONVOI du 28 OCTOBRE 1943. COMPIEGNE - BUCHENWALD », sur Fondation pour la Mémoire de la Déportation, (consulté le ) : « LIVRE-MEMORIAL des déportés de France arrêtés par mesure de répression et dans certains cas par mesure de persécution. 1940-1945 »
↑Paul André Lobstein, Témoignages strasbourgeois : de l'université aux camps de concentration (4e éd., Reprod. en fac-sim.) : Le Block 39 A du Revier de Dora, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, , 598 p. (lire en ligne), p. 1
↑(de) Paul André Lobstein, Témoignages strasbourgois. Berichte französischer Überlebender der Konzentrationslager Buchenwald und Mittelbau-Dora : Block 39A im Revier von Dora, Göttingen, Anett Dremel, Michael Löffelsender, Jens Christian Wagner, coll. « Buchenwald und Mittelbau Dora. Berichte und Dokumente » (no 1), , 389 p. (ISBN978-3-8353-5771-6), p. 268
↑Laurent Thiery et André Janson, Le Livre des 9000 Déportés de France à la Mittelbau–Dora : Thomas, Claude, Paris, Cherche Midi, , 2.414 (ISBN978-2-7491-6473-1), p. 2188
↑Laurent Thiéry, Le livre des 9000 déportés de France à Mittelbau-Dora, le Cherche midi, (ISBN978-2-7491-6473-1), p. 1428-1429
↑Laurent Thiery et Lionel Roux, Le Livre des 9000 Déportés de France à la Mittelbau–Dora : Heckly, Alphonse, Paris, Cherche Midi, , 2.414 (ISBN978-2-7491-6473-1), p. 1097
↑Paul André Lobstein, Témoignages strasbourgeois : de l'université aux camps de concentration (4e éd., Reprod. en fac-sim.) : Le Block 39 A du Revier de Dora, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, , 598 p. (lire en ligne), p. 235-236
↑Laurent Thiery et Lionel Roux, Le Livre des 9000 Déportés de France à la Mittelbau–Dora : Lobstein, Paul–André, Paris, Cherche Midi, , 2.414 (ISBN978-2-7491-6473-1), p. 1429
↑Base des déportés-résistants, « Paul André Lobstein », sur www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le )
Voir aussi
Bibliographie
Lionel Roux, « Lobstein Paul-André », dans Laurent Thiery, Le livre des 9000 déportés de France à Mittelbau-Dora, Cherche midi, , 2415 p. (ISBN978-2-7491-6473-1), p. 1428-1429.