Cinq ans plus tard, en 1783, son protecteur le confie aux bons soins du cardinal de Bernis, ambassadeur de Louis XVI auprès de Pie VI. Parti pour l’Italie avec l’intention d’y passer six mois, le jeune peintre parcourt Rome et les environs, peignant, dessinant, découvrant les grands maitres dans les églises et les musées. Il commence à se concentrer sur la peinture de paysage et, dès lors, passe ses étés à voyager et à peindre dans la campagne italienne, produisant des centaines de peintures. Il ne songe désormais plus à quitter l’Italie où il vivra jusqu’à sa mort[3].
« Il est aussi intéressant à étudier comme peintre que comme graveur. Dans le premier genre, il fut surtout un paysagiste. Ce n’est pas sans raison qu’on en a fait un disciple de Poussin et du Lorrain. Ses tableaux se font remarquer par un velouté extrême, une grande richesse de coloris, et une réelle noblesse de composition. Il excelle en la peinture des arbres[4]. »
Vers la fin du XVIIIe siècle, plusieurs aristocrates européens lui passent des commandes de paysages italiens[n 1]. C’est ainsi qu’il produisit, en 1795, pour le comte-évêque de Bristol, une Vue du lac d’Albano[n 2]. Il envoie de Rome plusieurs tableaux aux Salons de Paris[4]. Il débute en 1800 avec une Vue du Lac de Ménin. Principalement connu pour ses paysages extérieurs, Boguet représente néanmoins également des personnes. On lui doit d’excellents tableaux de batailles, notamment ceux qu’il exécute, sur l’ordre de Napoléon auquel, ayant été présenté en 1796, ce dernier l’a incité à produire des illustrations de ses campagnes dans la péninsule italienne. Un résultat notable de ce travail est la bataille de Castiglione : La bataille de Rivoli et Le Passage du Pô, à Plaisance. Dans ces toiles encore, il se révèle habile paysagiste par le soin spécial apporté dans la peinture du décor. Quelques biographes, notamment Nagler, ont reproché à Boguet d’être trop affecté et d’avoir trop servilement copié Gaspard Poussin[4].
À Rome, Broguet se lie d’amitié avec le peintre Guillaume Bodinier[6], qui y séjourne de 1822 à 1841. Il a également un ami très proche en la personne de Marius Granet qui séjourne, quant à lui à Rome de 1802 à 1824[7].
À sa mort le à Rome, il est inhumé dans l’église Saint-Louis-des-Français, où son fils unique, Didier, élève, à sa mémoire, un monument sculpté par P. Lemoyne, en 1840[8]. Il avait épousé une Française de Rome, morte en 1805 après six ans de mariage, lui laissant un fils, Nicolas-Didier, né à Rome en 1802, futur élève de son père. Il avait également un frère, Louis, sculpteur, mort à Rome et enterré à Saint-Louis-des-Français, comme lui[9].
↑Gustave Macon, Les Arts dans la maison de Condé, Paris, Librairie de l’art ancien et moderne, , 156 p., in-4°, p. 106.
↑ ab et cGazette des beaux-arts : courrier européen de l’art et de la curiosité, Paris, J. Claye, , 587 p. (OCLC806831094, lire en ligne), p. 392 et suiv..
↑Il y sera surnommé « Didino ». Voir Isabelle Néto, Granet et son entourage : correspondance, Nogent-le-Roi, Jacques Laget, , 417 p., 27 cm (ISBN978-2-85497-051-7, OCLC489902877, lire en ligne), p. 285.
↑ a et bÉmile Bellier de La Chavignerie, Dictionnaire général des artistes de l'école française : depuis l'origine des arts du dessin jusqu'à nos jours, architectes, peintres, sculpteurs, graveurs et lithographes, t. 1, Paris, Renouard, , 1027 p. (lire en ligne), p. 106.
↑Revue de l’Anjou, Paris, Cosnier et Lachèse, (lire en ligne).
↑Anatole de Montaiglon, Archives de l’art français : recueil de documents inédits relatifs à l'histoire des arts en France, t. 5, Paris, J.-B. Dumoulin, , 385 p. (lire en ligne), p. 33.
↑Louis Dussieux, Les Artistes français à l’étranger, Paris, Jacques Lecoffre et Cie, , 3e éd., 643 p., in-8° (lire en ligne sur Gallica), p. 499.
↑(it) Accademia nazionale di San Luca, « Nicolaus Desiderius Boguet », sur accademiasanluca.eu (consulté le ).
↑(it) Giulia Fusconi, I paesaggi di Nicolas-Didier Boguet e i luoghi tibulliani : dalle collezioni del Gabinetto Nazionale delle Stampe, Rome, De Luca, , 116 p., 21 cm (lire en ligne), p. 33.
Annexes
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Marie-Madeleine Aubrun, « Nicolas-Didier Boguet (1755-1839) : un émule du Lorrain », Gazette des Beaux-Arts, vol. 83, , p. 319-336.
Marie-Madeleine Aubrun, « La Tradition du paysage historique et le paysage naturaliste dans la première moitié du XIXe siècle français », L’Information d’histoire de l’art, no 13, , p. 63-74.
Émile Bellier de La Chavignerie, Dictionnaire général des artistes de l'école française : depuis l'origine des arts du dessin jusqu'à nos jours, architectes, peintres, sculpteurs, graveurs et lithographes, t. 1, Paris, Renouard, , 1027 p. (lire en ligne), p. 106.
Didier Boguet, Essai biographique sur la vie de Nicolas Didier Boguet paysagiste français : suivi d’une notice sur ses principaux ouvrages, Rome, s.n., , 46 p., 16 cm (OCLC908544612).
Louis Dussieux, Les Artistes français à l’étranger, Paris, Jacques Lecoffre et Cie, , 3e éd., 643 p., in-8° (lire en ligne sur Gallica), p. 499.
(it) Andreina Fasano, « Granet e Boguet : dialoghi estivi a Frascati », Quaderni delle Scuderie Aldobrandini per l'Arte, no 5, , p. 101-108.
Luciana Frapiselli, « Nicolas-Didier Boguet e Roma », Strenna dei Romanisti, no 64, , p. 337-346.
(it) Giulia Fusconi, I paesaggi di Nicolas-Didier Boguet e i luoghi tibulliani : dalle collezioni del Gabinetto Nazionale delle Stampe, Rome, De Luca, , 116 p., 21 cm (lire en ligne), p. 33.
Giulia Fusconi, « Nicolas-Didier Boguet : « le doyen des peintres français à Rome » », Corot, un artiste et son temps, , p. 499-525.
(en) Clare Hornsby, Nicolas-Didier Boguet (1755-1839) : landscapes of suburban Rome, Rome, Artemide Edizioni, , 233 p., 29 x 32 cm (ISBN978-88-86291-72-9, OCLC845545895).
Patrick Le Nouëne, « L’Amitié entre deux peintres : Nicolas-Didier Boguet et Guillaume Bodinier », La revue des musées de France, vol. 60, no 4, , p. 61-70.
Paul Marmottan, « Le Paysagiste Nicolas-Didier Boguet (1755-1839) », Gazette des Beaux-Arts, , p. 15-34.
Anatole de Montaiglon, Archives de l’art français : recueil de documents inédits relatifs à l'histoire des arts en France, t. 5, Paris, J.-B. Dumoulin, , 385 p. (lire en ligne), p. 33.