Issu d'une famille nombreuse de la moyenne bourgeoisie, Mrinal Sen grandit dans un contexte d'engagement dans la lutte nationaliste anti-coloniale britannique, et au sein d'un milieu éclairé. En effet sa famille rejette le système des castes et dénonce l'obscurantisme religieux[2].
En 1948, Sen rejoint l'IPTA (Indian People's Theatre Association) qui est l'organisation culturelle militante d'avant-garde affiliée au Parti communiste d'Inde et qui exerce une influence majeure sur le théâtre et le cinéma des années 1940-1950[2]. Ses premiers films en seront marqués, empruntant le chemin de l'agitation politique, voire de la propagande (agit-prop). Son discours politique s'affinera, devenant plus personnel avec la maturité. Le premier combat qu'il mène est celui contre la misère et la famine : critiquant « les bonnes intentions » de l'humanisme bourgeois tagorien, Sen refuse de montrer une « pauvreté digne ». Car, pour lui, la peinture d'une « pauvreté digne » ne dérangera jamais la bonne conscience de l'establishment. Il ne pense pas pour autant que la simple description réaliste soit une solution positive. Il estime que « puisque la pauvreté, la sécheresse, les famines et l'injustice sociale sont des faits dominants de mon époque, mon travail en tant que réalisateur est d'en comprendre les raisons... (ce qui implique) un engagement politique et social. »[3]