Opération NorthwoodsL'opération Northwoods est un projet d'opérations militaires clandestines sous fausse bannière destinées à manipuler l'opinion publique. Il s'agissait de simuler divers types d'attaques de la part du régime de Cuba, pour ensuite accuser les Cubains et envahir leur pays. Conçu par des chefs de l'état-major américain de leur propre initiative, ce projet d'opération fut proposé à l'exécutif américain en 1962 (administration Kennedy), qui le rejeta. Il ne fut jamais mis à exécution. L'opération consistait, dans le contexte de la guerre froide, en l'organisation d'une série d'actions d'intoxications pour justifier aux yeux de l'opinion américaine une intervention militaire contre Cuba et obtenir l'appui diplomatique, voire militaire, des nations occidentales, du Royaume-Uni en particulier[1]. La commission d'attentats sur des cibles situées aux États-Unis, par les forces armées américaines elles-mêmes, de manière à en imputer la responsabilité au régime cubain, était envisagée. Contexte : l'hostilité anti-castristeL'opération Northwoods est élaborée dans le contexte de la guerre froide. De 1959 à 1961, deux événements majeurs contrarient la puissance américaine :
Ces deux échecs de la politique extérieure américaine dans un intervalle de temps réduit conduisent de nombreux responsables politiques et militaires à accuser le président Kennedy, qui n'est pourtant entré en fonctions que le , de passivité et d'incapacité à gérer la crise. La mise au point du planPeu après ces deux événements, Kennedy met en place un « Groupe spécial élargi »[réf. souhaitée] chargé de concevoir et d'organiser la lutte anti-castriste. Il est composé de :
Le général Lemnitzer, spécialiste des actions secrètes, et le général Lauris Norstad, commandant des forces américaines en Europe, protestent contre la « passivité » du président et tiennent la CIA pour responsable du fiasco cubain. Ils imaginent alors un stratagème capable de forcer la main au président Kennedy et de le contraindre à une intervention armée à Cuba. Ils décident alors de présenter le plan, œuvre du général de brigade William H. Craig, intitulé « Northwoods », au Groupe spécial élargi. Le contenu du planLe plan conçu par Craig consistait à faire subir des dommages aux biens et personnels américains civil et/ou militaire, suffisamment importants pour susciter une forte indignation dirigée contre Fidel Castro et son régime. Ainsi, il était prévu[3] de :
Il était par ailleurs envisagé[4] de :
En plus de ces projets, le ministère de la Défense avança plusieurs idées d'opérations, telle l'opération « Coup vicieux », partie d'un ensemble de projets baptisé « opération Mongoose »[7], qui envisageait un possible accident du vol Mercury devant envoyer dans l'espace John Glenn et prévoyait d'en rendre les Cubains responsables à l'aide de preuves préfabriquées établissant des interférences électroniques. Conscient de la difficulté dans un État démocratique comme les États-Unis de maintenir le secret de telles opérations, l'état-major interarmes insistait sur la nécessité de limiter la participation aux personnes de totale confiance[8][réf. incomplète]. Le refus de KennedyLe , le plan est présenté au Groupe spécial élargi, siégeant au Pentagone, par le général Lemnitzer en personne[9]. Malgré les menaces proférées par ce dernier[réf. nécessaire], Robert McNamara rejette le projet dans sa totalité. Le président Kennedy refuse également d'autoriser la mise en œuvre du projet. Il perçoit le général Lemnitzer comme un anti-communiste hystérique, soutenu par le complexe militaro-industriel[réf. nécessaire]. Il tient ferme la ligne définie par son prédécesseur, lequel avait mis en garde Kennedy lors de son discours de fin de mandat :
— Dwight Eisenhower, Farewell adress, 17 janvier 1961 Des comptes rendus de réunion de haut niveau du 1962 montrent un rejet net de la part du président[10]. Suivent six mois de relations hostiles entre l'état-major interarmes et l'administration Kennedy. Lemnitzer est finalement remplacé par Kennedy en et nommé à l'OTAN en remplacement de Norstad[11]. Avant de rejoindre son nouveau poste, il donne l'ordre de détruire toute trace du projet. Robert Mcnamara, qui conserve son exemplaire en ses archives, a pu préserver une connaissance documentée de ce projet. La déclassificationLe document central, « Justifications pour une intervention militaire à Cuba », est un ensemble de mémos classés top secret rédigés par des représentants du département de la Défense des États-Unis et par le chef d'état-major interarmes, membres de l'équipe d'étude des Caraïbes[12]. Il a été déclassifié le par le John F. Kennedy Assassination Records Review Board[13], chargé de les mettre à disposition du public, comme d'autres documents militaires inclus dans ce dossier et jusqu'alors tenus secrets. Le document contenant les propositions d'actes terroristes, « Annexe à l'appendice du document joint A », ainsi que l'appendice lui-même, a été publié sur Internet le par le National Security Archive[14]. L'ensemble des documents relatifs à cette opération était disponible le . Notes et références
Voir aussiBibliographie
Articles connexesLiens externes
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